La plupart des spectacles sont tristes : les fadeurs de l'opéra, l'enflure de Corneille, les horreurs de Crébillon, le comique larmoyant, la terreur, la pitié, la fureur, le désespoir, sont-ils de la gaieté ? […] Le voyage dans un pays inconnu, ou le Temple de la piété (il fallait dire au temple), livre nouveau, où le sieur Compan tâche d'égayer la piété par de petites aventures, comme le voyage de Jean de Palafox, les romans immenses de l'Evêque du Bellay, d'un Minime d'Avignon, le château de l'âme de Sainte Thérèse ; ce pieux Roman trouvant la piété ennuyeuse, malgré toutes ces aventures, imagine de la faire divertir au théâtre, et lui forme jusque dans son temple la cour la plus singulière ; il lui donne pour favoris Borromée, François de Sales, Corneille et Racine. L'étonnement de ces quatre personnages de se voir réunis dans le sanctuaire de la piété, et honorés de ses faveurs, fait une scène vraiment comique : les actes de l'Eglise de Milan, et le théâtre de Corneille ! […] Cet ouvrage soi-disant fait pour l'instruction de la jeunesse, lui apprendra à faire la lecture spirituelle dans Corneille, et comme la Visitandine de Gresset, son oraison dans Racine, et à devenir un Père de l'Eglise en composant des comédies. […] Le sieur Patte dans ses Monuments est plus excusable en confondant ainsi les grands hommes, parce qu'il n'envisage que le mérite littéraire, qui, sans mériter l'apothéose, peut être distingué dans Pétronne, Ovide, l'Arétin, Boccace, quoique en vérité Bossuet et Molière, Fénelon et Quinault, Pascal et Racine, Arnaud et Corneille, sont peu faits pour figurer ensemble.