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69. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Le Roi de Prusse, aussi bien que l’Eglise Catholique, ordonne la publication des bans & la bénédiction du Ministre devant des témoins, deux conditions nécessaires pour empêcher la clandestinité, chose la plus opposée à la nature d’un état que tout doit rendre public dans la société pendant toute la vie, publication d’ailleurs nécessaire pour découvrir les empêchemens du mariage, instruire les personnes intéressées à s’y opposer, à mettre en sûreté les hypotheques des créanciers. La bénédiction apprend à respecter, comme sacré, une union qui, quand elle ne seroit pas un vrai Sacrement, est du moins une action religieuse & sainte ; elle obtient des graces de Dieu, si necessaires pour remplir les devoirs de ce nouvel état, & engage à s’y préparer par la priere & les bonnes œuvres. […] L’unité l’indossubilité du mariage est une loi aussi ancienne que le monde ; c’est la premiere qui fut donnée à l’homme, & la plus nécessaire au genre humain pour sa conservation & sa propagation, pour la paix de la société, l’union des familles, l’éducation des enfans, l’état des femmes, pour fixer la légéreté de l’homme, réprimer ses passions, arrêter le débordement de ses vices, le rendre utile à ses semblables & à lui-même ; il n’est pas bon que l’homme soit seul , dit en le formant son adorable Créateur, donnons-lui une compagne qui lui ressemble . […] Le Christianisme n’a fait que remettre les choses dans leur premier état, & confirmer la loi primitive. […] Mettre à prix la tête de quelqu’un, permettre au premier venu de le tuer, ce qui n’est pas toujours un acte juridique, mais de simple volonté, comme celle de Marius, de Scilla, des Triumvirs ; elle ne fait aucun changement dans l’état de la personne, & n’a pas besoin de réhabilitation après l’orage.

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