Nos Romans avoient mis ce langage à la mode, aussi-bien que celui des Amans qui se disent trop heureux de mourir pour celle qu’ils aiment. […] Un frere peut ceder un trône à son frere, c’est un effort de vertu ; mais céder une femme qu’on aime, quel crime ! C’est ne savoir pas aimer. […] Mais lorsqu’un digne Objet a pu nous enflammer, Qui le cede est un lâche, & ne sait pas aimer. […] Monime & Xiphares savent aimer : mais quand ils voyent que pour leur malheur le Ciel a joint si tendrement Deux cœurs que l’un pour l’autre il ne destinoit point, aussi-tôt ils se disent un adieu éternel, & Monime n’ose se plaindre de son sort, puisqu’elle a dit à Mithridate, qu’elle n’aime point, Et même de mon sort je ne pouvois me plaindre, Puisqu’enfin aux dépens de mes vœux les plus doux, Je faisois le bonheur d’un Heros tel que vous.