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41. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Ainsi parlait l’Empereur Julien dans l’éloge de la ville d’Antioche : on y voit tant d’Acteurs, danseurs, sauteurs, joueurs d’instruments, qu’il y a plus de Comédiens que de citoyens : « Plures sunt Histriones quam cives. » (Misopogon. pag. 342.) […] Il n’y a pas jusqu’aux Chevaliers de Malte, Ambassadeurs dans quelque Cour, de qui les nouvelles publiques ne disent avec édification : Un tel Bailli a donné le bal et la comédie, les plus habiles danseurs, les meilleures actrices ont fait honneur à la religion. […] Un bon Acteur est toujours un riche et puissant Seigneur ; il ne le cède qu’au Financier, qui véritablement joue aux dépens du public, une comédie, ou plutôt une tragédie plus lucrative ; mais aussi, par un juste retour, il fait dériver d’abondantes saignées du Pactole sur les états de Thalie. […] D’ailleurs je ne me borne pas à la morale, je sais que l’Evangile a depuis longtemps prononcé, je ne pense pas qu’il rétracte jamais ses arrêts : l’état du théâtre, la vie que mènent les acteurs, les auteurs, les amateurs, ne les fera pas si tôt rétracter ; écoute-t-on l’Evangile ? […] Nous tâcherons d’apprécier ces brillantes qualifications de génie, de sublime, de grand, de chef-d’œuvre, si aisément prodiguées aux auteurs, aux acteurs, aux musiciens, aux danseurs, aux décorations, aux machines.

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