Dans la guerre de la succession d’Autriche, après la mort de Charles VI, où presque toute l’Europe étoit en feu, le Roi de Prusse, ce Roi philosophe, qui malgré sa philosophie, deux fois ami & ennemi des deux parties, allié & combattant pour & contre selon ses intérêts, s’étoit emparé de la Saxe, & l’avoit ravagée, avoit chassé l’Electeur, son ami, Roi de Pologne, pris à Pyrna son armée prisonniere de guerre, assiegea Dresde la capitale, & la prit ; il y entra en vainqueur, se rendit au palais, & va rendre à deux Princes, & à trois Princesses, enfans du Roi de Pologne, qui y étoient restés, une visite dont ils se seroient bien passés. […] Cir n’étoit rien moins que Jesuitesse, sa famille, sa communauté, ses éleves, ses amis ne le furent point ; elle pria Racine son ami, devenu dévot, qui avoit quitté le théatre pour le Jansenisme, & la Cour, & qui alors se rapprochoit de la morale relachée, que Port-Royal condamnoit, & l’approchoit par conséquent des Jésuites, qui ont commis tous les péchés du monde : elle pria Racine de faire une tragédie sur un sujet tiré de la Bible, qui pût être représentée par ses éleves ; il travailla, dit-on, malgré lui, il fit Esther, cette piéce d’abord jouée à St.