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60. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Il a fait des dépenses énormes pour la construction et la décoration du théâtre et la représentation des pièces ; il y a invité le Roi et toute la Cour, il y a assisté avec elle, les Evêques y étaient invités aussi, et par son ordre y avaient, comme de raison, un banc distingué, où un grand nombre se montrait et admirait pour faire la cour au Ministre. […] Vincent de Paul, qui pensait fort différemment, et que l’assistance à la comédie, malgré la compagnie des Evêques, n’aurait pas fait canoniser. […] Mais où a-t-on vu des Evêques, des Cardinaux de l’Eglise Romaine, en être les fondateurs avec le plus grand éclat ? […] C’était une vraie farce, et si la nation des Comédiens n’eût craint la vengeance que venait d’éprouver à Loudun Urbain Grandier, pour avoir fait une satire contre l’Evêque de Luçonj, je ne doute pas qu’on n’eût composé quelque comédie sur le Cardinal rival du Cid. […] Comment un Prêtre, un Evêque, un Cardinal, à qui la sainteté de son état et tous les canons de l’Eglise l’interdisent, non content de le tolérer, d’y aller, d’y attirer sa cour, veut-il encore loger chez lui à demeure la source du vice ?

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