Qu’on peut faire de fort belles Tragédies sans amour ; je parle de l’amour tendre et passionné des Amants. […] n’y avait-il point d’Amantes et d’Amants du temps d’Euripide et de Sophocle ? […] Ayant à faire voir en cette Pièce un amant qui se tue pour ne pas survivre à celle qu’il aime : il n’aurait rien épargné pour mettre en leur jour tous les emportements qui accompagnent une mort comme celle-là : Bien loin de s’étudier à ne faire jamais paraître ensemble ces deux Amants, il aurait ménagé entre eux quelque Scène semblable à celles que l’on souhaite si fort aujourd’hui. […] La vertu même de ces Amants fidèles sert à corrompre davantage les espritsi. […] La fin d’une Tragédie est d’exciter la pitié et la crainte ; est-il nécessaire pour me faire craindre, qu’un homme ait de l’amour, et ne peut-on avoir pitié que d’un Amant malheureux ?