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13. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Un Spectacle où l’on est médiocrement ému, mais où les sens sont agréablement affectés ; où l’esprit débarrassé du soin & privé du plaisir de suivre une intrigue, peut donner toute son attention à de jolis airs, quoiqu’adaptés à des paroles vides, dut & devra toujours plaire à la plus légère des Nations : telles sont les Comédies-Ariettes. […] La Musique est une belle chose, j’en conviens ; mais nous sommes peu faits pour elle ; & tant mieux : cette grande sensibilité pour de beaux airs, marque un Peuple faible & voluptueux. […] S’ils entendent par leur Théâtre, les Pièces libres dont j’ai parlé, ils ont raison, des Comédies sensées, touchantes, insipideraient bientôt des colifichets sautillans, qui n’ont qu’un air de libertinage, de vivacité, & rien d’intéressant, rien de solide. […] L’Opéra-comique en Vaudevilles est plus naturel que la Comédie-Ariette : l’heureux choix d’airs connus, presque proverbiaux, répand sur ces Pièces une naïveté qu’on chercherait en vain dans celles du nouveau genre. […] Je pense qu’on y pourrait réussir ; nous avons une infinité d’airs dont le ton approche de celui de la conversation, & que l’on pourrait employer dans les transitions : l’on a vu dans la Chercheuse-d’esprit & dans Nicaise, que le Dialogue coupé avait dans les Vaudevilles une grâce infinie.

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