Persuadé que les Passions n’étoient en elles-mêmes ni des vertus ni des vices, & qu’il ne s’agissoit que de les rendre conformes à la Raison, il a cru sans doute que la Poësie Dramatique y pourroit contribuer : il n’eût pas tant écrit sur cette Poësie, s’il l’eût cru pernicieuse, mais nous le faisons parler d’une maniere fort obscure quand nous lui faisons dire qu’elle excite les Passions pour les purger. […] C’est en conséquence de cette Réflexion, & après avoir vu l’effet que produisoit Œdippe sur les Spectateurs, qu’Aristote a conseillé aux Poëtes les Sujets les plus terribles, & a écrit les trois morceaux que je dois encore rapporter. […] De plusieurs Ecrits qu’il avoit composés sur la Poëtique, il ne nous reste qu’un fragment où il y a des endroits si obscurs, que Castelvetro, après en avoir fait une longue étude, déclare qu’il ne se vante pas d’entendre parfaitement ce petit Traité, Questo oscurissimo libretto. […] Sans chercher à réformer son Texte, je me borne à dire, qu’en cet endroit il y a grande apparence qu’il est corrompu, & il n’est pas étonnant que ses Ecrits soient venus jusqu’à nous très-défigurés, puisqu’ils l’étoient déja, à cause de la maniere dont ils avoient été conservés, lorsque Sylla qui les trouva à Athenes, les apporta à Rome.