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154. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Mais ces peintures pieuses contrasteroient trop avec les tableaux que l’on aime, & condamneroient les effets criminels qu’ils produisent. Il en est comme des gens vertueux, dont on ne peut souffrir les exemples & la présence : on n’aime que son semblable, le mal gagne peu-à-peu jusques dans le cloître. […] que lexcès d’aveuglement de désirer un phantôme, d’aimer une image morte, de se repaître d’un signe inanimé, diligit mortuæ imaginis effigiem, sine animâ : voilà les couleurs empruntées dont les femmes se couvrent. Si ce sont les théatres qui les font aimer, leurs adorateurs courent après une vaine image, se repaissent d’une couche de blanc & de rouge ; umbra picturæ effigies. […] Si ces amans savoient que la personne qu’ils aiment entend derriere la tapisserie les discours qu’ils tiennent à son portrait, ils seroient fondés à les tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ?

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