Il faudroit qu’une plume habile, bien brévétée & pensionnée, révétue de l’autorité publique, exerçât au nom de l’Etat, cet important office, & dérobât aux injures du tems, tant de faits intéressans, dignes de l’immortalité. […] Il est vrai qu’on a tâché d’y suppléer par des nuées d’almanacs, de calandriers, de journaux, de mercures, d’affiches, de dictionnaires, d’anecdotes, d’anonces, &c. mais ce n’étoient que des recueils de faits dispersés, sans autorité & sans suite ; il faudroit qu’un Annaliste en titre d’office, en fit un corps d’histoire, & pût imprimer le seau de l’Etat à une histoire si intéressante. […] En Egypte, & chez bien d’autres peuples, les Prêtres étoient chargés de tenir un régistre fidele des actions du Prince, & des affaires de l’Etat ; c’étoit le même incovénient, le Sanctuaire n’est point inaccessible à la flatterie, & lui-même s’en repait quelquefois. […] Le grand Turenne lui-même, à soixante ans trahit le secret de l’Etat, pour une maîtresse, qui se moquoit de lui.