Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] Rien n’oblige d’aller à la comédie, tout engage à s’en abstenir : les loix de l’État ne l’ordonnent pas, celles de l’Église le défendent. […] Il ajoûte : Les spectacles, dont nous avons tant de peine à vous faire comprendre le danger par les règles de la foi, furent interdits comme des crimes par les loix de l’État, & les Comédiens, que le monde du plus haut rang ne rougit pas d’honorer de sa familiarité, & auxquels des parens Chrétiens osent même confier le soin d’instruire leurs enfans dans tous les arts propres à plaire (danse, musique), déclarés infames & bannis du royaume comme des corrupteurs des mœurs & de la piété. […] Le Maréchal, pour se moquer d’elle & amuser le Roi de cette farce, lui déclare que c’est une affaire d’État qui passe ses pouvoirs & doit être portée aux pieds du Trône. […] Son mal empira, & comme toutes les Facultés de Paris & de Montpellier, non plus que tous les Médecins du Roi, ne suffisent pas pour conserver une vie si précieuse à l’État, il fallut aller chercher du secours hors du royaume.