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21. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Molière, le régénérateur du genre comique, et le contemporain de Racine, conserva son indépendance. […] Avouons-le ; la comédie est bien rieuse pour en imposer aux vices que contiennent à peine le sombre appareil des cours d’assises et l’exécuteur de leurs sentences ; Molière le sentit, et quand il attaqua le plus hideux de tous, l’hypocrisie, il quitta le persiflage. Tartuffe n’est point comme Monsieur Jourdain un personnage risible, c’est un monstre exécrable qui soulève l’indignation : il fallait être doué d’un certain courage pour oser montrer ainsi à nu l’âme d’un faux dévot, à une époque où les tartuffes n’étaient pas rares, et l’opprobre dont Molière les couvrit fut une bonne leçon pour les mœurs. […] Molière, employé à la cour, vivait parmi des courtisans accoutumés à cette maxime consacrée dans les palais des rois : Pas de bruit si je n’en fais. […] Entre l’école de civilisation fondée par les Grecs, rétablie et conservée par Corneille, Racine, Molière, et notre nouvelle école, la France eut aussi son Euripide.

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