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107. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu. […] Jamais acteur n’avoit eu des éleves & des camarades d’un si haut parage. […] On joua toute sorte de piéces, & les acteurs & les actrices, catéchistes d’une autre espece, enseignetent les élémens d’une autre réligion, la plupart des piéces de Duché valet de chambre du Roi, qui n’étoit ni dévot, ni janseniste, furent composées pour ce théatre, & l’Abbé Genet, aumônier de la Duchesse d’Orléans, en faisoit pour la Duchesse du Maine, que la Princesse & sa Cour représentoient ; ainsi l’aumônier alloit de l’Autel au théatre, de la Messe à la comédie ; c’est une fonction d’aumônier qui n’est pas dans le cérémonial des aumôniers. Voltaire trouve une contradiction entre l’infamie attachée au metier de comédien, & l’honneur qu’on fait au théatre de le régarder comme une école noble, utile, digne des personnes Royales ; il a raison, rien de plus ordinaire dans le monde, on croit se deshonorer en se mesalliant, & un Seigneur épouse une actrice. […] quels noms, ils écorchent le gosier d’une actrice !

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