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24. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Concevoir une extravagance, et la faire adopter, c’est depuis quelques années une opération parfaitement synonime ; mais de toutes celles qu’on a proposées depuis qu’il y a des hommes qui déraisonnent, et depuis qu’il y a parmi les hommes ce qu’on appelle idée de mœurs et de décence publique ; je puis assurer que rien n’égale la promptitude, l’enthousiasme, je dis trop peu, la fureur avec laquelle on s’est emparé de la creuse et fatale invention qui dévoue la jeunesse au théâtre. […] C’est dans les mœurs, dans une éducation dure et sévère, dans une conscience pure et ferme, que germe la valeur et le courage7 ; le meilleur Chrétien, disoit le grand Gustave, est toujours le meilleur soldat ; et le plus mauvais de tous sera toujours celui qui, élevé dans le mépris de tous les devoirs religieux, moraux et civils, a cédé durant la flexibilité des premières années au sentiment des plaisirs sensuels, qui a dû s’en pénétrer, s’en nourrir pour en rendre l’expression avec vérité. […] On verroit des milliers de citoyens détruits par la chute subite des édifices consacrés au mimisme, ou enveloppés dans les flammes qui les consument, ou massacrés dans les querelles meurtrières qui les désolent : point d’années, point de mois dans l’année qui ne soient marqués par quelque catastrophe de ce genre. […] Sans rappeler ces deux scènes épouvantables (de Fidenes et d’Amsterdam) ; voyons ce qui s’est passé au su de tout le monde dans ces dernières années. […] Nos jeunes seigneurs ont établi des jeux de barre et des courses à pied dans les Champs élysées, promenade charmante, vaste et replantée depuis quelques années, à l’extrémité de la ville près du jardin des Tuileries.

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