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28. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

On vérifia les dates de leur naissance, on compulsa les livres des Imprimeurs sur l’année de leur impression, & les registres des troupes sur celles de leurs représentations : les admirateurs de Corneille prétendirent que Caldéron étoit venu à Paris, & avoit pu voir & copier cette piece. […] Les observations faites avec goût relevent les beautés & les fautes de ce pere de la Tragédie Britannique, que les anglois mettent sans façon au-dessus de Corneille, & que les françois, depuis qu’ils sont anglomanes, placent modestement à côté. […] Cet officieux écrivain a porté plus loin son zele dramatique : il a donné une traduction en allemand de tout Shakespear ; honneur qu’on n’a point fait à Corneille, & que Shakespear ne mérite pas mieux. […] Sa fortune & sa noblesse littéraire viennent du cardinal de Richelieu, à qui il plut pour avoir fait la critique du Cid, & s’être déclaré contre Corneille, auquel il se croyois de bonne-foi supérieur. Dans cette idée, il composa une tragédie, pour opposer à celle de Corneille, que la faveur de Son Eminence fit mettre fort au-dessus de celui-ci, avec le même goût qu’il paya 600 liv. six vers de Colletet, les plus grossiers & les plus maussades : liberalité dont Colleret lui-même se moqua.

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