La raison qu’il en apporte est, que l’homme fatigué par des actions sérieuses a besoin d’un agréable repos, qu’il ne trouve que dans les jeux ; et pour fortifier son sentiment, saint Thomas y joint celui de saint Augustin, dont il rapporte ces propres paroles : « Je veux enfin que vous vous ménagiez, car il est de l’homme sage de relâcher quelquefois son esprit trop appliqué à ses affaires ». […] Et dans un autre endroit : « La Comédie est un mélange de paroles et d’actions agréables pour son divertissement ou pour celui d’autrui ; si l’on n’y mêle rien de déshonnête, ni d’injurieux à Dieu, ou de préjudiciable au prochain, ce jeu est un effet de la vertu d’Eutrapélie, car l’esprit qui est fatigué par des soins intérieurs, comme le corps l’est par les exercices du dehors, a autant besoin de repos que le corps en a de nourriture. […] Saint Thomas Ubi sup. artic. 2. in corpora , saint Bonaventure, saint Antonin, et avant eux tous, Albert le Grand « Unum genus jocandi est illiberale, petulans flagitiosum obscanum. »avait dit que dans les Jeux il faut prendre garde à trois choses : La première et 1a principale est, que l’on ne cherche pas le plaisir dans des paroles, ou dans des actions déshonnêtes, comme on faisait du temps des Anciens ; Coutume malheureuse que Cicéron déplorait par ces paroles : « Il y a une manière de se jouer basse, insolente, criminelle et honteuse. » La seconde chose à laquelle il faut prendre garde, dit le Docteur Angélique, est, qu’en voulant donner quelque relâche à l’esprit, on ne perde entièrement la gravité de l’âme, ce qui faisait dire à saint Ambroise« Caveamus ne dum relaxare animum volumus solvamus omnem harmonis quasi concentum quemdam honorum operum. » : « Prenons garde qu’en voulant un peu relâcher notre esprit, nous ne perdions l’harmonie de notre âme, où les vertus forment un agréable concert. » Et la troisième condition que l’on demande dans nos Jeux aussi bien que dans toutes les actions de la vie, est qu’ils conviennent à la personne, au temps, au lieu, et qu’ils soient réglés par toutes les autres circonstances qui les peuvent rendre honnêtes.