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11. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Une étude réfléchie des sentimens des hommes, qu’il falait émouvoir, vint inspirer un nouveau genre à Racine, lorsque Corneille commençait à vieillir. […] Corneille avait cependant connu ce genre, & sembla ne vouloir pas y donner son attache : mais Racine, né avec la délicatesse des passions, un goût exquis, nourri de la lecture des beaux modèles de la Grèce, accommoda la Tragédie, aux mœurs de son siècle & de son Pays. […] Racine eut le talent d’éviter ces petites fautes : toujours élégant, toujours exact, il joignait le plus grand art au génie, & se servait quelquefois de l’un pour remplacer l’autre : cherchant moins à élever l’âme qu’à la remuer, il parut plus aimable, plus commode, & plus à la portée de tout Spectateur. Corneille est, comme quelqu’un l’a dit, un aigle qui s’élève au-dessus des nues, regarde fixement le Soleil, & se plait au milieu des éclairs & de la foudre : Racine est une colombe qui gémit dans des bosquets de mirthe, au milieu des roses. […] Ceux qui sont leur amusement de la Poésie Dramatique, savent un plus grand nombre de vers des Pièces de Corneille & de Racine, que de celles de Molière : enfin le Public préfère le rendez-vous qu’on lui donne pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant pleurer, à celui qu’on lui présente pour le divertir en le fesant rire.

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