Leurs jeunes Régents, à peine sortis du noviciat, ensevelis tout le jour dans la poussière d'une classe, se mesurent pour la composition avec Corneille et Racine, le disputent pour la déclamation à Baron et à la Gaussin et feraient des leçons de décoration au Chevalier Servandoni. […] On peut donc y aller presque toujours, car le théâtre est aujourd’hui sur un ton de politesse qui bannit les grossièretés, et sans avoir égard ni à la proscription générale des uns, ni à l'improbation conditionnelle des autres, les Jésuites partout font représenter par leurs écoliers toutes les mêmes pièces qu'on donne au théâtre Français ; Corneille, Racine, Molière, Regnard, Crébillon, Voltaire, etc. sans compter leurs propres ouvrages, y règnent également. […] Les innombrables Poètes de la Société, au-deçà comme au-delà des monts, depuis les plus célèbres jusqu'aux plus obscurs, Porée, Brumoy, la Rue, Catrou, etc. d'après Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, ont sans scrupule dans leurs poèmes tenu le même langage. […] Qui ne connaît Corneille, Racine, Voltaire, et le théâtre des Jésuites ? […] Polyeucte), l'Auteur de ce bon livre dit très sensément : « Corneille a fait du martyre de ce Saint le sujet d'une tragédie qui est un chef-d’œuvre dramatique ; mais les personnes pieuses ont été choquées de la liberté que le Poète s'est donné de faire monter les Saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour Romain à l'héroïsme de l'amour divin.