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106. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Oui, si vous êtes véritablement persuadés que le Seigneur est votre Dieu, que lui seul mérite votre reconnoissance & votre amour ; il faut le servir avec plus de constance & de fidélité, il faut éviter avec plus de soin tout ce qui peut altérer cette sainteté, cette pureté de cœur qui peuvent seules vous rendre agréables à ses yeux ; il faut laisser aux adorateurs de Baal ces pompes, ces plaisirs, ces spectacles qui font partie du culte impie qu’ils lui rendent : si Dominus est Deus, sequimini eum. […] Si la comédie est innocente, si l’on peut y assister sans craindre de s’y corrompre & l’esprit & le cœur, pourquoi des condamnations si rigoureuses contre des hommes qui donnent au public un divertissement si agréable ? […] Le démon en use de même en répandant son venin sur les choses de ce monde qui sont les plus agréables. […] Les héros qu’on y introduit donnent, il est vrai, de grands exemples de générosité, de modération, de magnanimité : mais ces vertus ne semblent amenées que pour autoriser les foiblesses criminelles qu’ils y mêlent ; mais ces vertus n’étant fondées que sur l’orgueil, ne sont aux yeux d’un Chrétien que des vices déguisés ; mais ces vertus enfin ne sont pas celles qui peuvent nous rendre agréables à Dieu ; elles ne nous empêcheroient pas d’être pendant toute l’éternité les malheureuses victimes de sa justice.

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