« On aime la Vertu » dites-vous ; je le nie : si on l’aimait, on la suivrait, rien n’est plus simple et plus naturel ; mais, ajoutez-vous, « on ne l’aime que dans les autres »bh ; est-ce donc là l’aimer ? C’est comme si l’on disait qu’un voleur de grand chemin aime beaucoup un voyageur parce qu’il lui souhaite beaucoup d’argent pour en avoir plus à lui voler : mais lorsque je vois un cœur endurci contre la tendresse et la morale d’un père, contre les larmes et les caresses d’une mère, s’amollir au spectacle et se laisser pénétrer du langage de la Vertu ; je suis convaincu que la scène la rend aimable, et que c’est un moyen des plus sûrs pour opérer la conversion de mon jeune homme. Il n’aimait sûrement pas la Vertu et voilà tout à coup qu’on la lui fait aimer, et qu’on le force à pleurer pour elle : sondez son cœur dans ce moment, vous verrez qui des deux y triomphe, ou du Vice ou de la Vertu. […] C’est peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chassé ; J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine ; Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine. […] Digne fils du Héros qui t’a donné le jour, Délivre l’univers d’un monstre qui t’irrite, La Veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ? […] , p. 30 : « Il [le méchant] aime la vertu, sans doute, mais il l’aime dans les autres […] » bi.