Ce ne sont pourtant pas là les beautés dont je voudrais qu’on fit usage sur la Scène ; elles seraient admirables dans un Roman : quant au Théâtre de la Réforme, il n’adopterait jamais une passion d’amour telle que celle de Chimène et de Rodrigue ; et ne permettrait pas à un Amant de tuer le père de sa Maîtresse, ni à la Maîtresse d’épouser ensuite son Amant : outre que ce sont là des objets qui, selon moi, ne devraient jamais être présentés aux Spectateurs ; les chemins par où l’on passe, pour arriver à ces excès, avec tant de Scènes de tendresse, ne sont propres qu’à corrompre le cœur humain ; et, quant à moi, je ne l’admettrais point, quelque correction qu’on pût y faire. […] Cette Princesse exige de ces deux Amants, tous deux enfans de Cléopâtre, de tuer leur mère, et elle engage sa main et sa foi à celui des deux qui lui obéïra. […] La fermeté et la vertu de la Duchesse (qui a horreur d’un tel Amant) produisent dans Ladislas le changement qui le réduit à la demander pour épouse. Cassandre qui craint de se lier avec un homme dont les passions sont si vives, l’ayant détesté comme Amant, le refuse comme mari. […] De l’autre côte Roxane, qui aime Bajazet, quoi qu’elle soit Sultane favorite du Grand Seigneur, ne travaille à faire monter son Amant sur le Trône, qu’à condition qu’il l’épousera.