Ces auteurs & ces acteurs ne composoient point, & ne jouoient point toujours, puisqu’ils exerçoient des emplois distingués dans la République : c’est pourquoi c’est mal s’exprimer, que de dire que l’état de Comédien ait jamais été honoré en Grece ; c’est la même chose que si l’on disoit qu’il fût un tems où cette profession fut respectée à Rome, parce que l’Empereur Néron monta sur le théâtre, les cheveux chargés de poudre d’or, pour ressembler à Apollon, y joua de la lyre & récita des vers de sa composition, que ses soldats faisoient applaudir à coups d’épée. […] De même en parlant des Spectacles des Romains, la jeunesse de Rome , dit-il représentoit publiquement à la fin des grandes pieces les Attellanes ou exodes sans déshonneur ; l’opprobre tomboit moins sur la représentation même, que sur l’état où l’on en faisoit métier . Il falloit dire que l’opprobre tomboit seulement sur l’état & sur l’occupation habituelle du Comédien, & point du tout sur l’exercice d’un moment de la jeunesse. […] Le désœuvrement, le luxe & l’ennui, plus que l’attrait du plaisir & de la nouveauté, conduisent aux deux salles de Comédies, trop peu suffisantes pour la Capitale du Royaume ; & les acteurs, contens d’une recette & d’un gain considérable, sans autre peine que celle de débiter toujours les mêmes rôles de quelques pièces, une ou deux fois la semaine, plusieurs années de suite, n’ont plus l’émulation de leur état.