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195. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

ne trouva point de plus puissant remède pour chasser son Démon, que le luth : Ce pauvre Prince faisait compassion à tous ses amis ; car dans toutes les réjouissances de sa bonne fortune qui l’avait fait Roi, il était tourmenté d’un esprit malin qui le rendait de si mauvaise humeur qu’il devenait furieux, et sa furie le portait souvent jusqu’à la cruauté : il faisait aussi dangereux de se trouver devant lui pendant son accès que devant un lutin : il eût aussitôt tué son ami que son ennemi : Les fumées de sa rate qui lui montaient au cerveau, lui démontaient tellement la raison qu’il faisait armes de tout ce qu’il rencontrait pour se défaire de tous ceux qui étaient près de lui. […] Personne ne s’y trouve qui n’y recueille dans son sein les principes de sa damnation : quel divertissement où chacune donne la mort à son ami, et plus l’amour est grand, plus le coup est assuré. […] Certainement il ne vit jamais plus clair aux choses de son salut, que depuis qu’il est aveugle : Toutes ses pensées vont à reconnaître la miséricorde de Dieu en son endroit, et à détourner ses amis du mauvais pas, d’où il est échappé. […] Ce Prince qui avait été travaillé d’une assez longue infirmité d’esprit, ayant quelque commencement de santé en voulut donner la joie au public de l'avis de ses meilleurs amis, y pouvait-il avoir une intention plus légitime ? […] Ceux qui en usent montrent qu’ils sont amis du vice, mais qu’ils en craignent le déshonneur.

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