Je ne pousseray pas la censure & l’invective jusque-là, que de soûtenir que c’est absolument renoncer à la profession de Chrétien, que de se trouver aux spectacles, ausquels les Chrétiens passent une partie du Carnaval ; mais aprés vous avoir déja fait voir le desordre qui se trouve dans les autres divertissemens de ce temps, je vous diray que celuy-cy est le plus criminel pour quelques-uns, & le plus dangereux pour les autres, & que c’est veritablement une chose digne des larmes que verse l’Eglise, & des gemissemens qu’elle pousse vers le ciel, de voir ses enfans aveuglez jusqu’à ce point, que de s’exposer pour satisfaire une vaine curiosité, au danger de leur salut. […] Augustin, se sont déchaînez avec juste raison, & ont employé toute la force de leur éloquence à les décrier ; pendant que l’Eglise les a condamnez par ses Canons, & prononcé Anathême contre les Spectateurs. […] Or, s’il y a du danger de s’accoûtumer à entendre des sentimens & des maximes contraires à la Religion que nous professons, si l’Eglise même employe son authorité, pour défendre la lecture des livres suspects, si la compagnie des personnes qui ont toûjours ces maximes dans la bouche, ou qui reglent leur vie selon ces sentimens, est dangereuse, parce qu’ils les inspirent à ceux qui les frequentent ; y aura-t-il moins de danger à les voir exprimer, representer, approuver, écouter les applaudissemens que l’on donne à ceux qui les font le mieux sentir, & qui les font entrer dans l’esprit par la beauté des vers, & des pensées si noblement exprimées ?