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54. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Corneille l’est quelquefois, Racine peu, Moliere jamais. […] L’Académie Françoise ne voulut jamais recevoir ce réformateur, quoiqu’il le méritât par son esprit, & son génie autant que Racine, Campistron, Marivaux, Voltaire, Quinaut, Marmontel, & tous les Poëtes dramatiques qu’elle a reçus avant & après lui. […] Corneille & Racine auroient moins surpris, quoiqu’un dramatique ne puisse décement être offert à l’admiration publique par un arbitre aussi respectable. […] Racine, aussi dangereux par sa séduisante tendresse, ne s’est jamais dégradé par des grossieretés ; il est mort, aussi bien que Corneille, en déplorant par une sincère pénitence ce que l’Académie veut marquer au sceau de l’immortalité par les suffrages de la nation & les siens. […] Moliere & Racine le seroient plutôt que lui ; mais ils ne le seront pas tandis qu’on aura quelque zèle pour l’innocence & pour la vertu.

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