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76. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Le goût de la Cour se repandit dans les provinces : de-là cette multitude d’exécutions de sorciers, que le zèle peu éclairé des Magistrats se crut obligé de faire, qui ne servit qu’à donner un air de réalité à ces folies, que la sagesse a fait évanouir, en les méprisant. […] On a cru voir un air de bon mot & de gentillesse, dans ce jeu de dernier & l’avant dernier, un air de galante le dans la comparaison de sa maîtresse avec Dieu. […] Olivier Cromwel fut un des plus grands acteurs qui aient paru sur la scéne du monde ; il joua la comédie jusqu’à sa mort, par une hypocrisie soutenue, un air de dévotion, des discours de piété, un grand zèle pour la Réligion, quoique Déïste : des mœurs austeres en public, quoiqu’en secret livré à la débauche ; il jouoit dans le même tems les plus sanglantes tragédies, par la guerre civile qu’il excita, l’usurpation du trône, la mort de son Roi sur un échaffaut, avec tout l’appareil, aussi ridicule qu’odieux ; des formalités juridiques, présenté par les loix. […] Cette pensée a un air de sublime, par la supériorité qu’elle attribue à l’homme de lettres, sur tout ce qu’il y a de plus grand. […] Louis XIV étoit bien fait, il avoit l’air noble, grand, majestueux ; mais cent & cent personnes dans le Royaume étoient aussi bien, & mieux faits que lui, & le monde n’en eût pris aucun pour son maître.

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