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76. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Il est inutile de pousser plus loin ce détail de tout ce que le libertinage des écrivains a fait rapporter, ajouter, changer à ces avantures galantes, qui n’ont rien que de fort ordinaire ; tous ces ouvrages, d’ailleurs mal écrits, n’en valent pas la peine. […] Le Gazettier prétend que les Jésuites donnoient des comédies dans ce Seminaire, & que le carnaval dernier ils firent jouer le Malade imaginaire de Moliere ; il ajoute que dans ce même tems de carnaval où selon leur usage ils avoient dans leur Eglise des Oratorio, c’est-à-dire, l’Oraison de quarante heures, ils faisoient jouer, dans la même Eglise, une tragédie sainte, Daniel dans la fosse aux lions, d’où il sortit sain & sauve, à la honte de la calomnie, qui l’y avoit fait jouer. […] Nous sommes bien éloignés d’approuver les réprésentations des piéces de théatre, que les Jésuites faisoient dans leurs colléges ; nous nous sommes assez expliqués la dessus, mais nous ne saurions approuver les calomnies & la malignité que l’on ajoute à des faits qui sont vrais & répréhensibles. […] La scéne exagere tout, grossit les traits, ajoute des circonstances, pour plaire, pour faire rire : elle ne peut s’endispenser ; la vérité toute nue n’a aucune agrément, il faut nécessairement l’embellir, ou plutôt désigner tout. […] Dans le siécle passé, où le hochet des actrices n’étoit pas encore devenu un sceptre, on en eût badiné, cette imagination burlesque eût fait rire, elle eût été prise pour une scéne à ajouter aux Plaideurs de Racine, ou à la Femme juge & partie, de Montfleuri.

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