Qu’après avoir mieux consulté son cœur, Titus ne voulant ni enfreindre les lois de Rome, ni vendre le bonheur à l’ambition, vienne, avec des maximes opposées, abdiquer l’Empire aux pieds de Bérénice ; que, pénétrée d’un si grand sacrifice, elle sente que son devoir serait de refuser la main de son amant, et que pourtant elle l’accepte ; que tous deux enivrés des charmes de l’amour, de la paix, de l’innocence, et renonçant aux vaines grandeurs, prennent, avec cette douce joie qu’inspirent les vrais mouvements de la Nature, le parti d’aller vivre heureux et ignorés dans un coin de le terre ; qu’une Scène si touchante soit animée des sentiments tendres et pathétiques que le sujet fournit et que Racine eût si bien fait valoir ; que Titus en quittant les Romains leur adresse un discours, tel que la circonstance et le sujet le comportent : n’est-il pas clair, par exemple, qu’à moins qu’un Auteur ne soit de la dernière maladresse, un tel discours doit faire fondre en larmes toute l’assemblée ? […] J’en ai dit assez, je crois, sur leur chapitre et je ne pense guère mieux des héros de Racine, de ces héros si parés, si doucereux, si tendres, qui, sous un air de courage et de vertu, ne nous montrent que les modèles de jeunes gens dont j’ai parlé, livrés à la galanterie, à la mollesse, à l’amour, à tout ce qui peut efféminer l’homme et l’attiédir sur le goût de ses véritables devoirs. […] La vérité est que Racine me charme et que je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière.