Quel reproche ne s’est pas fait Racine, quelle pénitence ne s’est-il pas imposée pour la composition de ses tragédies, écrites cependant avec la plus grande décence, si la décence ne consiste qu’à éviter les grossieretés ; mais dont l’insinuante tendresse a séduit & séduira une infinité de cœurs ! […] Gresset l’a vivement peint dans un mot, dans le dérangement d’une jeune Religieuse qui faisoit son oraison dans Racine. Rien de mieux contrasté & réellement plus opposé que l’oraison & Racine, c’est-à-dire la religion & le théatre. […] Racine étendit cette idée, & dans Bajazet fit paroître des Sultannes amoureuses, mais avec dignité, & qui n’avoient que des vûes de mariage, encore même leurs projets étoient traversés par l’indifférence du Prince, l’intrigue du Visir, les horreurs & les risques d’une conjuration, qui par des diversions continuelles émoussoient les traits d’une passion si agitée. Quelques autres Poëtes ont pris des sujets chez les Mahométans, ils ont eu peu de succès ; ils ont écrit d’un style noble, & n’ont étalé que des combats de sentimens, comme dans Racine.