D’ailleurs la représentation d’un amour légitime, et la représentation d’un amour qui ne l’est pas, font presque le même effet, et n’excitent qu’un mouvement qui agit ensuite diversement, selon les différentes positions qu’il rencontre. […] Ils sont assurés de faire finir celles de leurs héros et de leurs héroïnes avec le cinquième acte, dit le prince de Contiu, et que les comédiens ne diront que ce qui est dans leurs rôles : mais le cœur, ému par cette représentation, n’a pas les mêmes bornes ; il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; et souvent, après avoir résolu de ne pas pousser les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, et de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de se retenirv. […] C’est ainsi que la véritable éloquence remue l’âme pour la faire agir pour le plus grand bien ; mais l’art du théâtre ne la remue que pour lui faire goûter les sensations de la volupté. […] Le spectacle agit encore sur vous-même après qu’il est fini : l’image de la courtisane, ses paroles, ses regards, ses gestes, ses postures, sa démarche, ses grâces affectées, toute sa personne en un mot reste gravée dans votre imagination, et vous ne vous retirez qu’avec mille blessures mortelles. […] [NDE] Il s’agit d’une imitation d’un vers d’Ovide (Ille locus casti damna Pudoris habet), choisi comme devise par l’abbé Guéroult, gagnant d’un prix pour son poème allégorique en latin, De Spectaculis, contre le théâtre.