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1 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35
CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. Suivant le sentiment d
er tout ce que tant de sages Ecrivains ont dit contre l’abus de cette passion devenue le mobile du Théâtre moderne. Il est sûr
les esprits les plus assoupis, et ne peuvent que donner entrée à une passion vicieuse dans le cœur de la jeunesse la plus inno
e dans le cœur de la jeunesse la plus innocente. Si cette malheureuse passion vue de loin dans deux personnes qui s’aiment, et
se trouvent ? L’homme n’a pas besoin qu’on lui apprenne à sentir une passion que la nature ne lui inspire que trop ; mais il a
il a extrêmement besoin d’apprendre à corriger les désordres de cette passion , lorsqu’elle est devenue vicieuse. Or la passion
s désordres de cette passion, lorsqu’elle est devenue vicieuse. Or la passion d’amour la plus pure peut perdre sur le Théâtre t
théâtrale. Que dit une mère à sa fille pour la prévenir contre cette passion si dangereuse ? elle lui dit que tout homme, qui
portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelq
En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme
river à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste
résentent l’amour sur la Scène, plutôt comme une vertu, que comme une passion . L’amour, je parle de celui qui peut faire le suj
e celui qui peut faire le sujet d’une Comédie, est nécessairement une passion criminelle, qui devrait toujours être suivie de m
par rapport à l’amour, c’est là que je me réserve à prouver que cette passion n’est pas plus excusable dans les Tragédies que d
able dans les Tragédies que dans les Comédies. Il est vrai que cette passion bien traitée peut donner occasion, plus que toute
nt montré que par ses fureurs et ses emportements ; et, par là, cette passion n’a jamais manqué d’inspirer aux Spectateurs une
iger. Les Modernes, au contraire, n’ont adopté que le faible de cette passion , qui, dans ce point de vue, n’est propre qu’à cor
nd nombre des Poètes ; outre qu’ils ne devraient jamais traiter cette passion que dans la vue d’instruire les Spectateurs ; ils
e d’instruire les Spectateurs ; ils pourraient encore joindre à cette passion , devenue instructive, plusieurs autres espèces d’
iblesse, la fermeté, la complaisance, la colère, et toutes les autres passions qui s’associent dans le cœur humain à la passion
t toutes les autres passions qui s’associent dans le cœur humain à la passion dominante, ne feraient-elles pas paraître, dans l
st de corriger et d’instruire ; mais on ne saurait disconvenir que la passion de l’amour, ainsi qu’on a coutume de nous la repr
oint de devoir dans la vie, qui, sur le Théâtre, ne soit asservi à la passion de l’amour. Vis-à-vis d’elle la nature même perd
e intérêt lui sont également sacrifiés. Les pères traversés dans leur passion par leurs enfants, prennent contre eux des sentim
d’exemples aussi pernicieux. Quelle correction peut-on espérer d’une passion traitée de cette manière, surtout lorsqu’elle fin
arqué plus haut. On ne sait que trop, au reste, que cette malheureuse passion , sous la forme que lui donnent les Poètes, porte
homme qui ne connaît rien de sacré, quand il s’agit de satisfaire sa passion . On pourrait regarder comme une espèce de nouveau
de voir toujours des Rivaux de commande pour les traverser dans leurs passions , des Valets et des Suivantes pour les aider dans
us d’amour, plus d’amour. Si le Théâtre moderne avait commencé par la passion d’amour, je suis persuadé qu’on l’aurait étouffé
2 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275
De la Comédie. Parmi le grand nombre de passions et de vices qui assiègent, pour ainsi dire, l’hum
grande précaution et beaucoup de discernement pour faire le choix des passions et des vices dont on peut faire usage sur le Théâ
je ne conviens pas qu’on doive en bannir sans distinction toutes ces passions et tous ces vices qui peuvent être dangereux sur
Menteurs, les Avares, les Imposteurs, etc. Je conviens qu’il y a des passions et des vices qu’il serait pernicieux d’exposer au
icateurs, qu’il appartient d’en prendre connaissance. A l’égard de la passion d’amour, pour la rendre instructive sur le Théâtr
n nous représente l’amour ou indécent, ou déraisonnable. Autant cette passion est étrangère à la Tragédie, autant on peut dire
ent, à tout âge, de tout rangs et de tous caractères sont sujets à la passion d’amour : cette vérité reconnue fait que les Poèt
’usage où ils sont de l’établir comme le fondement, et comme la seule passion qui doit régner sur la Scène ; les Spectateurs en
que dans les caractères. Je me flatte d’avoir démontré combien cette passion est dangereuse, et combien il importe à la Républ
e la faiblesse et même l’indignité. Dans cette vue on doit traiter la passion d’amour de la même manière qu’on traite les autre
traiter la passion d’amour de la même manière qu’on traite les autres passions sur la Scène. Tous les Acteurs reprochent à l’Ava
corrigé : pourquoi ne fait-on pas la même chose lorsqu’on y traite la passion d’amour ? Pourquoi la fait-on triompher toujours
araît qu’on ne peut se dispenser de dire la même chose au sujet de la passion d’amour, lorsqu’elle est traitée d’une manière qu
toyens. Par ce motif, dans mes Règlements de Réformation, j’exclus la passion d’amour du Théâtre, excepté les cas où elle est i
i de l’avarice, de la vanité, de la jalousie, et de toutes les autres passions . Suivant ce principe on croira que je vais rejete
corruption générale du Théâtre, on peut trouver quelque Comédie où la passion d’amour soit traitée d’une manière instructive co
e c’est un défaut dans l’Avare de ce que la cassette se retrouve ; la passion favorite d’Harpagon étant l’avarice, il aurait fa
3 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265
un Roman : quant au Théâtre de la Réforme, il n’adopterait jamais une passion d’amour telle que celle de Chimène et de Rodrigue
l’action en soit grande, que les Acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de ce
e abandonnée de son Amant. Voilà ce que produit l’amour ; comme cette passion est égale dans tous les cœurs, il est bien rare q
ée convenable à la majesté tragique. On pourrait aussi examiner si la passion d’amour, telle qu’on la représente dans cette Tra
r que des maximes dangereuses, pour apprendre à métaphysiquer sur une passion , dont les suites peuvent aisément devenir funeste
ue la corruption du siècle qui ait pû faire tolérer, sur la Scène, la passion d’amour traitée de la manière dont elle l’est dan
établi l’ambition pour motif de l’action tragique, et quelquefois la passion d’amour aussi, dans le dessein de la rendre instr
pe, Iphigénie, la Thébaïde, etc. ce n’est que l’ambition, qui fait la passion des Héros ; Phèdre et Andromaque, ce n’est que l’
passion des Héros ; Phèdre et Andromaque, ce n’est que l’excès de la passion d’amour, qui fait le motif de l’action tragique :
oins, qu’ils n’ont pû altérer ni dégrader l’ambition, parce que cette passion est toujours constamment la même, au lieu qu’ils
ant jamais en grand, mais dans la fadeur et dans le faible dont cette passion est susceptible. Je pousserai donc mes réflexions
ine, la vengeance, la dissimulation, l’avidité de l’or, et toutes les passions humaines ne me paraissent pas dignes du Cothurne,
hommes n’ont attaché la grandeur d’âme qu’à l’ambition, et les autres passions ils les ont caractérisées de faiblesses ; il n’y
our, que ce soit (je le répète encore) dans le fort et le grand de la passion , comme Phèdre et Andromaque, et non pas dans le f
dans les Romans, je ne crois pas que l’on puisse en trouver un, où la passion d’amour soit plus vivement marquée qu’elle l’est
Y. Mais je veux qu’à vous seule il cherche enfin à plaire ; De cette passion que faut-il qu’il espère ? ELISABETH. Ce qu’
ontent de m’aimer…. On voit aisément par ces Vers, que d’un côté la passion Elisabeth est très vive et peu circonspecte, pour
nte, en l’engageant à ne point se gêner : cependant, l’effet de cette passion devait se borner à se voir et à soupirer, et le C
e permettre rien de plus. Quel mélange de corruption et de vertu ! La passion d’amour, soit qu’on la montre du côté du vice ou
i cette belle vertu est étalée sur la Scène en pure perte. Quant à la passion de la Duchesse d’Irton, qui aime le Comte, qui en
volée, qui se trouverait dans le cas de la Duchesse. A l’égard de la passion du Comte pour la Duchesse, il me paraît que malgr
t pas démêler quel obstacle l’amour de la Reine apporte à la nouvelle passion du Comte : et tout cela jette une telle indiffére
du Public une Pièce dont le fond et le dialogue ne présentent qu’une passion illicite, soit de la part de la Reine, soit de la
s cherché à me convaincre moi-même, qu’on peut rendre instructive une passion aussi criminelle que celle de Phèdre ; la critiqu
crains bien qu’il ne puisse pas le défendre comme Poète tragique. La passion d’amour, qui du temps de Racine s’était si généra
a grandeur d’âme, de la magnanimité et du courage, et le faible de la passion d’amour paraîtra toujours en défigurer le caractè
que dans les plus vertueux et les plus grands Héros, non seulement la passion d’amour est excusable, mais que d’une certaine fa
VENCESLAS. La Tragédie de Venceslas de Rotrou nous présente la passion d’amour dans un point de vue qui de notre temps n
e vue qui de notre temps ne serait jamais souffert sur le Théâtre. La passion de Ladislas naît du vice et non de la vertu : tel
et aspire à la possèder comme maîtresse et non pas comme épouse ; sa passion effrénée le transporte jusqu’à le rendre furieux.
r pour épouse. Cassandre qui craint de se lier avec un homme dont les passions sont si vives, l’ayant détesté comme Amant, le re
pourraient mériter d’être critiqués, mais seulement par rapport à la passion d’amour, et à tout ce qui intéresse les mœurs. J’
4 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178
tôt un devoir qu’une faiblesse ; et que c’est moins son amour, que sa passion pour la gloire qui donne lieu aux transports qu’i
il ne leur échappe pas la moindre expression qui fasse connaître leur passion , je trouve que c’est une espèce d’amour que ni le
onvenable pour nous faire sentir de quelle manière on peut traiter la passion de l’amour sur le Théâtre : on pourrait ajouter m
nous a laissé, dans Andromaque un modèle parfait pour présenter cette passion sur la Scène avec toute la circonspection que la
alutaire de l’amour que les excès et les transports effrénés où cette passion entraîne les trois principaux Acteurs de la Tragé
ns les Ouvrages dramatiques d’aujourd’hui, que les désordres de cette passion sont récompensés ou conduisent à une fin heureuse
Hermione, qui ordonne la mort de Pyrrhus, et l’insolent mépris que la passion violente de celui-ci lui inspire pour celle qui l
i, le modèle le plus parfait que l’on puisse donner de la force de la passion , dont j’ai tant de fois parlé. Il est vrai, que d
Il est vrai, que dans Phèdre, il y a un degré de plus ; parce que la passion de cette misérable femme l’aurait réduite à l’ext
s et aux circonstances, n’a rien en soi de criminel ; cependant cette passion , toute simple qu’elle est, se trouve portée à un
r, ou même à rejetter ; puisqu’elle peut s’appeller le triomphe de la passion d’amour, c’est précisément par cette raison que j
présent, ne soit en droit de me regarder comme l’ennemi déclaré de la passion d’amour sur la Scène ; et j’avoue sans peine qu’i
e qu’il aura raison : cependant, autant que je suis contraire à cette passion , lorsque la représentation en est nuisible, et qu
nvénients. Je l’étudie avec attention par tout où je la trouve cette passion  ; et j’observe soigneusement les différentes coul
upuleux, n’y verraient rien qui pût les exciter au mal. De toutes les passions qui tyrannisent les hommes, celle de l’amour est
voies pour y parvenir l’une en présentant le vicieux déshonoré par sa passion , l’autre en faisant voir la passion punie dans le
ntant le vicieux déshonoré par sa passion, l’autre en faisant voir la passion punie dans le vicieux. La passion d’amour, au con
passion, l’autre en faisant voir la passion punie dans le vicieux. La passion d’amour, au contraire, est un Caméléon qui change
été se trouvera dans les motifs qui les ont enflammés. De plus, cette passion excite différents sentiments et différentes impre
où les Amants éprouvent les derniers malheurs, et sont punis de leur passion par la perte même de la vie ; tantôt elle corrige
e dénouement plus dangereux. Quant à ce qui regarde l’instruction, la passion d’amour appartient autant à la Tragédie, à la Tra
tte Fable on ne voit pas un Acteur qui ne soit vivement possedé de la passion d’amour ; et ce qu’il y a de surprenant, c’est qu
correction que l’on demande pour contenir, dans de justes bornes, une passion si dangereuse. On l’appellera un petit Roman tant
le sexe et les hommes en général peuvent apprendre à faire marcher la passion d’amour dans la route que la bonne morale et les
s le monde, parce que la façon avec laquelle on traite aujourd’hui la passion d’amour déshonnore également tous les hommes. N’e
tant cette Pièce : on ne peut trop condamner, je le répète encore, la passion d’amour, lorsqu’elle est empoisonnée, comme on la
s, sont des leçons admirables pour mettre un frein à cette dangereuse passion . Polyeucte est un chef d’œuvre qui, en tout temps
ent digne du Théâtre de la Réformation. MANLIUS CAPITOLINUS. La passion d’amour, qui est l’objet que j’attaque partout où
dans toutes ses autres Tragédies ; il fit aussi, de cette malheureuse passion , la base de tous les sujets tragiques qu’il a tra
rouver bon que je le renvoie à mes Observations sur la Comédie.11 La passion d’amour, par rapport à la Tragédie d’Inès, doit ê
om Pedre s’aimaient avec tant de violence, avant leur union, que leur passion les a portés à faire un mariage clandestin, qui d
t conserver. En effet, si Dom Pedre, transporté par la violence de sa passion , foule aux pieds les Loix les plus respectables ;
u’elle ne les empêche pas, et qui, loin d’exiger de lui de vaincre sa passion , s’abandonne à la sienne propre en épousant Dom P
xions que la Tragédie d’Inès de Castro, envisagée dans le point de la passion d’amour telle qu’on la voit dans la représentatio
ie ; c’est plutôt l’effet d’une sympathie naturelle, qu’une véritable passion  ; puisqu’il se trouve à la fin qu’ils sont frère
un mot, et est traité avec la plus grande circonspection. Quant à la passion de Thoas pour la Prêtresse ; si elle est extrême
voulu terminer cet article par un exemple remarquable des excès de la passion d’amour ; car ces excès fidèlement représentés so
gédies que je conserve : il dira peut-être que, si dans ces Pièces la passion d’amour est accompagnée d’une morale pure et d’un
ectateurs ; afin que chacun d’eux conçoive une juste horreur pour une passion capable d’entraîner après elle tant de crimes et
leur propre gloire, tout est faible et impuissant contre l’excessive passion qui les domine et qui subjugue leur cœur et leur
ssion qui les domine et qui subjugue leur cœur et leur esprit : cette passion est punie, comme elle le mérite, par la mort des
ur le Théâtre. Quand les Auteurs se seront imposés la loi de punir la passion d’amour dans leurs Ouvrages, comme ils punissent
on d’amour dans leurs Ouvrages, comme ils punissent toutes les autres passions , alors elle sera digne du Théâtre ; parce que la
tion en deviendra utile à la République : mais toutes les fois que la passion d’amour sera non seulement accompagnée de molless
5 (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18
IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident. Vous
es excite que par accident. Vous dites que ces représentations des passions agréables, « et les paroles de passions dont on s
s que ces représentations des passions agréables, « et les paroles de passions dont on se sert dans la comédie » ne les excitent
acteur d’une tragédie ne le sait pas émouvoir et le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est d
ation, que le théâtre n’excite que « par hasard et par accident » les passions qu’il entreprend de traiter. On dit, et c’est enc
qui est si grave et si sérieuse, se sert de paroles qui excitent les passions  »Pag.47 [« Lettre d’un théologien », page 47]. ,
vaises actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre les passions agréables d’une manière qui en fasse goûter le pl
nom, entrent à l’exemple de la comédie dans le dessein d’émouvoir les passions flatteuses ; qui ne voit qu’il les faut ranger av
de la vie humaine ? Si le but de la comédie n’est pas de flatter ces passions , qu’on veut appeler délicates, mais dont le fond
e 2., qu’on y voit, qu’on y sent l’image, l’attrait, la pâture de ses passions  ? Et cela, dit le même Saint, qu’est-ce autre cho
vient bientôt un acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion , et la fiction au dehors est froide et sans agrém
ges vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion  : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attir
ites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions  ? Dites encore, que les discours, qui tendent dir
nvier le sort des oiseaux et des bêtes que rien ne trouble dans leurs passions , et se plaindre de la raison et de la pudeur si i
de cette nature, dont tous les théâtres retentissent, n’excitent les passions que par accident, pendant que tout crie qu’elles
vous prie, que fait un acteur, lorsqu’il veut jouer naturellement une passion , que de rappeler autant qu’il peut, celles qu’il
endant qu’on choisit les plus tendres expressions pour représenter la passion dont brûle un amant insensé, ce n’est que « par a
6 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50
ien n’est plus dangereux que d’allumer, de fomenter, de nourrir cette passion , et de détruire ce qui la tient en bride. Or, ce
on, et de détruire ce qui la tient en bride. Or, ce qui réprime cette passion est une certaine horreur que la religion, la cout
n n’affaiblit tant cette horreur que les spectacles ; parce que cette passion y paraît sans honte et sans infamie, parce qu’ell
nt aller en suivant la pente de la natures. On dira peut-être que les passions qu’on y représente sont légitimes, parce qu’elles
uite diversement, selon les différentes positions qu’il rencontre. La passion ne saisit que son propre objet, la sensualité est
raison plus grave et plus chrétienne qui ne permet point d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est qu
tude, qui est l’effet du péché, qui porte au péché ; et on flatte une passion qu’on ne peut mettre sous le joug que par des com
me au milieu des remèdes. La peinture des peines qui accompagnent les passions ne suffisent pas toujours pour faire éviter celle
oncent-ils une disposition bien prochaine à surmonter et à régler ses passions  ? Les impressions vives et touchantes, dont nous
s sentiments au besoin ? Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions effacerait-elle celle des transports de joie et d
re pour rendre leurs pièces agréables ? Ne sait-on pas que toutes les passions sont sœurs, qu’une seule suffit pour en exciter m
situations qui les amènent : car, si les poètes sont les maîtres des passions qu’ils traitent, ils ne le sont pas des passions
sont les maîtres des passions qu’ils traitent, ils ne le sont pas des passions qu’ils ont émues. Ils sont assurés de faire finir
on inclination ; et souvent, après avoir résolu de ne pas pousser les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est t
Le mal qu’on reproche aux théâtres n’est pas seulement d’inspirer des passions trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens
aire ce choix. Quand il serait vrai qu’on ne peint au théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions
irconstances s’effacent de la mémoire ; tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. Quand le p
âtre. Aussi le grand art des auteurs dramatiques est-il d’inspirer la passion de leur héros. Plus ils emploient les ressorts de
z la clef de mon cœur pour le faire entrer dans les intérêts de votre passion , l’ennui m’endormira, ou bien j’éclaterai de rire
ut ridebo, aut dormitabo » 3. L’homme sans doute ne peut exister sans passions , parce qu’il ne lui est pas donné d’ôter à son âm
plaisir et de la douleur, qui sont les principes de toutes les autres passions  ; mais il doit en faire un bon usage en les rappo
dans leurs drames qu’à exciter l’amour. Ils n’ont mis en jeu que des passions folles ou criminelles, et les plus légitimes, ils
e dont ils les ont représentées. Ils ont pu prescrire des bornes à la passion de leurs personnages, et pour cela ils n’ont eu b
s empêcher de recevoir les impressions de l’amour, ni resserrer cette passion dans les bornes du devoir en la dirigeant vers un
qui ne se livrent point à ces excès et qui mettent des bornes à leurs passions  ; il suffit d’en connaître qui ne doivent qu’à la
entôt pour tout ce qu’elle avait toujours redouté jusque là. D’autres passions naquirent de ces premiers goûts, et amenèrent en
irituel courtisan, c’est une peinture si naturelle et si délicate des passions , qu’elle les anime et les fait naître dans notre
e, dit saint Cyprien, et qui s’en retournèrent avec tout le feu d’une passion criminelle ! C’était des Pénélope que les spectac
intéresse. Ses effets sont encore moins sensibles pour ceux dont les passions sont déjà accoutumées aux émotions les plus vives
oges, ne les portent-elles pas déjà trop efficacement à cette funeste passion  ? Peut-on dire qu’on est indifférent à la vue des
elles vertueuses, pourrait-on croire qu’elles peignissent si bien les passions , si elles n’étaient point habituées à les sentir 
hasard dans la place publique, a souvent, par sa seule vue, allumé la passion dans l’âme de celui qui jette sur elle un regard
ous êtes revêtu d’une chair humaine qui s’allume plus aisément par la passion que le chaume desséché. Vous qui voyez une courti
amis, s’emporte contre ses serviteurs : de même celui qui brûle d’une passion infâme devient d’une humeur fâcheuse, sujet à mil
es, je vous le demande, peut-on imaginer, que de nourrir une pareille passion , de brûler sans cesse, de porter partout la fourn
7 (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107
CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions . Au milieu de plusieurs Temples élevés à la Di
Temple élevé aux Divinités qui règnent sur la terre, je veux dire aux passions  : n'est-il pas juste ? leur règne est bien étendu
l est certain, eh ! qui l'ignore ? que le théâtre est le triomphe des passions . L'Acteur ne cherche qu'à les émouvoir, et le spe
on y est remué : la pièce est insipide, si elle laisse tranquille. La passion , la passion, c'est le premier objet, la première,
ué : la pièce est insipide, si elle laisse tranquille. La passion, la passion , c'est le premier objet, la première, la seule Di
et, la première, la seule Divinité. « Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l'échauffe et le rem
isage, inflexion de voix, mouvements, gestes, regards, tout doit être passion . Qu'on ne voie ni Auteur ni Acteur, mais seulemen
soit transporté, et comme transformé dans l'action. Ceux qui ont des passions les y nourrissent, ceux qui n'en ont pas les y al
r la mort ? il vaudrait mieux les arracher. Nous devons combattre nos passions , et nous les excitons ; il faut écarter l'objet,
faisons un art, un métier, un bonheur. Pour peindre parfaitement les passions , l'Auteur doit commencer par les sentir, se passi
re le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion , s'en faire un art, un métier, un état de vie, y
ureur, sont-ce donc des crimes ? ce n'est point un objet réel, ni des passions réelles. On se trompe. Quelque faux que soit l'ob
réelles. On se trompe. Quelque faux que soit l'objet, l'émotion de la passion est très réelle, et cette émotion goûtée volontai
ournant sur des objets fabuleux et sans conséquence, le plaisir de la passion n'aurait rien de mauvais. Les passions peuvent êt
s conséquence, le plaisir de la passion n'aurait rien de mauvais. Les passions peuvent être tournées du côté du bien, et devenir
re cette séparation des principes, et extraire cette quintessence des passions . Je ne crois pas même qu'elle s'embarrasse de ces
du péché gronder à ses pieds sans en être atteint, l'émotion même des passions qu'il permet, qu'il excite, le plaisir de l'émoti
seul peut trouver rigoureuse cette morale incontestable ; les autres passions , moins fréquentes, moins dangereuses, obtiennent-
écidé. Cette précision du plaisir de l'émotion, et du désordre de la passion , enchérirait sur les horreurs du quiétisme. Molin
rmeté, ne met pas à l'épreuve la vertu des autres, ne remue pas leurs passions  ; le théâtre est plus zélé, il travaille à remuer
ions ; le théâtre est plus zélé, il travaille à remuer, à flatter les passions de tout le monde. Jamais il n'y eut de zèle plus
u, dans le portrait d'un Directeur qui tranquillise sa dévote sur ses passions , a fait celui d'un apologiste du théâtre qui s'ef
ffe qui couvre sa corruption de quelques paroles honnêtes. Les autres passions ne sont pas plus privilégiées que l'incontinence 
abui et abominatus sum » ; non seulement ne pas rendre les armes à la passion , mais la combattre, l'éteindre, la détruire, l'ar
flammes, on se plaît à être consumé, et on se croirait innocent ! Les passions théâtrales sont si inutiles à la vertu, qu'elles
c, ce théâtre si vanté pour la correction des mœurs et la réforme des passions , ne donne que des vertus idéales, et anéantit les
pratique aux âmes ferventes, d'exciter de nouveau les mouvements des passions que l'on vient de vaincre, la haine, la colère, l
n faux ton, sont sifflés, une mauvaise maxime est applaudie. Mais les passions les plus violentes peuvent être renfermées dans d
séquence. Trois erreurs capitales. On se croit maître de contenir les passions quand elles sont enflammées, on croit pouvoir en
faire naître sans conséquence. Que c'est mal connaître l'homme et ses passions , de se flatter qu'on en arrêtera à son gré le cou
amat periculum, peribit in illo. » Donnât-on des lois à la fougue des passions , ce qu'assurément ne permet pas de penser ce visa
a volupté ? le Dieu de sainteté pourrait-il en faire son temple ? Les passions théâtrales sont plus dangereuses que les autres.
e ? Les passions théâtrales sont plus dangereuses que les autres. Les passions réelles ne s'allument guère que séparément, la sc
ur le théâtre qui va jusqu'à l'enthousiasme, une familiarité avec les passions qui y naturalise et en rend esclaves. On en redou
yeux de la manière la plus pittoresque, ou plutôt réalise toutes ces passions de la manière la plus séduisante, et s'y donne la
e grossis les objets pour intimider les gens de bien, en appelant des passions les mouvements naturels que produit une représent
onne ce nom ; ils ne le méritent que trop. Ce sont en effet de vraies passions dans l'âme, quoique l'objet ne soit pas réel. Cel
veiller leur goût trop usé, par des nouveautés, des raffinements, des passions violentes, charger les portraits, outrer le ridic
honnêtes gens, en petit nombre, qui abhorrant la réalité des grandes passions , veulent se repaître de leur image, et en courir
gage et les sentiments de la religion, pour ne parler que celui de la passion  ; au lieu de travailler à corriger leurs vices, n
plit son cœur. Elle affecte à mesure qu'elle se met à l'unisson de la passion dominante. Un homme vain et orgueilleux est charm
ent et cent fois vaincu, non content des révoltes continuelles de ses passions , ose en goûter, en essayer de nouvelles, peut-êtr
Le stoïcien s'efforce d'acquérir une apathie supérieure à toutes les passions  ; insensible à la douleur et au plaisir, le Sage
le chef-d’œuvre de la scène est au contraire l'émotion de toutes les passions . L'apathie stoïcienne est une chimère, le Sage se
ophes amateurs et protecteurs de la comédie ! apprendre à vaincre les passions et à les exciter, donner des règles de modération
uleur, à résister courageusement au plaisir, et à faire la guerre aux passions . Le brodequin et le cothurne ne sont pas moins op
tu, pour se jeter au milieu des tempêtes et des écueils de toutes les passions  : « Desolatione desolata est terra, quia nemo est
8 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328
J’ai toujours pensé que le Théâtre était plus propre à exciter les passions qu’à les corriger, comme ses Protecteurs le préte
e seul qui embrasse et qui excite toutes les affections et toutes les passions du cœur humain ; il y a telle représentation qui
ues sont en possession d’inspirer dans le cœur des Spectateurs telles passions qu’il leur plaît : et que l’objet unique des Acte
et que l’objet unique des Acteurs est de donner à l’impression de ces passions toute la force et toute la vivacité dont leur art
illité et de repos à celui d’inquiétude, de colère, ou de toute autre passion  : sans, dis-je, examiner ces points, je me borner
dis-je, examiner ces points, je me bornerai seulement à parler de la passion d’amour, que je vais comparer dans la Tragédie du
nts de vengeance. Voilà trois Spectateurs agités de trois différentes passions  : et je conviens que leur agitation subsistera pe
vivement agités et touchés de la malheureuse catastrophe de la tendre passion que Chimène et Rodrigue ressentent l’un pour l’au
ndre passion que Chimène et Rodrigue ressentent l’un pour l’autre. La passion d’amour fait impression sur tous les hommes, et n
s encore une impression durable et permanente, pendant que les autres passions ne font qu’une impression passagère, comme si la
les autres passions ne font qu’une impression passagère, comme si la passion d’amour, plus homogène et naturelle à l’homme, te
Je crois donc qu’il faut convenir que si le Théâtre excite toutes les passions , jamais, ou rarement du moins, il parvient à en d
arement du moins, il parvient à en déraciner quelqu’une ; et comme la passion de l’amour est la plus dangereuse, parce qu’elle
9 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85
e, ou des exemples pour s’affermir dans le crime, ou des aliments des passions pour en repaître leur cœur, ou des peintures fabu
ain point, leurs penchants, qu’on y ménage, qu’on y flatte même leurs passions favorites, qu’on y donne aux vices qui leur sont
ur faire oublier la réalité ; où on les intéresse par le spectacle de passions et de malheurs qui ne soient ni trop loin d’eux n
forcer à rire de leurs propres faiblesses, ce soit sans ôter à leurs passions les espèces de dédommagements qui leur importent
nchantement. Ils flattent notre amour-propre en nous faisant voir des passions semblables aux nôtres ; et les portraits qu’ils n
onnes : ces portraits deviennent souvent des modèles. En peignant les passions d’autrui, les auteurs dramatiques émeuvent tellem
rallument même lorsqu’elles sont éteintes. Quand ils traiteraient les passions de la manière la plus honnête, cette apparence d’
’elles contiennent. Non seulement les auteurs dramatiques mettent des passions dans leurs pièces ; mais ils y mettent encore des
ettent des passions dans leurs pièces ; mais ils y mettent encore des passions fort vives et violentes ; car les affections comm
ne parle guère que devant les personnes qui ont le cœur gâté par des passions déréglées et l’esprit rempli de mauvaises doctrin
es sentiments. Cette intention ne garantit pas des mauvais effets des passions qui triomphent sur le théâtre ; c’est toujours le
mme on parlerait et comme on agirait soi-même, étant animé de la même passion  : alors le cœur prononce que le poète et les acte
, qu’on ne peut faire réussir une pièce dramatique qu’en flattant les passions des cœurs corrompus. Peut-être même qu’en recherc
ut que le théâtre enseigne et respire le plaisir, qu’il nourrisse les passions et qu’il les rende intéressantes jusque dans leur
es sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant. On veut êtr
touché par le spectacle ; la scène languit, si elle n’irrite quelques passions , et, quand les acteurs nous laissent immobiles, n
excitent l’admiration des spectateurs et insinuent dans leur cœur une passion vive et ardente, qui y fait des progrès d’autant
ier les suites funestes ; ils ne voient plus rien de honteux dans les passions , dès qu’elles ont été déguisées et embellies par
10 (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178
connoissoient pas l’amour dans les Tragédies. Les mouvemens de cette passion molle leur sembloient peu dignes de la grandeur d
le ministre & l’esclave. Ce pere de notre scène sentoit que cette passion uniforme dans ses effets comme dans ses causes, n
de la nature, à un jeune orgueilleux, qui prétend tout soumettre à sa passion . Achille ne dit à Agammemnon que des fadeurs ou d
ceux des modernes, qui ne se sont proposés que d’émouvoir les grandes passions , ayant eu à représenter le renversement des Etats
l’une & l’autre résultent principalement du choc des plus fortes passions , des combats des héros contre les tyrans, des Die
eux contre les Destins. Ce n’est point aux doucereux transports d’une passion effeminée a remplir la scène, c’est aux emporteme
haque pas l’impression que devroient faire la terreur, la pitié ou la passion principale de la piéce ? Cette passion peut-elle
ire la terreur, la pitié ou la passion principale de la piéce ? Cette passion peut-elle produire un effet durable, & laisse
l’interrompt par des huit ou dix scènes de galanterie ? Le jeu d’une passion théatrale consiste à se développer par un enchaîn
eur a présenté dans un grand jour le tableau des déreglemens de cette passion . Combien rencontrent, même à nos Spectacles, les
rtaine, si au lieu d’exprimer les savantes manieres & les grandes passions en quoi les anciens excellerent, on ne faisoit qu
assionnés. » Il est rare que les hommes soient agités de deux grandes passions dans le même tems. On n’en voit guére qui soient
eux. Si on met cette espéce de caractère sur le Théatre, l’une de ces passions a toujours le pas, & on peut remarquer parmi
uples. Telle est la source où les anciens ont puisé ces intérêts, ces passions , qui emportent nos ames comme dans des tourbillon
11 (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662
s de faire craindre de grands dangers pour la pudeur & les autres passions qu’ils peuvent faire naître. 2°. Il faut prendre
ommotion de l’esprit peu convenable à un Chrétien ; ils y blâment les passions excitées, la vanité, la parure, les vains ornemen
les spectacles, & beaucoup d’autres. Les spectacles excitent les passions que tout Chrétien est obligé de réprimer.Si nous
étien est obligé de réprimer.Si nous sommes obligés de résister à nos passions dès le commencement, nous ne le sommes pas moins
crainte, de la pitié & de l’indignation : c’est-là enfin, que les passions sont d’autant plus dangereuses, qu’on les ressent
ressions de tendresse, ce trouble & cette agitation de toutes les passions humaines ? Quelques honnêtes qu’on suppose les s
s crimes flattés & déguisés d’une maniere à les faire aimer ; les passions les plus dangereuses ménagées avec art pour les f
la déclamation, & qui ne prennent peut-être que trop souvent les passions qu’elles semblent feindre, ou du moins qui ne tra
ées ; & de jeunes personnes, avec une vertu très-foible, avec des passions fort vives & un cœur fort tendre, se croiront
tacles profanes, où est employé tout ce qui peut allumer le feu de la passion  : objets séducteurs, scènes agréables, décoration
cits pleins de tendresse, acteurs poussant les plus doux traits de la passion , concerts harmonieux, voix pénétrante, actions em
s ; où une intrigue d’amour profane, de vengeance, ou de quelqu’autre passion représentée avec adresse, nous donne de l’amorce
si punis comme eux. On se laisse aisément toucher & émouvoir des passions que des acteurs représentent & expriment.Si l
ages vivans, de vrais yeux, ou ardens, ou tendres, ou plongés dans la passion  ; que vraies larmes dans les acteurs qui en attir
rre ? Aussi que fait un acteur lorsqu’il veut jouer véritablement une passion , que de rappeller, autant qu’il peut, celles qu’i
nt aboutir au mariage.On est assez persuadé que la représentation des passions agréables porte naturellement au péché, quand ce
toujours honnête dans l’état où elle paroît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier & d’illicite ; que c
avoient de ces spectacles profanes : ceux qui étoient possédés de la passion du théâtre, reconnoissoient au moins qu’ils ne su
comédie est un métier où les hommes & les femmes représentent des passions de haine, de colere, d’ambition, de vengeance, &a
les excitent en eux-mêmes. Il faut donc que ceux qui représentent une passion d’amour, en soient en quelque sorte touchés, pend
ige nécessairement à exciter dans soi-même & dans les autres, des passions vicieuses. Il faut donc avouer que c’est un emplo
 ; & le spectateur est conduit par le plaisir de voir peintes des passions semblables aux siennes : notre amour-propre est s
ur-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi-bien que de nos personnes ; il est même si
deviennent souvent des modéles, & que la comédie, en peignant les passions d’autrui, émeut notre ame d’une telle maniere, qu
s. L’auteur d’une piéce de théâtre n’est pas le maître d’arrêter les passions qu’excite la représentation.Ce qui est de plus dé
us déplorable en cette matiere, c’est que les Poëtes sont maîtres des passions qu’ils traitent ; mais ils ne le sont pas de cell
inclination ; & souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est t
dire que le théâtre ne souffre plus rien que de chaste, & que les passions y sont traîtées de la maniere du monde la plus ho
amp; de charmes pour amolir le cœur de l’homme & pour flatter ses passions . On prend garde de n’inviter à ces assemblées, qu
s sens par mille charmes, & attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus insinuant & de plus dangereux. Le
touché par le spectacle ; la scene languit, si elle n’irrite quelque passion . Tout y concourt à séduire l’ame & à l’amolli
fanes ne sont à proprement parler, qu’une savante école de toutes les passions  ; on y fait avec éclat & avec succès des leço
xquelles les acteurs donnent un merveilleux relief, quels progrès une passion vive & ardente, insmuée avec tant d’artifice,
ublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions , dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, &
la légereté de l’esprit, de la foiblesse de la chair, de la force des passions , de la malice, & des ruses du tentateur, du d
ps de rubans dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions  ; on met enfin mille autres agrémens, où l’on cro
omédies se percent & se déchirent mutuellement par les traits des passions qu’ils représentent. Quatriéme Siécle.
âtre qui me faisoient voir les images de ma misere & le feu de ma passion , me ravissoient & me charmoient. Anima
salut ; mais comme on ne cherche qu’à s’aveugler pour satisfaire ses passions , on ferme les yeux sur les dangers que les specta
ne soit pas flétri de ce nom honteux, & on tâche d’accommoder la passion avec la conscience pour n’être pas troublé par se
t Homme est venu nous apprendre à mortifier nos sens, à combattre nos passions  ; depuis que l’Eglise nous a fait promettre à la
usent des dons du Seigneur pour y réussir ; excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils peuvent, pour les exprimer avec plu
force ? N’est-ce pas là que par des peintures vives qu’on y fait, les passions s’excitent dans notre ame, & que le cœur bien
uisant, devient aussi-tôt un acteur secret, qui tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ? Impr
On essaye dans les spectacles de cacher la honte & le crime des passions les plus criminelles.L’effet seroit moins infaill
passions les plus criminelles.L’effet seroit moins infaillible, si la passion étoit représentée dans sa difformité & avec d
i, employant toute la force de son génie à représenter quelque grande passion , sait vous amener insensiblement & par dégrès
ment & par dégrès, jusqu’à exciter en vous les mouvemens de cette passion qu’il a voulu dépeindre ? Et on regarde l’effet c
s une héroïne. Vous suivez, comme des yeux, les honteux progrès de sa passion . Vous écoutez de sa bouche ses criminels aveux, &
nuante volupté ? Il est donc manifeste que les représentations de ces passions agréables les excitent naturellement, ne fût-ce q
excitent, mais elles apprennent encore à les satisfaire. Toutes les passions de quelque espece qu’elles soient, se font sentir
e sans le vouloir ; c’est-à-dire, que tout ce qui peut satisfaire les passions , est enseigné dans cette funeste école. Or, sans
d’avantage, revenons à notre principe. Dites-moi, si tout ce jeu des passions s’allie bien avec les sentimens de l’Evangile ; s
t à ces représentations, si tout leur effet n’étoit que d’allumer des passions vicieuses ; mais de plus, elles éteignent le goût
à soi. Ceux qui le justifient en lui-même, disent que s’il excite les passions , c’est indirectement & par hasard, & qu’i
n. Réfutation de la premiere justification : Si le théâtre excite les passions , c’est indirectement & par hasard.Quand vous
tement & par hasard.Quand vous dites que si le théâtre excite les passions , c’est indirectement & par hasard, je devrois
dois plutôt vous dire que prétendre que les spectacles n’excitent les passions qu’indirectement & par hasard, c’est une très
s, quels soins ne se donnent-ils pas pour jouer au naturel le jeu des passions  ? Comme leur intention est d’en exciter en vous l
Quel peut donc être l’objet direct du spectacle, si-non d’exciter les passions , puisqu’il ne peut plaire, qu’autant qu’il les ex
l’ambition, la fierté, la vengeance, & sur-tout cette malheureuse passion , que l’Apôtre saint Paul défend de nommer parmi l
laies descendent bien avant. Il est faux que le théâtre n’excite les passions que par hasard.Ne dites donc pas que le théâtre n
passions que par hasard.Ne dites donc pas que le théâtre n’émeut les passions , que par hasard & indirectement ; il faudroit
amp; de vous rendre sensibles, bien loin de penser qu’il n’excite les passions que par hasard, il faudroit croire au contraire q
expressions libres dont il se sert de temps en temps pour allumer des passions déréglées, ces équivoques grossieres dont il égai
nt les yeux ? Les régles que l’on y donne pour arrêter les effets des passions , seront-elles capables d’effacer les mauvaises im
essions qu’elles auront faites ? n’est-ce pas plutôt l’impression des passions que le spectateur reçoit, que les régles de ces m
on des passions que le spectateur reçoit, que les régles de ces mêmes passions  ? L’Auteur peut s’arrêter où il veut par un trait
dangereuse, que de celle qui ne l’est pas ; car enfin, l’image d’une passion criminelle révolte quiconque n’a pas perdu tout s
mpressions que le théâtre.Cependant, dit-on, si le théâtre excite les passions , il n’est rien dans le monde qui ne puisse les ex
int Ambroise, la figure de notre nature agitée par les transports des passions  ? Hélas ! qu’est-ce même que l’incendie qu’une fi
irai-je le danger. Les théâtres sont le foyer où s’allume le feu des passions .Vos théâtres, oui vos théâtres : voilà le funeste
funeste foyer où s’allume & se nourrit habituellement le feu des passions qui vous dévorent. De grace écoutez-moi ; & v
nnoissez le théâtre, que par l’idée qu’un préjugé trop soutenu de vos passions vous en donne. Ce que le monde pense ordinaireme
-il rien nulle part de plus ébranlant pour le cœur, par le combat des passions qui en fait l’ame ? & ce sont des Chrétiens,
sentimens outrés, qui font de l’héroïsme une chimere, qui enflent les passions jusqu’à rendre l’homme méconnoissable à l’homme m
, pour avoir seulement altéré le caractere d’un Héros en y mêlant une passion  ; dans un temps où l’auteur le plus célebre d’Ath
on a répondu, & je le réponds encore, que si le théâtre purge les passions , forme les mœurs, c’est dans la spéculation, &
l vice a-t-il corrigé dans vous, quelle vertu y a-t-il formée, quelle passion réprimée ? Ce seroit en vérité dans le Christiani
dans les sentimens, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seule inspire, on puise plus de sentimens de vert
es égaremens d’une imagination corrompue. Mais si ce que nous nommons passion est un crime, il faut avouer, selon la belle expr
e sur le théâtre tout est crime, parce que tout y tend à autoriser la passion , à l’insinuer agréablement, & à l’imprimer fo
héroïsme corrompu par les égaremens d’un fol amour, l’amour devenu la passion des belles ames ? & plût à Dieu que des plume
Suite du même sujet.Sur-tout encore quand on vous sera remarquer la passion qui régle & conduit toutes les affaires. Vous
écompenser la vertu ; quand vous verrez enfin couronner à vos yeux la passion la plus ardente & la plus vive, rien de puni
leurs actions, leur bonheur, jusqu’à leur infortune, tout autorise la passion  : Admonentur quid facere possint, & inflamma
que de légitimes nœuds : mais vous tournerez, vous dorerez en vain la passion  ; c’est toujours cette malheureuse concupiscence
u’il insinue plus agréablement, & qu’il imprime plus fortement la passion . Oui je consens, disoit Tertullien, que tout soit
de saint Basile, qu’à vous déchirer, qu’à vous percer des traits des passions qu’elles représentent ; sans tout cela même encor
rts ? Il est bien difficile de ne pas se rendre à l’impression d’une passion bien représentée.En effet, n’est-ce pas là que l’
ur-tout mis en usage pour intéresser le spectateur à l’intrigue d’une passion , pour faire entrer dans l’ame du spectateur la fo
ue d’une passion, pour faire entrer dans l’ame du spectateur la folle passion du Héros prétendu que l’on feint enflammé ; &
je défie le cœur le plus dur de ne pas se rendre à l’impression de la passion qui est représentée. C’est bien aussi ce qu’on pr
dérober les secrets de leur cœur, l’art de nourrir, d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent. C’est-là l
grande science qu’on y enseigne, sous le beau prétexte de purger les passions & de former les mœurs. Ils en reviendront, di
uitables, hommes de cœur & de parole ; mais qui du reste dans les passions ne savent rien craindre que l’éclat, rien sauver
s tous les temps condamné les spectacles. Les spectacles excitent les passions que tout Chrétien est obligé de réprimer. Quelque
ur des gens infâmes. On se laisse aisément toucher & émouvoir des passions que des acteurs représentent & expriment. La
re. L’auteur d’une piéce de théâtre n’est pas le maître d’arrêter les passions qu’excite la représentation. Le théâtre pour être
. On essaye dans les spectacles de cacher la honte & le crime des passions les plus criminelles. Suite du même sujet L’exemp
rarement du théâtre aussi indifférent qu’on y étoit entré. Toutes les passions de quelque espece qu’elles soient, se font sentir
n. Réfutation de la premiere justification : Si le théâtre excite les passions , c’est indirectement & par hasard. L’auteur d
eux qui vont aux spectacles ? Il est faux que le théâtre n’excite les passions que par hasard. Excuse peu recevable. On ne repré
même sujet. Exorde. Les théâtres sont le foyer où s’allume le feu des passions . Ce que le monde pense ordinairement des spectacl
amp;c. Il est bien difficile de ne pas se rendre à l’impression d’une passion bien représentée. Les peres & meres ne doiven
12 (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54
CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions  ? Cette expression triviale n'est pas juste :
rait l'expliquer. Veut-on dire que la tragédie détruise en entier les passions  ? Cela n'est, ni ne peut être ; la religion même
a religion même ne le fait, ni le prescrit. L'homme aura toujours des passions . L'apathie absolue du stoïcisme est une chimère.
ient-ils ? que représenteraient-ils ? que goûteraient-ils ? Comme les passions seules fournissent les intrigues, les passions se
raient-ils ? Comme les passions seules fournissent les intrigues, les passions seules peuvent les bien rendre, et les voir jouer
s seules peuvent les bien rendre, et les voir jouer avec plaisir. Les passions sont l'âme du théâtre, dira-t-on qu'il les modère
ela ne suppose-t-il pas, ne nourrit-il pas un fonds de cruauté et les passions les plus furieuses ? Mes conjectures commencent à
s. Voilà donc les jeux de l'amphithéâtre qui se rétabliront ; quelles passions purgeront-ils ? Les amateurs du spectacle sont bi
ués d'après nature. Ressentant les premiers et tâchant d'inspirer les passions par tous les moyens dont ils peuvent s'aviser, le
es mœurs, pure charlatannerie. On commence par servir le poison de la passion , le faire mordre par le goût du péché, et on vien
vice y est ordinairement couronné ; les intrigues de galanterie, les passions , les folies, les entreprises des jeunes gens, les
toujours, et aboutissent au mariage désiré, toujours projeté par les passions , et ordinairement ménagé par des voies criminelle
et entend l'éloge. Fréron (Lettre8.) se moque de cette purgation des passions , dont on fait gratuitement une apologie et un pré
nquer son but. Tout le secret de Melpomène, c'est de faire entrer les passions que l'on joue dans le cœur des spectateurs, de l'
eignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu'à émouvoir les passions par le mélange de l'un et de l'autre. Nous metton
t le trouver, dit : « Le chercherai-je aux théâtres, Vive école des passions , Qui charment les cœurs idolâtres De leurs vaines
nq elle fatigue. Quoiqu'il en soit, le théâtre n'est que le règne des passions , l'art du théâtre n'est que l'art de les exciter,
matique est différent de l'éloquence, qui enseigne aussi à remuer les passions . L'Orateur ne remue que pour faire agir, l'Acteur
e à Philippe, Cicéron pour faire chasser Catilina et Marc-Antoine. La passion n'est que le ressort qu'on monte pour faire agir
r la machine. Racine, Corneille, Voltaire, ne veulent que plaire ; la passion n'est pour eux que le ressort du plaisir. Le spec
es de guerre pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions , ménager toutes les intrigues, traverser tous les
à des pièces où on ne verrait que des vertus ? On n'aime l'image des passions qu'autant qu'on en aime l'objet. Voici une preuve
es de Méduse et les faire regarder sans frémir. Premier artifice. Les passions sont toujours mises sur le compte de quelque pers
condamnation et sa honte. Autre artifice. Faire goûter le plaisir des passions , sans en ressentir les inquiétudes et les peines.
ir des passions, sans en ressentir les inquiétudes et les peines. Les passions réelles en causent toujours de très vives dans l'
ives dans l'acquisition, la possession, la perte de leurs objets. Les passions factices qu'on sent au théâtre, sont sans chagrin
fait un amusement. Cette émotion agréable apprivoise, accoutume à la passion réelle. Il en coûte à l'ambition une assiduité gê
d'une entière défaite ? Elle se familiarisera sans défiance avec des passions où elle espérera les mêmes douceurs, et ce ne ser
nce lui ouvrira trop tard les yeux, si même, ce qui est ordinaire, la passion ne l'a totalement aveuglée ou a pris sur elle un
er un autre, on loue une vertu pour en ridiculiser une autre, quelque passion est toujours couronnée. C'est un avare, un joueur
une servante, un bourgeois gentilhomme ; mais toujours le manège, la passion , l'emportent ; la droiture, la vertu, échouent. U
et Lucille de l'autre, et c'est toujours l'éloge et le bonheur de la passion . La piété y perd, et l'esprit du monde y gagne, e
humaine, on ne se repaît que de chimères, de frivolité, de fables, de passions , de volupté. Ce sont des enfants qui courent aprè
y domine, n'est pas toujours l'épée qui porte le coup mortel, chaque passion lance ses traits ; l'arsenal de l'iniquité, le ca
13 (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14
retenir, il en faut réprimer les faillies ; que la réprésentation des passions illégitimes ne peut que les exciter ; mais qu’est
; de quoi peut-on se plaindre sur ce point ? Le Théâtre dépouille ces passions de tous ce qu’elles ont de grossier ; il ne fait
iage pour but. Tel est le dernier retranchement des deffenseurs de la passion de l’amour dans les Spectacles, mais il ne sera p
déja établi & avoué par les plus grands maîtres de l’art, que la passion qui charme, qui transporte le spectateur, est l’o
apprend qu’on en juge au Théâtre ? Non sans doute. Des mariages où la passion ne domine pas, en sont bannis. Quel froid n’y rép
herche ces expressions tendres, ces intrigues ingénieuses, ce jeu des passions d’autant plus séduisant qu’il paroîtra plus épuré
aroîtra plus épuré. On y cherche ces larmes qu’arrache l’image de ses passions si vivement réveillées ; toute cette illusion que
14 (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130
Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions . La Tragédie ne fut pas reçue sans contradicti
e) qui quoique trop grossiere encore pour être capable d’émouvoir les Passions , allarma Solon qui s’écria en frappant du pied co
roient enfin plus haut que les Loix. Ce n’étoit point la peinture des Passions voluptueuses qu’il craignoit : il en étoit si peu
duit par celui de nos Poëtes Tragiques, qui a si bien su émouvoir les Passions . Traduction d’un passage du dixiéme Livre de la
la Raison, & ce qui le porte au contraire à s’y livrer, c’est la Passion  ? G. Cela est ainsi. S. Puis donc que le même hom
ons la même chose de l’Amour de la Colere, & de toutes les autres Passions de l’Ame qui regardent ou le plaisir ou la douleu
, ô mon Cher, ce que font les gens qui étant tombés dans de violentes passions , viennent à connoître le danger où ces passions l
bés dans de violentes passions, viennent à connoître le danger où ces passions les peuvent jetter ? Ils ont beaucoup de peine à
aisons que nous venons de dire, de peur de retomber encore dans cette passion que nous avons eue pour elle dans notre jeunesse,
endroit la Comédie, parce qu’étant une imitation des folies & des Passions de la jeunesse, elle peut entraîner à l’amour vul
es à exciter la Crainte & la Pitié, qui sont, selon lui, les deux Passions essentielles à la Tragédie. La sévérité de Pl
tote a été bien éloigné de penser qu’il étoit dangereux d’exciter les Passions , puisque quand il parle de la Tragédie, il exhort
amp; à les traiter de la maniere la plus pathétique. Persuadé que les Passions n’étoient en elles-mêmes ni des vertus ni des vic
e maniere fort obscure quand nous lui faisons dire qu’elle excite les Passions pour les purger. Avant que de chercher le sens qu
itant] la Pitié & la Terreur, purge [& tempere] ces sortes de Passions [c’est-à dire qu’en émoussant ces Passions, elle
mp; tempere] ces sortes de Passions [c’est-à dire qu’en émoussant ces Passions , elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif & d
agédie, je me contente maintenant d’examiner 1° quelles sont les deux Passions qu’il regarde comme essentielles à la Tragédie, 2
tend quand il dit (supposé qu’il l’ait dit) que la Tragédie purge les Passions . Il seroit très téméraire à moi, d’oser contredir
connoître : qu’il me soit du moins permis de proposer mes doutes. La Passion nommée par Aristote Φόβος, est avec la Pitié si e
elon lui, à la Tragédie, qu’une Piéce qui n’exciteroit point ces deux Passions , ne seroit pas une Tragédie. Nous sommes depuis l
: enfin Corneille dans son Discours sur la Tragédie, nommant les deux Passions qui en sont l’ame, suivant Aristote, nomme toujou
e, nomme toujours la Pitié & la Crainte. Athalie inspire ces deux Passions , & non pas la Terreur : elle ne seroit donc p
ment de grands crimes, & je puis par foiblesse m’abandonner à une Passion criminelle en la détestant. Une Tragédie de cette
en moi cette émotion que causent la Crainte & la Pitié. Ces deux Passions sont donc essentielles à la Tragédie, & la Te
puis aisément m’accorder avec ceux qui regardent la Terreur comme la Passion de la Tragédie. Je pense comme eux, pourvu qu’ils
ritables Principes. La Tragédie étant destinée à être la peinture des Passions les plus violentes, doit nous entretenir toujours
t être ce qui nous faisant croire qu’il regardoit la Terreur comme la Passion essentielle à la Tragédie, nous a accoutumés à re
. Mais la Piéce quoique dans le second rang est parfaite, puisque les Passions essentielles à la Tragédie sont la Crainte &
p; par conséquent cette Piéce excite d’une maniere admirable les deux Passions essentielles à la Tragédie. Les excite-t-elle pou
s Auteurs de nos Spectacles prirent-ils pour leur Sujet ordinaire, la Passion de Notre Seigneur ? Parce qu’ils n’avoient à atte
que la Tragédie excite la Crainte & la Pitié pour purger ces deux Passions  ? Lorsqu’on fait dire à Aristote que l’objet
’Odyssée que dans l’Iliade : il entend par pathétique la peinture des Passions , & par ἠϑικον la peinture des mœurs. Longin e
la Tragédie excitant la Crainte & la Pitié, opere la purgation de Passions semblables. τὴν τῶν τοιοὐτων παϑημάτων κάϑαρσῖν.
uté ceux-ci que j’ai déja rapportés, c’est-à-dire qu’en émoussant les Passions , elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif & d
pliquer ce Passage dit que la Tragédie est une Médecine qui purge les Passions , parce qu’elle apprend à l’Ambitieux à modérer so
on pas des Esclaves, mais des Rois & des Héros dans l’yvresse des Passions , pour nous apprendre dans quels égaremens nous po
c point Aristote, qui donne à la Tragédie la vertu de purger les deux Passions qu’elle excite, ou de semblables. Nous accoutume-
e desir à purger, moderer, rectifier, & même déraciner en nous la Passion qui plonge à nos yeux dans ce malheur les personn
d’Aristote, qui paroît donner à la Tragédie le pouvoir de purger les Passions qu’elle excite. Suivant le P. Brumoy la Tragédie
sur le Théâtre les miseres humaines, nous acquiert une médiocrité de Passions qui produit la tranquillité de l’ame, de même que
amp; de toutes nos miseres, doit modérer nos desirs, & regler nos Passions , continet omnem sedationem animi, dit Ciceron, hu
xcitant en nous la Crainte & la Pitié, elle parvient à purger ces Passions . Lorsqu’on entend ses Interpretes l’expliquer ain
pourquoi chercher à guérir & même a modérer dans les hommes, les Passions plus propres que les autres à les porter à la ver
nera que des conseils détestables à sa Maîtresse, quand elle saura sa Passion . Mais dans le moment qu’elle lui en entend faire
nous endurcir. Plutôt que de lui faire dire que la Tragédie purge les Passions qu’elle excite, M. Maffei, dans la Préface de sa
édie excite la crainte & la pitié, pour purger en nous toutes nos Passions . Mais si Aristote eut parlé d’une maniere si clai
pporta à Rome. §. III. La Tragédie, dont la fin est d’exciter deux Passions qui peuvent rendre les hommes meilleurs, ne devie
e. La forme Dramatique donne, dira-t-on, une trop grande vivacité aux Passions . A quelles Passions ? A la Crainte, & à la Pi
ue donne, dira-t-on, une trop grande vivacité aux Passions. A quelles Passions  ? A la Crainte, & à la Pitié. Un Poëme dont l
ient que pour rendre l’homme heureux, il est nécessaire de remuer ses Passions  ; que la Raison seule ne sert qu’à nous affliger
les distraire de leurs pensées lugubres par la Représentation de nos Passions sur le Théâtre. Le zele de cet Anglois pour la Tr
eignant de leurs vraies couleurs : nous ne songeons qu’à émouvoir les Passions , par le mélange de l’un & de l’autre. Il ajou
age passager que nous rendons à la Raison, ne détruit pas l’effet des Passions que nous avons flatées dans le cours de la Tragéd
15 (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92
es sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant. Le théâtre
t touché par le spectacle ; la scène languit si elle n’irrite quelque passion  : et quand les acteurs nous laissent immobiles, o
anes ne sont, à proprement parler, qu’une savante école de toutes les passions . On y fait avec éclat et avec succès des leçons p
uxquelles les acteurs donnent un merveilleux relief, quel progrès une passion vive et ardente, insinuée avec tant d’artifice, n
ublier les funestes suites ; on ne voit plus rien de honteux dans les passions , dès qu’elles ont été déguisées sur le théâtre, e
la légèreté de l’esprit, de la faiblesse de la chair, de la force des passions , de la malice et des ruses du tentateur, du dange
me ; on ne peut dissimuler que tout ce qui est spectacle, n’excite la passion  ; que tout ce qui concourt à ce profane divertiss
 ? Ce ne sont là que des préludes des funestes conquêtes que font les passions dans ces sortes de divertissements ; tout concour
ix, d’instruments, de machines ; et les sens, d’intelligence avec les passions , peuvent-ils laisser l’âme tranquille ? Tout ce q
eut imaginer pour séduire, et qui ajoute à l’artifice, tout ce que la passion qu’ils expriment peut inspirer. III. Comme
ssion qu’ils expriment peut inspirer. III. Comme l’amour est la passion dominante du théâtre, il est aisé de comprendre à
ire, et qui sont gagéesb pour exprimer de la manière la plus vive une passion  ; des gens qui n’ont d’autre gloire que de se dis
t d’autre gloire que de se distinguer sur un théâtre, en inspirant la passion qu’ils expriment ; des voix douces et insinuantes
, et sont très souvent des sources de réprobation : et tout ce que la passion a de plus vif et de plus empoisonné, tout ce que
exposait. A peine la solitude la plus retirée met-elle à l’abri de la passion  ; l’iniquité naît, pour ainsi dire, d’elle-même p
ent pleins de périls. Y est-on fort en garde contre les amorces de la passion  ? Le cœur y est-il bien gardé ? Et qui s’est jama
la corruption qui s’y rencontre. Et certes, en quel part du monde les passions paraissent-elles dans un plus beau jour ? Où est-
16 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294
le dessein de trouver un exemple de la façon dont il faut traiter la passion d’amour pour la rendre instructive. Le Misanthrop
Misanthrope dont nous venons de parler, n’est pas une Pièce où cette passion paraisse avec les défauts contre lesquels je me s
onné, traite l’amour suivant son caractère qui influe beaucoup sur sa passion , ce que le grand Molière n’a pas négligé en trava
ravaillant : je cherchais donc dans une Comédie un de ces excès de la passion d’amour qui portent les Amants à tout tenter pour
sur ses gardes, l’avale à long traits : on n’y voit que l’excès de la passion . Angélique est cent fois en danger de sacrifier
ue est cent fois en danger de sacrifier son bien et son repos à cette passion en concluant son mariage avec le Chevalier : j’en
; enfin on peut nommer l’amour d’Angélique plutôt une frénésie qu’une passion  ; la raison, la délicatesse et tous les égards de
Chevalier joueur, on trouvera que la punition tombe également sur la passion du jeu et sur la passion d’amour. Le Chevalier es
uvera que la punition tombe également sur la passion du jeu et sur la passion d’amour. Le Chevalier est puni en ce que n’épousa
tifier dans la vertu : et ceux qui sont tyrannisés par la malheureuse passion de l’amour, peuvent apprendre à éviter les risque
s où elle porte ceux qui s’y livrent. Lorsqu’on met sur le Théâtre la passion d’amour parvenue à de tels excès, c’est, à mon av
traits de médisance sous le nom de critique ; Et par la raison que la passion d’amour la plus irrégulière plaît sur le Théâtre
bien fondé en apparence. Il n’a donc pas même le temps d’exprimer sa passion , ni Orphise de lui faire connaître si elle y est
17 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163
ierté, de la vengeance et de l’amour passent dans le cœur. Toutes ces passions ne plaisent qu’autant qu’elles sont senties, et q
sfait si ses plaies sont profondes. « Tout ce qui est spectacle est passion  ; les sentiments ordinaires et modérés ne frapper
s images de ses maladies. Elle est flattée par tout ce qui flatte ses passions  ; elle veut sentir ce qu’elle aime, et elle aime
s chrétiens à qui on a fait connaître la nécessité de combattre leurs passions , croient qu’il leur soit permis de les nourrir, d
si fortes impressions : que sera-ce donc, quand elle sera livrée aux passions des autres, et qu’elle sera assez imprudente pour
é. Les maximes établies avec plus de soin sont les plus conformes aux passions , et par conséquent les plus fausses ; et, si un v
oués dans les autres ; enfin on ne voit plus rien de honteux dans les passions , dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce
. « Il est vrai que peu de personnes connaissent tout le danger des passions , dont on n’est ému que parce qu’on les voit ; mai
r des passions, dont on n’est ému que parce qu’on les voit ; mais ces passions ne causent guère moins de désordres que les autre
st point mêlé de ces peines et de ces chagrins qui suivent les autres passions et qui servent quelquefois à en corriger ; car ce
donnent ; et dans ceux qu’il punit selon la rigueur de sa justice, la passion qui occupe plus souvent le théâtre, je veux dire
té, si à cet égard ils ne se sentent pas affaiblis. Il y a plus d’une passion , et par conséquent plus d’un châtiment. » Pour p
18 (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438
emier essai se fit au Bourg de saint Maur ; ils prirent pour sujet la Passion de Notre-Seigneur ; cela parut nouveau : le Prévô
orables, ils érigèrent leur Société en Confrérie, sous le titre de la Passion de Notre-Seigneur. Le Roi voulut voir leurs spect
ion à une Compagnie établie à Paris, sous le titre de Confrères de la Passion de N.S. d’en représenter les mystères, et les vie
en-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eg
d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion , qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts
 ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de g
gé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Sai
ut le profit à l’utilité particulière de l’Ordre. Les Confrères de la Passion , qui avaient déja fondé dans cette Eglise le serv
ns l’étaient en l’Hôpital du saint Esprit : ainsi les Confrères de la Passion furent obligés d’abattre leur théâtre, et d’aband
r fit de très-expresses défenses, d’y représenter aucun Mystère de la Passion , ni autres Mystères sacrés : il les confirma au s
eurs privilèges, et fit défenses à tous autres qu’aux Confrères de la Passion , de jouer ni représenter aucuns jeux, tant dans l
ion à une Compagnie établie à Paris, sous le titre de Confrères de la Passion de N.S. d’en représenter les mystères, et les vie
19 (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279
Pieces de theatre ne sont propres qu’à exciter, et qu’à fortifier les passions . On n’en doutera pas si l’on considere qu’elles s
froides et pour ridicules, si elles ne touchent délicatement quelque passion , et si la representation qu’on en fait ne la rend
it ce qu’on peut pour faire que le spectateur, non seulement sente la passion que l’on represente, mais encore qu’il l’aime, qu
s que nous puissions prendre, est celui de nous rendre maîtres de nos passions , quelles qu’elles soient, de les mortifier, de le
propre qu’à produire ce funeste effet, en excitant et fortifiant les passions  ? Je suppose, en effet, une verité qui ne peut m’
en effet, une verité qui ne peut m’être contestée. C’est que plus les passions reviennent souvent, plus elles se rendent vives e
les autres. C’est de quoi personne ne doute. Par consequent plus une passion revient souvent, plus elle s’enracine dans l’ame,
ée, plus on y est assujetti. Ainsi les Pieces de theatre excitant les passions , elles font qu’on est moins en état de leur resis
rs. Ceci est d’autant plus considerable, qu’il n’y a presque point de passion qui ne paroisse sur le theatre. On y voit l’orgue
r de vengeance, la haine, la jalousie, et sur tout l’amour. Ainsi ces passions étant si pernicieuses, et produisant chaque jour
elle fait son idole. C’est un monde composé de tous les objets de nos passions , des grandeurs humaines, de tout ce qui paroît po
20 (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50
é. Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force e
e que nos Tragédies et Tragi-comédies, par la manière d'y traiter nos passions  ? Quels effets peuvent produire ces expressions a
n'étant si dissemblable qu'elles le sont. L'amour est présentement la passion qu'il y faut traiter le plus à fond ; et quelque
nières de traiter l'amour, soit qu'on le fasse servir à quelque autre passion , ou bien qu'on le représente comme la passion qui
servir à quelque autre passion, ou bien qu'on le représente comme la passion qui domine dans le cœur. Il est vrai que l'Hérode
ieu qu'il court pour ainsi dire, au-devant de celles qui flattent ses passions et qui favorisent ses désirs. Ce n'est donc plus
premier, et le second est conduit par le plaisir d'y voir peintes des passions semblables aux siennes: car notre amour-propre es
ur-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. Il est même
its deviennent souvent nos modèles, et que la Comédie en peignant les passions d'autrui, émeut notre âme d'une telle manière qu'
u'elle lui fait tenir la place d'une personne qui a été l'objet d'une passion violente, qu'une Comédienne sans beauté ne représ
ce qui est de plus déplorable, c'est que les poètes sont maîtres des passions qu'ils traitent, mais ils ne le sont pas de celle
son inclination ; et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s'est
e mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion , n'est-ce pas en quelque sens le plus grand péché
le dire que le théâtre ne souffre plus rien que de chaste, et que les passions y sont traitées de la manière du monde la plus ho
se délasse des efforts d'esprit qu'il vient de faire en traitant les passions : y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récré
n'y sont pas traitées d'une manière moins dangereuse. Comme ces deux passions ne passent dans l'esprit de ceux qui ne se condui
s exploits contre les Mores; la Comédie l'estime beaucoup plus par sa passion pour Chimène et par ses deux combats particuliers
toutes les pièces, comme il en faudrait un autre pour combattre cette passion autant qu'elle mérite de l'être. Il est donc vrai
l'être. Il est donc vrai que le but de la Comédie, est d'émouvoir les passions , comme ceux qui ont écrit de la poétique en demeu
ette cruelle guerre à l'esprit qui ne peut vivre qu'en mortifiant les passions de la chair : elles appartiennent à cette loi de
ns le même temps que la Comédie nous propose ses héros livrés à leurs passions , la Religion nous propose Jésus-Christ souffrant,
ligion nous propose Jésus-Christ souffrant, pour nous délivrer de nos passions . Ceux qui courent après les premiers, regardent J
21 (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229
ies. Si la crainte de faire naître dans le cœur de vos enfants des passions qui leur seraient funestes, vous oblige de les él
r le théâtre y témoignent tant de faible touchant l’amour, qui est la passion dominante des comédies, qu’il est bien difficile
supposer qu’une autre fille aime éperdument le jeune Prince qui a une passion violente pour la Sainte ; et qu’une mère furieuse
ère furieuse n’épargne pas le sang de cette Sainte pour satisfaire la passion de cette pauvre malheureuse ? La Sainte même dans
? La Sainte même dans la suite de la pièce vient enfin à découvrir la passion secrète qu’elle a pour un jeune homme : et quoiqu
u à ceux qui l’entendent de justifier en eux-mêmes par son exemple la passion qu’ils ressentent, et de l’entretenir sous prétex
glé comme des «  … …impressions, Que forment en naissant les belles passions  ». Et le jeune homme qu’elle aime, tout chrétie
ur la défense de la pureté de cette Sainte, tellement obscurci par la passion feinte, que l’auteur met dans ses paroles et dans
reste dans l’esprit des spectateurs est une haute idée pour la forte passion que cet Amant a eue pour la personne qu’il aimait
de suivre les désirs déréglés de la convoitise, et de satisfaire nos passions . « Car il est certain, dit ce savant homme, que l
avant homme, que la recherche des plaisirs est une des plus violentes passions de l’homme, et qu’entre les plaisirs celui des sp
ujours à la perfection, laquelle consiste dans l’assujettissement des passions à la grâce : ce qui ne se peut acquérir qu’en élo
ir. « Cependant, dit-il, les spectacles au contraire font revivre les passions dans les cœurs les plus mortifiés, ils les y rani
sont-ils moins obligés que ceux du temps de Tertullien, à quitter les passions du siècle, et à mortifier en eux les désirs qui l
à la perfection de l’Evangile, à affaiblir et à mortifier en eux les passions de la chair, et à éviter les objets qui les excit
l’adresse des Comédiens à exciter en eux-mêmes et dans les autres des passions criminelles ? Est-ce l’industrie avec laquelle le
s sont accommodés aux sujets, et rendus propres à fortifier ces mêmes passions  ? Est-ce l’artifice avec lequel le Poète y a su d
qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de thé
ependant on est d’autant plus touché, que l’on est moins guéri de ses passions . » De sorte que plus vos enfants témoigneront d’a
22 (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92
ment de l’âge le plus foible, l’enthousiasme du goût le plus vif, des passions les plus emportées de l’esprit le plus aveuglé, d
es infortunées victimes de la volupté à tous les pieges, à toutes les passions , à toutes les horreurs du vice. Aujourd’hui donc
s le péché, d’autant mieux fondée qu’on est beaucoup affoibli par les passions , les vices, les désordres passés. Il est si aisé
y a plus que le danger ; le mal augmente sans cesse, péché sur péché, passion sur passion, la dette s’accumule, la colere de Di
le danger ; le mal augmente sans cesse, péché sur péché, passion sur passion , la dette s’accumule, la colere de Dieu s’allume
e un jeune cœur, dont la concupiscence naissante, mais vive, dont les passions neuves & emportées trouvent des secours, des
la conduire à une prétendue vertu, en l’égarant dans les routes de la passion . Il est faux d’ailleurs que la comédie produise c
e especé de thermometre pour la jeunesse ; elle en fait connoître les passions , les développe & les fortifie. On doit beauco
ême penchant pour le théatre, non plus que pour les autres objets des passions . Les vices & les vertus, les inclinations &am
ntéressent pour leur salut. Comme le théatre ne nourrit pas une seule passion , mais toutes les passions & toutes les vanité
t. Comme le théatre ne nourrit pas une seule passion, mais toutes les passions & toutes les vanités du monde, le luxe, le fa
que chacun y produiroit ? quel Instituteur qui exciteroit toutes les passions dans son éleve pour juger de celles qui sont domi
age, à entendre les noms de ce que la loi condamne, ni l’apologie des passions & des crimes. Le huitieme Canon du Concile d
a comédie : Quia turba vitiorum cum eâ in animam ingredi solet . Les passions théatrales suivent le caractere des nations ; l’a
en Angleterre. Tout se naturalise & prend le goût du terroir. Ces passions portées à la brutalité, à la bile noire, à l’effe
mp; s’y avilit à force de barbarie ; elle ignore les bienséances, les passions tendres, les progrès naturels des sentimens &
rogrès naturels des sentimens & des actions, les nuances même des passions  ; elle n’est pas fiere & sévere, mais brutale
uences font aussi peu d’honneur à l’esprit des Apologistes, que leurs passions en font à leur cœur ; leur logique & leur mor
i ne s’y brise. 2.° C’est une école empestée où l’on n’expose que des passions , & les passions les plus criminelles, c’est à
C’est une école empestée où l’on n’expose que des passions, & les passions les plus criminelles, c’est à-dire de mauvais exe
e toujours défendue par l’Eglise, ce sont les mêmes sujets, les mêmes passions , les mêmes intrigues, les mêmes images. Peut-on d
s que la Chammelé sur la scene, parée, fardée, demi nue, exprimant sa passion avec la voix la plus touchante, & les graces
eaucoup plus foibles. Le cœur des jeunes gens est plus susceptible de passions de toute espece ; moins en garde contre elles, el
s, & de la nature même des spectacles, il ne faut pas allumer les passions de la jeunesse, elles n’y sont que trop vives, ni
le plaisir. A mesure que l’Acteur devient passionné, il joue mieux la passion & l’inspire, & le spectateur se montant à
it froide, ennuyeroit. Mais pourquoi réaliser & exalter ainsi les passions , c’est-à-dire, le goût du vice, l’état de l’ame d
c’est-à-dire, le goût du vice, l’état de l’ame dans le vice ? Car les passions agissantes, écoutées, senties avec plaisir, quel
une leçon à donner, une expérience à faire faire à la jeunesse ? Une passion dût-elle contribuer à en corriger une autre, ce q
e mauvaises herbes pour les arracher ? L’unique moyen de corriger les passions , c’est de ne faire grace à aucune, & de s’en
ement, & n’auront plus l’ancienne barriere de la religion, que la passion ménagée aura levée, & de la force de la vertu
n éteindre un autre, c’est préparer un embrasement total. Le jeu des passions domine sur notre théatre comme sur celui des anci
s, & même davantage, ou plutôt notre théatre n’est que le jeu des passions . L’ancien étoit plus en décoration, en magnificen
Le caractere de la nation plus sensible, la rend plus susceptible de passion , l’ancien théatre plus vaste affoiblissoit les ob
ailli est une satire des Magistrats. C’est un Juge qui n’agit que par passion , pour obtenir une fille qu’il aime. Il promet de
nnues ? C’est alors peindre Caton galant, & Brutus dameret . Les passions font tourner la tête & oublier les premieres
re, est imbu de la même doctrine. J’aurois pu supposer , dit-il, une passion au coupable, qui étoit un débauché. Je m’en suis
23 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233
essément : Vous n’y trouverez ni tendresse d’amour, ni emportement de passion , etc. Cependant, c’est l’amour qui fournit les mo
u temps de Corneille, aussi bien que de nos jours, on voulait dans la passion d’amour cette lâche faiblesse qui déshonnore notr
ns sa Préface à l’égard des tendresses d’amour et des emportements de passion . En examinant toutes les Scènes d’amour de cette
ntraire, fait éclater toute la tendresse et tout l’emportement que la passion peut inspirer ; et, si ce n’est pas devant l’obje
cé, et malgré son expérience, n’est rien moins que tranquille dans sa passion  : en sorte que je ne trouve pas qu’il y ait une a
s les fadeurs ordinaires aux Amants de Théâtre. Je ne parle pas de la passion de Pompée pour Aristie sa femme répudiée ; parce
passion de Pompée pour Aristie sa femme répudiée ; parce qu’une telle passion (quoiqu’elle puisse paraître ridicule de nos jour
droit où cette Tragédie mérite d’être corrigée, en ce qui concerne la passion de Sertorius et de Perpenna. Corneille, j’en suis
le Théâtre, que des personnages livrés à tous les emportements de la passion d’amour. Je suis même persuadé qu’il y a encore a
Poète avait marché naturellement à son action, sans donner la moindre passion à Télémaque, et en ne mettant dans le cœur d’Euri
ue pour en corriger l’abus. En examinant cette Tragédie du côté de la passion d’amour, je ne cesserai pas de remarquer ce qui a
e fille qui se détermine à épouser un homme marié, et cela plutôt par passion , que par devoir, ne peut être que d’un très mauva
e ne permet pas de se procurer un bien au préjudice d’un tiers, et la passion de Créuse, pour Jason ne tend qu’à ce but. Je sai
ermanent : ainsi je soutiens qu’il n’y a rien de si scandaleux que la passion de Créuse pour Jason marié, et sous les yeux même
iger la Pièce, en conduisant l’action à sa fin, sans le secours de la passion d’amour ; je crois être parvenu à trouver ce que
able pour le nouveau Théâtre. ROMULUS, de M. de la Motte. La passion d’amour que M. de la Motte nous présente dans la
ter. Il n’est guère possible à l’homme de garantir son cœur de toutes passions  : tout ce qu’il peut faire est de leur en dispute
s cesse, et de ne jamais y succomber : c’est pour cela que sentir une passion n’est point un crime, ne pas la réprimer, en sera
elle n’en parle pas ; parce qu’elle veut tout tenter pour vaincre sa passion . Hersilie fait donc tout ce que la vertu la plus
sévérité. Il semble d’abord que cette Pièce ne nous présente pas une passion d’amour, telle que nous la demandons pour le Théâ
e nous la demandons pour le Théâtre de la réforme ; c’est-à-dire, une passion qui porte à de si grands excès qu’elle inspire l’
deux après la mort de leur Amant. On pourrait donc en conclure que la passion d’amour de la Tragédie de Jugurtha ne doit inspir
ouver dans l’examen du Cid ; mais le cas me paraît très différent. La passion d’amour dans Artemise et dans Ilione n’inspire pa
ne et de Pyrrhus dans la Tragédie d’Andromaque. Pour ce qui est de la passion de Jugurtha, on ne peut pas disconvenir qu’elle n
nstructive par son excès ; parce que c’est le transport effréné de sa passion , qui donne la mort à son rival, à sa Maîtresse et
Sésostris, je crois qu’il faut faire naître et faire augmenter cette passion par degrés dans le cours de l’action. L’inclinati
24 (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21
IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions . Les assauts que livre la Comédie à la pudeur,
éâtre, dit un célébre Auteur, ne sont que de vives représentations de passions , d’orgueil, d’ambition, de jalousie, de vengeance
bles d’entrer dans les ames les mieux nées ; & l’imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corr
qui nous transforme en quelque sorte, & nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée. Quels reproches d’aprè
pression. Auroit-on oublié combien sont profondes les racines que les passions ont jettées dans le cœur ? Ignoreroit-t-on que ce
s que les passions ont jettées dans le cœur ? Ignoreroit-t-on que ces passions sont excitées par les maximes, ainsi que par les
sensible ce raisonnement, qui frappe également sur toutes les autres passions représentées au Théâtre, & dans le détail des
25 (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33
eur de leurs lèvres, par leur chant, par leur habileté à peindre les passions , à se jetter dans leurs lacets , comme un oiseau
séparable de l’assistance au Spectacle. N’eût-on pris aucune part aux passions dangéreuses qui y sont réprésentées, on est coupa
il ne touche, il n’enchante que parce qu’on voit, qu’on sent dans la passion réprésenté Conf. L. 3. ch. 2. l’image, l’attrai
ctateurs un Théâtre secret, où chacun est Acteur & joue sa propre passion  ; & c’est ce qui donne le vif & le piquan
tacle ; c’est ce qui y porte avec tant d’ardeur. Or quelles sont les passions qu’on réprésente à la Comédie ? On l’a déjà dit :
uses, les plus amies de la corruption du cœur de l’homme. Ce sont ces passions qu’il plaît au monde d’appeler délicates, mais qu
aillée, plus les Acteurs seront habiles dans leur art, & plus ces passions plairont, plus leur impression sera vive. On les
26 (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76
n’étant si dissemblable qu’elles le sont. L’amour est présentement la passion qu’il y faut traiter le plus à fond ; et quelque
ières de traiter l’amour ; soit qu’on le fasse servir à quelque autre passion , ou bien qu’on le représente comme la passion qui
servir à quelque autre passion, ou bien qu’on le représente comme la passion qui domine dans le cœur. Il est vrai que l’Herode
eu qu’il court, pour ainsi dire, au-devant de celles qui flattent ses passions , et qui favorisent ses désirs. Ce n’est donc plus
premier, et le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes des passions semblables aux siennes : car notre amour propre e
ur propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. Il est même
its deviennent souvent nos modèles, et que la Comédie en peignant les passions d’autrui, émeut notre âme d’une telle manière qu’
u’elle lui fait tenir la place d’une personne qui a été l’objet d’une passion violente, qu’une Comédienne sans beauté ne représ
ais ce qui est plus déplorable, c’est que les Poètes sont maîtres des passions qu’ils traitent, mais ils ne le sont pas de celle
son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est
e mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion  ? N’est-ce pas en quelque sens le plus grand péch
le dire que le Théâtre ne souffre plus rien que de chaste, et que les passions y sont traitées de la manière du monde la plus ho
se délasse des efforts d’esprit qu’il vient de faire en traitant les passions . Y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récré
n’y sont pas traitées d’une manière moins dangereuse. Comme ces deux passions ne passent dans l’esprit de ceux qui ne se condui
exploits contre les Maures ; la Comédie l’estime beaucoup plus par sa passion pour Chimène, et par ses deux combats particulier
toutes les Pièces, comme il en faudrait un autre pour combattre cette passion autant qu’elle mérite de l’être. « Il est donc v
tre. « Il est donc vrai que le but de la Comédie, est d’émouvoir les passions , comme ceux qui ont écrit de la Poétique en demeu
ette cruelle guerre à l’esprit qui ne peut vivre qu’en mortifiant les passions de la chair : elles appartiennent à cette loi de
ns le même temps que la Comédie nous propose ses Héros livrés à leurs passions , la Religion nous propose Jésus-Christ souffrant
eligion nous propose Jésus-Christ souffrant pour nous délivrer de nos passions . Ceux qui courent après les premiers, regardent J
ependant on est d’autant plus touché, que l’on est moins guéri de ces passions . L’Auteur conclut de ces principes, que plus les
iveté, à la mollesse, aux artifices, et aux déguisements. Ce sont les passions qui se fortifient par les Représentations des Thé
es Vers et ces Chansons misérables, qui touchent et entretiennent ses passions , aux vérités que ces Livres saints lui découvrent
27 (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267
ans ces Spectacles ? Des hommes & des femmes qui representent des passions de haine, de colere, d’ambition, de vengeance, &a
tout ce qui en favorise le cours. Y a-t-il rien qui flatte plus cette passion , que tout ce qui se voit & tout ce qui se dit
Comedie, où l’amour paroît d’une maniére, qui au lieu de rendre cette passion horrible, est capable de la faire aimer. L’esprit
a voit avec plaisir : mais peut-on sans danger, voir avec plaisir une passion qu’on ne doit point avoir ? & n’approuve-t-on
de la Comedie. C’est en nous refusant tout ce qui peut favoriser nos passions , & les flatter, & non pas en nous dissipa
es premiers effets de la Comedie. L’aversion qu’on avoit d’aimer avec passion , servoit comme de remparts, qui fermoient l’entré
les. Vous appercevez-vous que les Comedies n’excitent pas en vous des passions violentes ? vous ne devez pas pour cela vous croi
’ils ne sentent point : par là ils s’engagent insensiblement dans des passions qu’ils ne vouloient que contrefaire. C’est là un
ond de notre nature est corrompu, que nous entrons dans ces sortes de passions qui nous sont representées. Elles excitent en nou
tirer notre haine, elle attire notre amour ; & c’est ainsi qu’une passion , qui ne causeroit que de l’horreur si elle étoit
mp; que nous remet-on devant les yeux dans les Comedies, que d’autres passions embellies de même, & dont les images nous pla
tre. On n’y veut que les images des vices les plus violens, & des passions les plus animées. La pauvreté, la patience, l’hum
us froid sur le théâtre, que l’image d’un mariage Chrétien, dégagé de passions de part & d’autre. On veut que dans tout ce q
faire réussir. N’apprend-on point par là aux personnes qui auront la passion de se marier, de se servir des mêmes adresses pou
ection, qu’elles y sont de grands obstacles. Ne remuent-elles pas nos passions , & ne nous déreglent-elles point ? Rien sans
28 (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97
e de prêter sa plume au relâchement, à la corruption des mœurs, à des passions avec lesquelles le Christianisme est tout-à-fait
r cœur le venin de la séduction, à faire revivre en un mot toutes les passions que le Sauveur a combattues, entretenant vous-mêm
’état & de conduite. Commençons. Le Paganisme étoit fondé sur les passions du vieil homme, le Christianisme les a détruites,
ité, tantôt l’amour des richesses ; vous y rencontrez l’aiguillon des passions & la théorie de tous les crimes. Là, dit S. C
iez contester. Le grand art des Auteurs dramatiques est d’inspirer la passion de leurs Héros. Que1 dans tous vos discours la
’inspirer la passion de leurs Héros. Que1 dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l’échauffe & le
la clef de mon cœur, pour le faire entrer dans les intérêts de votre passion , l’ennui m’endormira, ou bien j’éclaterai de rire
astes dans l’Amphithéâtre, qui s’en retournent avec tout le feu d’une passion criminelle ? C’étoit des Pénélopes, dit agréablem
peignant de leurs vraies couleurs, nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre, & le
e nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. Nous instruisons un mome
29 (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12
si les plaies descendent bien avant. X. Tout ce qui est Spectacle est passion . Les sentiments ordinaires et modérés ne frappera
s images de ses maladies. Elle est flattée par tout ce qui flatte ses passions . Elle veut sentir ce qu’elle aime, et elle aime c
Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions , croient qu’il leur soit permis de les nourrir, d
qu’à sa mémoire ; que sera-ce donc quand sa faiblesse sera livrée aux passions des autres, et qu’elle sera assez imprudente pour
es qui y sont établies avec plus de soin, sont les plus conformes aux passions , et par conséquent les plus fausses ; et si le vi
oués dans les autres. Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce q
XVII. Il est vrai que peu de personnes connaissent tout le danger des passions , dont on n’est ému que parce qu’on en est le Spec
st point mêlé de ces peines et de ces chagrins qui suivent les autres passions , et qui servent quelquefois à en corriger : car c
donnent ; et dans ceux qu’il punit selon la rigueur de sa justice, la passion qui occupe le plus souvent le Théâtre, je veux di
té, si à cet égard ils ne se sentent pas affaiblis. Il y a plus d’une passion , et par conséquent plus d’un châtiment. En voilà
30 (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217
int Ambroise, la figure de notre nature agitée par les transports des passions . Hélas ! mes Freres, qu’est-ce même que l’incendi
oyer où s’allume, s’attise & se nourrit habituellement le feu des passions qui vous dévorent. Honorez-moi, je vous supplie,
onnoissez le théâtre que par l’idée qu’un préjugé trop soutenu de vos passions vous en donne. Examinons donc aujourd’hui ce que
-il rien nulle part de plus ébranlant pour le. cœur par le combat des passions qui en fait l’ame ? Et ce sont des Chrétiens, con
de sentiments outrés qui sont de l’héroïsme une chimere, enflent les passions jusqu’à rendre l’homme méconnoissable à l’homme m
ur avoir seulement altéré le caractere d’un héros par une intrigue de passion  ; alors on vit le plus célebre Auteur d’Athènes c
dit, on a répondu, je le réponds encore, que si le théâtre purge les passions , forme les mœurs, c’est dans la spéculation, non
uel vice a-t-il corrigé en vous, quelle vertu y a-t-il formée, quelle passion réprimée ? Ce seroit, en vérité, dans le Christia
dans les sentiments, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seul inspire, on puise plus de leçons de vertu qu
s égarements d’une imagination corrompue. Mais si ce que nous nommons passion est véritablement un crime, il faut avouer que, s
sur le théâtre, tout est crime ; parce que tout y tend à autoriser la passion , à insinuer agréablement, à imprimer fortement la
utoriser la passion, à insinuer agréablement, à imprimer fortement la passion . Suivez-moi, Messieurs ; il ne faut ici que du dé
éroïsme corrompu par les égarements d’un fol amour, l’amour devenu la passion des belles ames ? Et plût à Dieu que des plumes h
e langage de tout théâtre ? Sur-tout, quand on vous fera remarquer la passion qui regle & conduit toutes les affaires ; vou
récompenser la vertu, quand vous verrez enfin couronner à vos yeux la passion la plus ardente & la plus vive, rien de puni
leurs actions, leur bonheur, jusqu’à leur infortune, tout autorise la passion  : Admonentur quid facere possint, & inflamma
times nœuds. Mais, Messieurs, vous tournerez, vous ornerez en vain la passion  ; c’est toujours cette malheureuse concupiscence,
amp; parce qu’il insinue plus agréablement, imprime plus fortement la passion . Oui, je consens, disoit Tertullien, que tout soi
ssion de Saint Basile, qu’à vous percer, vous déchirer des traits des passions qu’elles représentent : sans tout cela, dis-je, q
vous en plaignez tous les jours ; cependant tout y tend à calmer les passions . Dans un lieu où tout les excite & les enflam
ur-tout mis en usage pour intéresser le spectateur à l’intrigue d’une passion , pour faire entrer dans l’ame du spectateur la fo
ue d’une passion, pour faire entrer dans l’ame du spectateur la folle passion du héros prétendu que l’on feint enflammé ; &
je défie le cœur le plus dur de ne pas se rendre à l’impression de la passion qui est représentée. C’est bien aussi ce qu’on pr
her les secrets de leur cœur, l’art de nourrir & d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent. C’est là,
grande science qu’on y enseigne, sous le beau prétexte de purger les passions & de former les mœurs. Ils en reviendront, di
s certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions , dans lesquelles on est obligé de mieux entrer po
tables, hommes de cœur & de parole ; mais qui, du reste, dans les passions ne savent rien craindre que l’éclat, rien sauver
31 (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398
t il n’y eut plus de Stances ; la Scène fut occupée par le combat des passions nobles ; les intrigues, les caractères, tout eut
it à vieillir. Ce premier Tragique avait pour ainsi dire raproché les passions des Anciens, des usages de sa Nation ; Racine, pl
euses de nos Pères, il donna des Tableaux délicats de la vérité de la passion qu’il crut la plus puissante sur l’âme des Specta
ir pas y donner son attache : mais Racine, né avec la délicatesse des passions , un goût exquis, nourri de la lecture des beaux m
sons pas nos amis dans les Personnages du Poète Tragique : mais leurs passions sont plus impétueuses ; & comme les loix ne s
assions sont plus impétueuses ; & comme les loix ne sont pour ces passions qu’un frein très-faible, elles ont bien d’autres
sions qu’un frein très-faible, elles ont bien d’autres suites que les passions des Personnages du Poète Comique. Ainsi la terreu
édie, que de peindre le vice en beau ; ce but doit être de purger les passions , en mettant sous nos yeux les égaremens où elles
obligation de leur art. Quand je dis que la Tragédie doit purger les passions , j’entens parler seulement des passions vicieuses
e la Tragédie doit purger les passions, j’entens parler seulement des passions vicieuses & préjudiciables à la Société ; &am
; on le comprend bien ainsi. Une Tragédie qui donnerait du dégoût des passions utiles à la Société, telles que sont l’amour, l’a
r les Poètes de choisir pour sujet de leurs imitations les effets des passions qui sont les plus générales, & que tous les h
& que tous les hommes ressentent ordinairement : or de toutes les passions , celle de l’amour est la plus générale ; il n’est
32 (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3
ources les plus fécondes de la corruption, je ne parle que des autres passions dont il nourrit, dont il allume tous les feux. A
le purge des infamies de l'impureté ; comme si l'amour était la seule passion qu'il excite, ou la seule qui soit à craindre ! L
en France. Et y eût-il même par hasard quelque pièce dégagée de toute passion , ce qui ne doit pas être, puisqu'elle serait froi
st pas difficile de montrer que le théâtre remue et excite toutes les passions . Il s'en fait une vertu et un mérite ; c'est par
der que c'est un mal ; on ose avancer même que c'est un bien, que les passions se servent mutuellement de remède, qu'on ne les m
t une ancienne, et ne portait pas à l'âme un coup mortel ! Il est des passions sombres et tristes. Il en est de légères et réjou
33 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180
e sentiment. L’art s’y épuise à rafiner les plaisirs, à favoriser les passions , à faire entrer la volupté par tous les sens. Ce
leau du monde est plus dangereux que le monde même. Dans le monde les passions sont séparées ; le théatre les rassemble, les com
qui éblouit, ni ces décorations qui charment, rien n’y plairoit sans passion . Ce sont les mœurs du siecle, c’est le monde, dit
a jeunesse, à mépriser les parens, &c. Le diable remue toutes les passions des Acteurs & des spectateurs, & en fait
e passage est facile, rapide, inévitable. La foi s’éteint des que les passions dominent. Les vrais incrédules sont les passions,
s’éteint des que les passions dominent. Les vrais incrédules sont les passions , & les passions sont les apologistes du théat
passions dominent. Les vrais incrédules sont les passions, & les passions sont les apologistes du théatre. Le théatre est à
s, & leurs goûts les mêmes. Le cœur séduit se fait un Dieu de ses passions , désire qu’il n’y ait point d’enfer, & enfin
spectacles profanes rassemblent tout ce qui peut allumer le feu de la passion . Objets séduisans, scènes agréables, décorations
aits pleins de tendresse, Acteurs poussant les plus doux traits de la passion , concerts harmonieux, voix pénétrantes, actions e
parti que vous défendez devant le monde ? Tout ce qui peut flatter la passion y est mis en œuvre, tout l’art y est employé pour
passion y est mis en œuvre, tout l’art y est employé pour exciter une passion que nul art ne peut amortir, & vous présumez
é dans la complaisance que vous y prenez, quand vous seriez exempt de passion  ; péché dans les suites inévitables, pensées crim
e jamais ; où une intrigue d’amour, de vengeance, ou de quelque autre passion , représentée avec adresse, est une amorce pour le
34 (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126
plus agreables divertissemens, celuy qu’ils recherchent avec plus de passion , & qui les occupe le plus agreablement, est l
de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion , qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. Je v
monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. Comme la passion qu’on a pour ces sortes de choses est naturelle &
r du peché mortel ne soit pas capable d’arrêter leur curiosité, ni la passion qu’ils ont pour une chose, où il est facile d’y t
lle, rien ne peut être un motif suffisant pour reprimer cette ardente passion . Je vous diray donc, encore une fois, que quoyque
à vôtre foiblesse, à vôtre âge, & à vôtre naturel susceptible des passions les plus dangereuses ; vous commettez donc un pec
s & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un si
us vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions  ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a p
ief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion , à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-
temps ? C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais c
cles si galants & si enjouez, n’est-il pas capable d’inspirer une passion , que l’on cache avec tant de soin, & que l’on
ous ses attraits ? Ce qui en fait le sujet, n’est-ce pas toûjours une passion d’amour, conduite par une intrigue ingenieuse, qu
ulent plaire & être écoutez avec applaudissement, expriment cette passion vivement ? & pour cela ; qu’ils l’impriment e
Si donc, ceux qui ne ressentent déja que trop les atteintes de cette passion , cherchent encore à l’exciter par les yeux &
isoit un grand Saint. Je continuë donc de parler de ceux que la seule passion du plaisir a inventez, qui sont les mêmes qui dev
e avec ardeur. Or, comment les aimer, s’y plaire, les rechercher avec passion , sans reprendre ce qu’on a quitté, & à quoy l
r que leur cœur en soit fort dégagé, lorsqu’il marque y avoir tant de passion  ? ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur
nocentes, vû que les plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse
d’honneur, pour lequel on expose sa vie dans un combat singulier, la passion de dominer, & de s’élever par toutes sortes d
si noblement exprimées ? Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui
e de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspir
tous les hommes ; que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion , que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi da
orte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu
ncontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailli
me que peut-être vôtre esprit occupé presentement d’autres soins, ces passions dangereuses ne se font point sentir, ou que vous
aces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ? Heureux donc encore
35 (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56
plus agreables divertissemens, celui qu’ils recherchent avec plus de passion , & qui les occupe le plus agreablement, est l
de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion , qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. Je v
monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. Comme la passion qu’on a pour ces sortes de choses est naturelle &
e le peché mortel ne soit pas capable d’arrêter leur curiosité, ni la passion qu’ils ont pour une chose, où il est facile d’y t
lle, rien ne peut être un motif suffisant pour reprimer cette ardente passion . Je vous diray donc, encore une fois, que quoyqu
nature, eû égard à vôtre âge, & à vôtre naturel susceptibles des passions les plus dangereuses ; vous commettez donc un pec
s & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un si
us vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions  ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a p
ief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion , à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-
e tems ? C’est, Messieurs, un pretexte, je l’avoüe, dont on flatte la passion que l’on a pour ces sortes de spectacles ; mais c
cles si galants & si enjouez, n’est-il pas capable d’inspirer une passion , que l’on cache avec tant de soin, & que l’on
ous ses attraits ? Ce qui en fait le sujet, n’est-ce pas toûjours une passion d’amour, conduite par une intrigue ingenieuse, qu
ulent plaire & être écoutez avec applaudissement, expriment cette passion vivement ? & pour cela, qu’ils l’impriment eu
Si donc, ceux qui ne ressentent déja que trop les atteintes de cette passion , cherchent encore à l’exciter par les yeux &
isoit un grand Saint. Je continuë donc de parler de ceux que la seule passion du plaisir a inventez, qui sont les mêmes qui dev
e avec ardeur. Or, comment les aimer, s’y plaire, les rechercher avec passion , sans reprendre ce qu’on a quitté, & à quoy l
r que leur cœur en soit fort dégagé, lorsqu’il marque y avoir tant de passion  ? ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur
nnocentes, vû que le plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse
d’honneur, pour lequel on expose sa vie dans un combat singulier, la passion de dominer, & de s’élever par toutes sortes d
si noblement exprimées ? Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui
e de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspir
tous les hommes, que vous n’avez rien à craindre des surprises d’une passion , que les Solitaires mêmes, aprés avoir blanchi da
orte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu
ncontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailli
me que peut-être vôtre esprit occupé presentement d’autres soins, ces passions dangereuses ne se font point sentir, ou que vous
aces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ? Heureux donc encore
36 (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TABLE DES CHAPITRES. » pp. 3-4
TABLE DES CHAPITRES. CHAP. I. Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramat
Tragedie est-elle utile ? Platon condamne toute Poësie qui excite les Passions . §. I. Aristote exhorte les Poëtes à exciter la
tes à exciter la Crainte & la Pitié qui sont, selon lui, les deux Passions essentielles à la Tragédie. §. II. Aristote a-t-
ue la Tragédie excite la Crainte & la Pitié, pour purger ces deux Passions  ? §. III. La Tragédie dont la fin est d’exciter
s deux Passions ? §. III. La Tragédie dont la fin est d’exciter deux Passions qui peuvent rendre les Hommes meilleurs, ne devie
37 (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XVIII. Sentiment d’Aristote.  » pp. 66-68
ibuer à la tragédie une manière qu’il n’explique pas, de purifier les passions en les excitant (du moins la pitié et la crainte)
ient trop ému. Ce n’est pas qu’on y jouât alors comme parmi nous, les passions des jeunes gens : nous avons vu à quel rang on le
en général, que des pièces d’un si grand mouvement remuaient trop les passions , et qu’elles représentaient des meurtres, des ven
est de rendre à la fin le cœur humain plus sensible aux objets de ces passions  ? Mais laissons, si l’on veut à Aristote, cette m
aisons : il nous apprendra du moins qu’il est dangereux d’exciter les passions qui plaisent ; auxquelles on peut étendre ce prin
38 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116
ragédies, Comédies, ou autres de quelque genre que ce puisse être, la passion d’amour, telle qu’il est d’usage de la représente
Auteur trouvait le secret de donner des instructions utiles sur cette passion , en sorte que les Spectateurs puissent en devenir
dmet celles où sont représentées la haine, la vengeance et les autres passions  ; lorsque ces passions, loin d’être approuvées ou
résentées la haine, la vengeance et les autres passions ; lorsque ces passions , loin d’être approuvées ou victorieuses, ne peuve
rtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corr
 ; le second et le cinquième. Dans le second, j’exclus tout à fait la passion d’amour des Pièces qu’on écrira pour le nouveau T
connu d’autres Spectacles que ceux où l’amour sert de base, où cette passion anime les intrigues, où elle détermine presque le
que leur génie n’aura plus de quoi s’exercer : que leur ôter la seule passion qui est généralement goûtée, c’est vouloir leur i
t par la corruption du siècle, à célébrer sans cesse et uniquement la passion d’amour. D’ailleurs, ils connaissent trop bien l’
uité pour ne pas savoir que les Grecs n’ont presque point placé cette passion dans leurs Poèmes dramatiques ; et que, lorsqu’il
39 (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152
ous faire venir cette pensée, lui qui entend si bien à conduire cette passion entre deux Amants. TIMANTE. Je sais qu’il est i
able en cela, mais il a bien fait voir que l’amour n’est pas la seule passion qui puisse réussir sur le Théâtre : et l’on peut
ne sont pas ceux où Achille, Iphigénie, et Eriphile, parlent de leur passion . Agamemnon, et Clytemnestre m’intéressent bien da
s ? et n’en ressentait-on pas la violence et les emportements ? Cette passion était aussi forte alors qu’elle l’est aujourd’hui
sez instruit par l’exemple de ce grand homme, de la violence de cette passion , pour en pouvoir faire une peinture délicate dans
niennes. Son Antigone aurait paru avec d’autres intrigues et d’autres passions que celles dont il l’a embellie. Ayant à faire vo
scriptions si basses, et de l’autre, des sentiments si héroïques, des passions si tendres, et des pensées si nobles, j’ai de la
rsonnage Amoureux qui soit froid et languissant ; car représenter une passion et ne la représenter qu’à demi, c’est une des plu
nter qu’à demi, c’est une des plus grandes fautes de la Tragédie. Une passion doit avoir toute son étendue, sans cela on est tr
vous entendez tout ce qu’ils se disent pour se témoigner leur ardente passion , quel effet pensez-vous que cela fasse dans l’esp
ertueuses, et que jamais ils ne se témoignent ainsi mutuellement leur passion dans toute sa force, qu’il n’y ait quelque puissa
e peut redresser le cœur de ceux qui s’abandonnent aveuglément à leur passion . TIMANTE. Cette vertu a des effets bien différe
mme un Spectacle, c’est l’amour seul qui la rend mauvaise. Les autres passions ne sont point si engageantes ; la tendresse d’un
e, puisque naturellement on a de l’horreur pour le dérèglement de ces passions  ; on s’y porte avec moins d’ardeur, et jamais on
qui est dans Euripide, et le faire entrer dans l’intrigue par quelque passion aussi forte que l’amour ; on pouvait même tirer O
soutenues par d’autres beautés que celles que vous trouvez dans cette passion . Et si vous vouliez prendre la peine d’examiner c
voient. Pourquoi donc voulez-vous qu’on ne puisse se passer de cette passion , si les Héros dont j’ai parlé, ont plu malgré l’e
nt plu malgré l’entêtement où l’on est, et s’ils ont plu par d’autres passions , ne peut-on pas trouver, sans l’amour, de quoi so
t pas les Savants, puisqu’une Tragédie arrive à sa fin par les autres passions , encore mieux que par l’amour. La fin d’une Tragé
fureurs d’un Tyran, la jalousie, la vengeance, la haine et les autres passions sont les causes ordinaires de la terreur. Voulez-
esprits ? C’est parce que les Grecs ne s’attachaient qu’à ces grandes passions . CLEARQUE. Je crois sur votre parole tout ce que
appe les esprits dans les Tragédies Grecques est produit par d’autres passions que l’amour. Cette Tragédie dont la représentatio
du tout d’amour, pourvu qu’elle fût bien conduite, et que les autres passions y fussent bien mêlées. CLEARQUE. C’est la moind
ne peinture de la vie civile qui a été inventée pour le règlement des passions  ; c’est sur ce principe qu’il faut travailler les
on fit le siècle passé, pour défendre aux Comédiens de représenter la Passion de Notre Seigneur, et d’autres sujets semblablesa
is pas aussi que sa faiblesse allât jusqu’à prendre de l’amour. Cette passion a je ne sais quoi qui sied mal à un Héros du Chri
les Spectateurs. Mais, excepté l’amour, il pourrait sentir les autres passions . Il pourrait aimer ou ses enfants ou son père. Il
ne leur permettrais pas de s’abandonner à leur génie en de certaines passions . Car en gardant cette modération, ils exerceront
seulement vous faire connaître que ces Histoires fournissent assez de passions et d’intrigues pour une belle Tragédie. Un Roi qu
ine à trouver de nouveaux sujets, parce qu’on veut toujours les mêmes passions . Si l’on pouvait se résoudre à sortir de l’amour 
n’y mettre point de femmes ; car, excepté l’amour, toutes les autres passions peuvent se soutenir sans elles. Par exemple, la t
Parlement de 1548 interdisant les représentations des Mystères de la Passion . ad. [NDE] En 1673, la réédition du Clovis de De
40 (1675) Traité de la comédie « XI.  » p. 290
XI. Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions , mais elles enseignent aussi le langage des passi
as seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions ; c'est-à-dire l'art de s'en exprimer et de les fa
t il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion , et voulant simplement faire paraître leur esprit
tre leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans les passions qu'elles ne faisaient au commencement que contref
41 (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153
ectacles, n’est autre que d’exciter, de nourrir & d’enflammer les passions , l’orgueil, l’ambition, la haine, la colere, la v
imer la comédie & l’opéra, si on n’a jamais eu d’amour ni d’autre passion . Le fameux Riccoboni, qui avoit monté cinquante a
t, de retraite, de silence, de suite des occasions du péché & des passions . Quoi donc ! l’Apôtre saint Jean, ép. 1, ch. 11,
pureté grossiere, sont néanmoins très-dangereux ; qu’ils excitent les passions , & qu’ils portent à la corruption des mœurs.
n conclud à la condamnation des spectacles, parce qu’ils excitent les passions , qu’ils sont contraires aux dons du Saint-Esprit,
us épuré n’est autre chose que l’art réduit en pratique de farder les passions , pour les inspirer plus sûrement, & les faire
ésistances de la pudeur. C’est le langage même, c’est la peinture des passions , mais peinture fine, naïve, pathétique, animée, &
ai jamais entendu , dit M. de Fontenelle à ce sujet, la purgation des passions par le moyen des passions mêmes. Voici l’aveu pu
de Fontenelle à ce sujet, la purgation des passions par le moyen des passions mêmes. Voici l’aveu public qu’a fait sur le même
peignant de leurs vraies couleurs. Nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre ; & l
e nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. Nous instruisons un mome
uré qu’on le suppose, est donc la véritable école des vices & des passions  ; & la censure du vice, jointe à l’éloge de l
nt rien de mauvais aux spectacles ? n’est-ce pas de ce qu’ils ont des passions plus fortes que celles qu’on y représente, &
es sources de crimes & de remords, avant-coureurs de l’enfer. Les passions humaines débitent sur le théâtre les maximes du d
42 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477
XIX. Ce qui rend l'image des passions que les Comédies nous proposent plus dangereuse,
ctateurs, elles attirent au contraire leur affection; de sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur, si elle
re cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête, et qu'on la
plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature. Cependa
omédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard
43 (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305
XIX. Ce qui rend encore plus dangereuse l'image des passions que les Comédies nous proposent, c'est que les Po
ctateurs, elles attirent au contraire leur affection. De sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur si elle é
re cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête; et qu'on la
plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature. Cependa
omédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard
44 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458
nes que la raison lui prescrit. Or en excitant par les Comédies cette passion , on n'imprime pas en même temps l'amour de ce qui
ce qui la règle: les spectateurs ne reçoivent l'impression que de la passion , et peu ou point de la règle de la passion: l'aut
ent l'impression que de la passion, et peu ou point de la règle de la passion : l'auteur l'arrête où il veut dans ses personnage
spositions qu'il rencontre ; et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereus
45 (1675) Traité de la comédie « V.  » p. 279
ient dans les bornes que la raison lui prescrit. Or en excitant cette passion par les Comédies, on n'imprime pas en même temps
ce qui la règle. Les spectateurs ne reçoivent que l'impression de la passion , et peu ou point de la règle de la passion. L'aut
ent que l'impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion . L'auteur l'arrête où il veut dans ses personnage
spositions qu'il rencontre : et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereus
46 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions. » pp. 29-31
Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions . « Le péril le plus à craindre Est celui qu’
la retenue qu’exige le devoir. Plus on est assuré du pouvoir de cette passion , plus on est obligé de le contredire ou de ne s’y
t homme sensé, qu’il n’est pas prudent de se faire un amusement de la passion de l’amour. Il faut réfléchir avant d’aimer, de p
per au feu qui le consume. Comment gouverner par prudence cette folle passion qui n’admet aucune mesure dans ses écarts. « Le c
écarts. « Le comte de Bussy, cet ingénieux courtisan, nous dit que la passion de l’amour est la plus dangereuse de toutes les f
47 (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62
des Spectacles comme le divertissement le plus propre à émouvoir les passions et à dépraver les mœurs. Ovide lui-même, que l’on
se juger. I. L’Evangile nous oblige de combattre et de mortifier nos passions  : et rien ne les excite davantage, que la fréquen
ntretenir son infâme commerce ? Le Théâtre, on le répète, excite les passions  ; il en est l’école et comme le berceau. « D’envi
Eh, qui ignore en effet que la scène languit, si elle n’émeut quelque passion  ; qu’elle perdrait même tout son attrait, sans ce
aite pas qu’on perfectionne les Spectacles, où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer. Nous avons vu qu
on. Ils savaient combien on aime à s’aveugler soi-même, et combien la passion est ingénieuse à se cacher ses progrès qui ne dev
ur manque et qu’ils sont hors de la bagatelle ; des libertins dont la passion cherche à se nourrir et à s’allumer, lorsqu’il fa
âme, où tout l’art se réduit à inspirer, à réveiller, à justifier les passions qu’il condamne ? Or, si ce ne sont pas des œuvres
e le métier de Comédien, où des hommes et des femmes représentent des passions de haine, de colère, d’ambition, de vengeance, et
s Comédiens à exciter et à imprimer en quelque sorte en eux-mêmes des passions vicieuses, pour les exprimer extérieurement par l
’elle imprime de mauvaises qualités dans l’esprit, qu’elle excite les passions , et dérègle toute l’âme. Un homme qui a bien trav
peignant de leurs vraies couleurs. Nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’un et de l’autre ; et les hom
e nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. Nous instruisons un mome
ut ce qui peut exciter leur curiosité, développer les germes de leurs passions , et les familiariser avec le vice. Ces principes
ais, dit-on, quel inconvénient y a-t-il qu’ils entendent parler de la passion de l’amour ? Il faut bien qu’ils la connaissent t
re : on doit toujours ignorer le libertinage. D’ailleurs, quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le Théâtr
nt-ils donc ni femmes, ni enfants, ni amis ? « Le Théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. » « Q
oncent-ils une disposition bien prochaine à surmonter et à régler nos passions  ? Les impressions vives et touchantes dont nous p
s sentiments au besoin ? Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions , effacerait-elle celle des transports de joie et
ur rendre leurs pièces plus agréables ? Ne sait-on pas que toutes les passions sont sœurs, qu’une seule suffit pour en exciter m
 Le mal qu’on reproche au Théâtre, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’âme à des sentim
a vertu. » « Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes,37 s’ensuit-il de là que les impression
circonstances s’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. » « On p
e plus qu’à donner une nouvelle énergie et un nouveau coloris à cette passion . On ne voit plus réussir que des romans, sous le
t, nous affaiblissent, nous rendent plus incapables de résister à nos passions , et détruisent l’amour du travail et de l’applica
ps où ecrivait Riccaboni. 37. A proprement parler, il n’y a point de passions légitimes, mais bien des sentiments légitimes. 3
48 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312
rs auprès de lui, parce qu’il n’a perdu aucune occasion de flatter sa passion pour l’argent ; il peut ajouter que son dessein e
ritent ceux qui, dans un âge mûr, n’ont pas honte de s’abandonner aux passions de la jeunesse. Et dans le personnage même de Lau
e j’ai trouvée dans tous les Théâtres de l’Europe : il y corrige deux passions , qui à la vérité paraissent rarement dans le mond
ger : tant il est constant que la malice des hommes peut se faire une passion des choses même les plus sérieuses, et en apparen
. M. Racine, avec tout l’art dont il était capable, a tourné ces deux passions en ridicule ; en forte que depuis Molière, j’ai p
ent y consentir, puisque Dandin père de Léandre est si emporté par la passion de juger, et Chicaneau père d’Isabelle par la pas
emporté par la passion de juger, et Chicaneau père d’Isabelle par la passion de plaider, il a recours à un déguisement pour fa
ermée, et la vivacité impétueuse avec laquelle ils se témoignent leur passion , méritent aussi une juste critique : et au surplu
49 (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494
intes. Mais parce que l’acteur a pour dessein principal d’exciter les passions  ; de tous les sujets il choisit ceux où elles se
esprit des assistances ; elles y laissent les idées d’un mal, dont la passion se peut servir en mille rencontres, et qu’il étai
croit assez juste de n’être point si méchante. L’amour est une autre passion , la plus vive, la plus universelle dans tous les
s, des adresses, des confidences qui trompent des yeux jaloux ; et la passion qui échappe à tous les liens, des lois, de la con
nt faible dans les cœurs, puis qu’on autorise avec tant de pompe, les passions et les désordres qu’elle condamne. On doit juger
s qui aiment cet entretien. C’est dites-vous, un plaisir d’y voir les passions naïvement bien représentées, ce plaisir vient de
’y complaire, par un jugement rassis et réfléchi, c’est accroître ses passions par celles des autres ; c’est par la vanité de ce
e, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion , dont la fin est l’incontinence, le péché, le dés
50 (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103
peignant de leurs vraies couleurs. Nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’un & de l’autre. Les homm
mmages que nous rendons quelquefois à la vertu, ne détruisent pas les passions que nous avons flattées. Nous instruisons un mome
séduit. « Je n’ai jamais, dit Fontenelle, entendu la purgation des passions , par le moyen des passions-mêmes. » « Tous ces gr
e le spectateur ne peut approuver ouvertement, & qui allument des passions dangéreuses. Elles sont de deux espèces. Celles q
tre en son cœur. Etrange contradiction ! Plus l’homme s’abandonne aux passions , plus elles lui semblent odieuses dans la représe
eproches intérieurs. Cette voix importune, étouffée par la fougue des passions , mais jamais anéantie, peut être regardée comme l
ntérieur, & l’amour propre, luttant avec zèle contre l’empire des passions , sont l’unique source de la contradiction où nous
nations. Sous cette puissance plus aimable, plus indulgente pour les passions , le rafinement présente à l’homme ces passions so
us indulgente pour les passions, le rafinement présente à l’homme ces passions sous des couleurs plus douces. Il leur ôte ce ton
51 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132
t homme est venu nous apprendre à mortifier nos sens, à combattre nos passions  ; depuis que l’Eglise nous a fait promettre de mo
usent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec
âme, où tout l’art se réduit à inspirer, à réveiller, à justifier les passions qu’il condamnebb ! » « Jésus-Christ prendrait par
orce ? N’est-ce pas là que, par des peintures vives qu’on y fait, les passions s’excitent dans notre âme, et que le cœur, bientô
uisant, devient aussitôt un acteur secret, qui, tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ? « P
lammes les plus impures ! « L’effet serait moins infaillible, si la passion était représentée dans sa difformité et avec des
i, employant toute la force de son génie à représenter quelque grande passion , sait vous amener insensiblement et par degrés ju
ous amener insensiblement et par degrés jusqu’à exciter en vous cette passion qu’il a voulu dépeindre ? On regarde l’effet comm
, comme une héroïne. On suit comme des yeux les honteux progrès de sa passion  ; on écoute de sa bouche ses criminels aveux, et
nnément aimé les spectacles, et saint Augustin l’avait guéri de cette passion . Ses amis lui proposèrent un jour d’aller avec eu
sinuante volupté ? Il est donc manifeste que la représentation de ces passions agréables les excite naturellement, ne fût-ce qu’
52 (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177
erver les bonnes mœurs par la représentation théatrale, de calmer les passions par la terreur & la pitié, & de corriger
Mais qu’est devenue leur juste sévérité ? Ils ne faisoient jouer les passions que pour les guérir ; nous ne cherchons qu’à les
pénitence la piété ravit l’un & l’autre au théatre ; l’empire des passions y étoit établi. Leurs successeurs, sans avoir leu
que divinité. Dira-t-on que c’est pour la réprimer qu’on montre cette passion dangereuse, si agréable & si féroce ? étrange
romper leur vigilance, par des engagemens clandestins, formés par une passion aveugle ; elle apprend aux femmes la coquetterie,
vite les domestiques à flatter sans pudeur, à servir sans remords les passions de la jeunesse, à voler, à tromper leurs maîtres
par la voix, le geste, les grâces, la figure, la vive expression des passions , s’efforcent de l’emporter sur l’Auteur même, enf
appareil de mollesse & de faste ! quel air de tendresse & de passion  ! quelle afféterie de parure ! quel excès de rafi
s les parties des belles-lettres ? s’y affectionne-t-on avec moins de passion  ? Voyez deux discours sur les romans & le thé
e leur enseignent en effet les romans ? est-ce à fuir, à combattre la passion  ? Au contraire on leur apprend à la faire naître,
les graces, non par une autorité directe, mais par l’ascendant de la passion  ; elles règnent sur les cœurs, leur inspirent les
qu’il est traité dans les romans & sur le théatre, où cette folle passion a établi le plus puissant empire. De quelle vanit
lonté des parens par des mariages clandestins ou forcés, que la seule passion a formés. Tels sont les funestes fruits des roman
peut plaire, pour charmer l’esprit & les sens par tout ce que la passion a de plus insinuant & de plus vif. La scène p
t son agrément sans cet artifice ; elle languit, si elle n’excite les passions  ; on veut être ému, & on ne pardonne pas aux
t-on maître de ses désirs ? Le théatre n’est qu’une savante école des passions  ; on y donne des leçons de galanteris, de fourber
urs donnent un grand relief à ces leçons flatteuses, quel progrès les passions ne font-elles pas dans des cœurs où elles trouven
sens, la foiblesse de la chair, la légèreté de l’esprit, la force des passions , la malice du démon, la suite des occasions, la h
vec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes person
onnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloir
anger la vertu la plus affermie, & l’assemblage de tout ce que la passion a de plus vif, & l’art de plus rafiné, ne ser
ccès, le luxe & la vanité sont inspirés avec plus d’artifice, les passions se montrent dans le plus beau jour, les plaisirs
imes ; l’objet plaît d’abord, la tentation suit de près, le feu de la passion s’allume, on pense au crime, on le désire, on le
53 (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328
nt les situations les plus vives, & portent dans l’âme toutes les passions qu’ils èxpriment ; les Français les appellent des
xprimée avec briéveté, qui peigne plutôt la tendresse que toute autre passion . De la Romance. Après l’Ariette, la Romanc
plutôt aléxandrins que d’une autre mesure ; il ne contiendra que des passions tragiques, & qui ont quelque chose de lent, t
la manière dont parlent les hommes lorsqu’ils sont agités de quelque passion  : il n’est supportable que dans un Spectacle enti
trop long-tems, & qu’elle ne s’arrête pas toujours à peindre des passions , il est clair qu’elle détourne l’attention du Spe
n Spectacle dont elle est l’âme & où elle seule doit èxprimer les passions  ; que dans celui où le Chant & la Simphonie n
eux placée devant & après les Ariettes de l’Opéra-Sérieux, où les passions grandes & sublimes demandent plutôt cette pré
mp; réfléchir un instant, avant d’instruire ceux qui les écoutent des passions qui les agitent ; mais un Laboureur, un Artisan,
lutôt être faite pour èxprimer avec élégance un sentiment, ou quelque passion des Personnages du Drame, que pour faire briller
& les lumieres(69). « La musique, dit M. de Voltaire, èxprime les passions , les sentimens, les images ; mais où sont les acc
du Vers peut être variée lorsque l’ariette dépeint la colère, ou des passions qui agitent violemment. Enfin il n’y a pas moins
ue c’est un retour que fait l’âme du personnage, par une suite de ses passions , sur ce qui l’affectait, ou l’agitait, l’instant
e le discours ordinaire ; or suppose-t-on qu’un homme qui èxprime ses passions , oublie tout-à-coup les principes les plus connus
ariette si on les fait arriver avec art ; si c’est la situation, les passions des personnages qui amènent la musique. Les parol
tion à la musique ne peut être sauvé que par un accroissement dans la passion , ou dans l’intérêt, qui semble appeller de lui-mê
e par conséquent il est essentiel d’en donner une idée, ainsi que des passions qu’elles dépeignent. Une autre raison encore, c’e
54 (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259
ue tous les termes y sont outrés, & que rien n’y montre une vraie Passion . A quoi il ajoute, tant mieux, la foiblesse du po
& l’ordre des mots s’y opposent souvent, surtout dans les Vers de passion , & nous obligent d’y faire deux ou trois Césu
ître, qu’elle ait produit † un monstre tel que toi. Voici comme la Passion peinte dans ces Vers conduit la voix, Adieu †
un monstre † tel que toi. Nous lisons même les Vers qui sont sans passion , tout autrement que ne le croient les Etrangers,
uer sur son corps : cependant ces deux Amans ne parlent point de leur Passion dans cette Piéce, & ne se trouvent jamais ens
très attentif, dit Longin, à traiter d’une maniere Tragique ces deux Passions , la Fureur & l’Amour. Euripide ne parle jamai
nt les fureurs de l’Amour : c’est ce que Longin appelle traiter cette Passion d’une maniere Tragique εκτραγῳδησαι, maniere si l
et est d’exciter la plus grande émotion, ne devoit point prendre pour Passion ordinaire, celle qui ne cause ordinairement qu’un
devoit occuper que la seconde : en quoi il se trompoit, puisque cette Passion étant froide, quand elle n’est qu’à la seconde Pl
tude de son Art, passa avec les Poëtes Grecs le tems de la vie où les passions sont les plus vives. Quelle fut la premiere réfor
t M. Voltaire qui nous l’apprend au même endroit : Jamais chez lui la Passion de l’Amour n’est épisodique ; elle est le fondeme
ette premiere réforme il en ajouta une seconde, il fit parler à cette Passion son véritable langage. On ne vit plus les Amans d
fit une troisiéme réforme. L’Amour avoit toujours été nommé la belle Passion des ames ; la Théodore de Corneille, toute chréti
, parloit   De ces impressions Que forment en naissant les belles Passions . Il falloit à cette passion sacrifier toutes l
Que forment en naissant les belles Passions. Il falloit à cette passion sacrifier toutes les autres. Un frere peut ceder
e tragique, & peindre dans Phedre vertueuse toute l’horreur d’une passion criminelle. Il est certain, dit M. Voltaire dans
55 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75
e but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions , de rendre aimables et de faire aimer les plus cr
-froid ; un peuple féroce et bouillant veut du sang, des combats, des passions atroces ; un peuple voluptueux veut de la musique
l’a produite ; un reste de sentiment naturel, étouffé bientôt par les passions  ; une pitié stérile qui se repaît de quelques lar
rend ses amis si misérables. « Cette habitude de soumettre à leurs passions les gens qu’on nous fait aimer attire et change t
qui les subjugue, et qu’ils imitent, n’ont d’autres vertus que leurs passions , ni d’autres mérites que leur faiblesse. Ainsi, l
r amusement et par jeu, à l’amour, à la colère et à toutes les autres passions , nous perdons toute force pour leur résister, qua
des pièces qu’on représente sur la scène ? Nous y voyons de violentes passions ennoblies avec art ; des sottises héroïques consa
d’où naissent en nous les révolutions les plus funestes. On y voit la passion la plus généralement répandue et la plus à craind
dopter les prétextes ou en répéter les excuses ; on y voit les autres passions les plus ardentes et les plus dangereuses, ces pa
it les autres passions les plus ardentes et les plus dangereuses, ces passions qui sont les secrets mobiles du cœur humain et qu
dre cet homme sensible qu’il méprisait, par s’intéresser à cette même passion dont il lui faisait un crime, par murmurer en sec
t. Une si douce image amollit insensiblement le cœur : on prend de la passion ce qui mène au plaisir, on en laisse ce qui tourm
modèles de perfection. Et comment ne s’intéresserait-on pas pour une passion si séduisante, entre deux cœurs dont le caractère
t, nous affaiblissent, nous rendent plus incapables de résister à nos passions , détruisent l’amour du travail, découragent l’ind
eignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’une et de l’autre, et les hom
ue nous rendons quelquefois à la raison ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. Nous instruisons un mome
56 (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200
car si elle gâte ce dernier, elle corrompt l’autre en y excitant les passions et les remuant avec d’autant plus de promptitude
e chant des Psaumes, on entre dans tous les mouvements et les saintes passions du chantre sacré, qu’on prie avec lui, qu’on gémi
, il est amoureux, il estime, il craint, il désire, il n’y a point de passion dont il ne sente les atteintes et les émotions. A
l’appareil de son supplice y est tout dressé par le déchaînement des passions sans qu’il l’aperçoive, tout occupé qu’il est de
. L’amour sensuel et profane qui est la plus dangereuse de toutes les passions y est la plus excitée, car la plupart des pièces
t que sur ces sortes d’intrigues, il en est l’âme et le mobile. Cette passion insensée qui fait des ravages incroyables dans le
forcé d’estimer ceux en qui ils se trouvent. A l’image animée de ces passions , il ne manque guère de s’en élever de pareilles d
in à un torrent ? Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions , parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant
rme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le
ce docte Africain, que la recherche des plaisirs sensuels est une des passions la plus violente et la plus tyranniquec de l’homm
sirs, celui des spectacles transporte davantage, ils font revivre les passions dans les cœurs les plus mortifiés, les animent, l
dant les mêmes récompenses, ne sont pas moins obligés de renoncer aux passions du siècle, de mortifier en eux les désirs déréglé
blesser l’innocence, exciter des images dangereuses, et réveiller les passions , supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements,
57 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — I.  » pp. 455-456
hommes et des femmes paraissent sur un Théâtre pour y représenter des passions de haine, de colère, d'ambition, de vengeance, et
l'on voit sur leur visage. Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendan
et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir. Ainsi la Comédie, p
uisque c'est un art où il faut nécessairement exciter en soi-même des passions vicieuses. Que si l'on considère que toute la vie
58 (1675) Traité de la comédie « II.  » pp. 275-276
ertissement des autres ; où des hommes et des femmes représentent des passions de haine, de colère, d'ambition, de vengeance, et
estes, et par les paroles. Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendan
et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir. Ainsi la Comédie pa
de vice, puisqu'elle oblige nécessairement à exciter en soi-même des passions vicieuses. Que si l'on considère que toute la vie
59 (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387
n jouir ; mais il aime infiniment plus ce qui excite dans son ame des passions séduisantes, dont l’impression le charme par un t
ure sans y être véritablement intéressé. Il en est de même des autres passions que l’action imitée par le Poëte Tragique, réveil
; sans en dire davantage sur un sujet si connu, il est certain qu’une passion vive & agréable qui ne coûteroit rien à satis
n ; & plût à Dieu qu’ils ne le fussent que dans la Tragédie ! Les passions feintes que nous y voyons, nous plaisent par les
eintes que nous y voyons, nous plaisent par les mêmes raisons que les passions réelles ; parce qu’en effet elles en excitent de
eu tort de dire dans son Epitre* à l’Auteur du Discours, Le jeu des passions saisit le Spectateur : Il aime, il hait, il pleur
ur. Mais il devoit aller plus loin, & dire que non-seulement les passions feintes nous plaisent dans la Tragédie, par celle
ne jeune spectatrice lorsqu’elle charge Venus de toute la honte de sa passion , lorsqu’elle prend les Dieux à témoin : Ces Dieu
sentiments avec plaisir dans ceux qu’on appelle des Héros ; & une passion qui nous est commune avec eux, ne paroît plus une
qui paroît d’abord innocente, soit qu’il excite ou qu’il rappelle des passions plus durables que l’action & le langage de la
la Tragédie nous plaît parce qu’elle excite en nous le mouvement des passions , elle nous plaît aussi, parce qu’elle y présente
des vertus que la Tragédie nous présente : elles allarment si peu les passions favorites du cœur humain, qu’il croit pouvoir les
s du cœur humain, qu’il croit pouvoir les concilier aisément avec ces passions . Telles sont la valeur, la générosité, la grandeu
personne qui ne se repente dans certains moments de la servitude des passions , le Poëte possede l’art d’amener, si j’ose le dir
uères d’attribuer le malheur du Héros à son imprudence plutôt qu’à sa passion  ; nous nous flattons que nous serons plus sages o
rtus sur le Théatre qui ne soient animées & soutenues par quelque passion  ; elles en empruntent le dehors, & pour ainsi
eur. Ce n’est plus la Vertu seule, c’est un mélange de vertu & de passion qui l’émeut & qui le touche. C’est par-là que
x, Epit. VII. Emouvoir, étonner, ravir un Spectateur, soit par les passions , soit par ce qui devroit les corriger, & qu’i
r de l’Homme par l’admiration ; & elle y régneroit encore, si les passions ne lui en disputoient l’empire par une autre espe
e faisons encore plus, lorsqu’elle ne trouble point véritablement nos passions  ; & comme c’est presque toujours avec cette p
urs personnes s’accommodent souvent beaucoup mieux que des véritables passions tragiques. Mais le désir d’apprendre & d’oc
nquiétude par la vûe d’un événement singulier & merveilleux ; les passions déréglées que leur image fait naître, ou rappelle
nt que trop réellement dans le cœur des Spectateurs leurs différentes passions . Jugeons par ce qui se passe dans le Poëte lui-mê
numine quando Jam propiore Dei……. Mais la fureur des Poëtes est une passion contagieuse. Elle se communique, elle pénétre dan
u’agréable ; elle frappe, pour ainsi dire, les ressorts de toutes les passions par des accords qui les excitent ou les rappellen
orbe toute autre pensée. Elle excite, elle soutient ou elle anime les passions qui affectent l’ame dans la Tragédie, & elle
ur les Spectateurs en réveillant, en fortifiant, en authorisant leurs passions . Après cela je consens très-volontiers que l’on
parfaite peinture. Elle excite en nous des sentiments plus vrais, des passions plus originales, au lieu que celles qui naissent
plus parfaite. Elle réalise sans effort tout ce qui peut flatter ses passions en les remuant agréablement. Corneille vouloit qu
nt que si le plaisir de la seconde s’y joint, notre cœur agité de ces passions douces, que l’objet réveille par lui-même, &
positions intérieures ; c’est alors que soutenus par le mouvement des passions , nous exerçons notre jugement avec un extrême pla
ieux alors, parce qu’il est bien moins offusqué de ces nuages que les passions élevent du fond de notre cœur : l’imagination seu
60 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465
de l'amour de Dieu ; et il n'en peut naître lorsque c'est un amour de passion et d'attache, qui nous fait trouver notre joie et
oir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en que
'appartient qu'à Dieu seul, en prenant plaisir d'être l'objet de leur passion . Elles sont bien aises qu'on s'attache à elles, q
langage profane que l'on appelle cajolerie, qui est l'interprète des passions , et qui dans la vérité est une sacrilège idolâtri
61 (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43
malignité ne se déclare pas toujours d’abord. Tout ce qui nourrit les passions est de ce genre… On n’y trouverait que trop de ma
ère plus délicate. Mais on ne prend plus la peine de rien cacher. Les passions s’y montrent souvent dans toute leur nudité, et c
la scène lubrique : quel sacrilége* ! Tout y est sacrifié au jeu des passions . Il ne sert de rien de répondre qu’on n’est occup
perçus. Rien de plus naturel aux pièces de théâtre, que d’exciter les passions , qui y sont représentées ; car c’est là le dessei
n’est qu’on y voit, qu’on y sent l’image, l’attrait, la pâture de ses passions , et tout cela est-ce autre chose qu’une déplorabl
devient bientôt acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion . » (Bossuet, Maximes et réflexions sur la comédie
i respecte encore la foi et les mœurs ; mais dans une question que la passion cherche à obscurcir de toutes les manières, on ne
ne peut faire réussir une pièce, ajoute Nougaret, qu’en flattant les passions des cœurs corrompus. La comédie et la tragédie me
monde, H. Houdart de la Motte appelle le théâtre une vive école des passions . Auteur célèbre d’un grand nombre de pièces, il
« L’effet du théâtre est de donner une nouvelle énergie à toutes les passions … Tout est mauvais et pernicieux dans la comédie.
des préceptes. » Nos spectacles nous ont appris à ne plus rougir des passions , dit l’illustre d’Aguesseau, les charmes des spec
t chastes, dit le savant cardinal d’Aguire, qui y sentent exciter des passions , dont elles ne s’apercevaient pas auparavant et q
ustre Fénélon dit en parlant des spectacles, qu’on n’y représente les passions que pour les allumer. » Et dans son traité sur l’
-ils le poison avec l’aliment salutaire… ils leur donnent le goût des passions . » Le célèbre évêque d’Amiens, M. de La Motte, ap
ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions , où les auteurs, les acteurs, les spectateurs con
e multiplient au salut des âmes et réprimer, s’il est possible, cette passion effrénée pour le théâtre, conformément aux dispos
sons portent plus loin, ils blâment dans le théâtre, l’inutilité, les passions excitées, la prodigieuse dissipation, etc. » On n
ut ce qui peut exciter leur curiosité, développer les germes de leurs passions et les familiariser avec le vice. Ces principes d
ais, dit-on, quel inconvénient y a-t-il qu’ils entendent parler de la passion de l’amour ; il faut bien qu’ils la connaissent t
oire. On doit toujours ignorer le libertinage. D’ailleurs quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le théâtr
62 (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50
ne sont-elles plus comme autrefois le tableau mouvant & animé des passions humaines ? ne sont-elles pas ces passions mêmes m
eau mouvant & animé des passions humaines ? ne sont-elles pas ces passions mêmes mises en jeu & en action ? ces passions
sont-elles pas ces passions mêmes mises en jeu & en action ? ces passions n’y sont-elles pas comme autrefois & plus mêm
pas lorsqu’elle se présente à nous sous l’idée du libertinage que la passion est la plus redoutable ; c’est au contraire lorsq
ent dans la comédie, ne paroissent-ils pas également asservis à cette passion impérieuse ? ne viennent-ils pas y faire éclater
dans le fond de notre cœur le principe & le goût de cette funeste passion . Mais ce penchant qui entraîne avec tant de viole
ant ici les maximes insensées qu’on débite au théâtre sur l’usage des passions , sur l’amour des plaisirs, sur l’emploi de la jeu
de plus à désirer que de les ignorer toujours. L’amour profane, cette passion si criminelle en elle-même & dans le larcin q
e-même & dans le larcin qu’elle fait à Dieu de notre cœur ; cette passion si incompatible avec la sagesse & la tranquil
i incompatible avec la sagesse & la tranquillité de l’ame ; cette passion si funeste par les ravages qu’elle cause quelquef
re elle-même, une femme désespérée de s’être vu enlever l’objet de sa passion . Les principes de votre religion ne vous inspiren
e de leurs maîtres, en favorisant par toutes sortes de tromperies les passions criminelles de leurs enfans ! étrange réformateur
à les voler, à les forcer de consentir à des alliances formées par la passion  ! étrange réformateur, qui réduit en plaisanterie
des objets si séduisans n’ont point allumé dans votre cœur le feu des passions , c’est qu’il en étoit déja tout consumé ; qu’enfi
prouve que vous avez reçu dans votre cœur l’impression de toutes les passions qu’on y représente. Car, mes Frères, c’est un pri
ésentation d’une intrigue amoureuse & à entendre le langage de la passion , c’est une preuve que cette passion n’est pas à v
& à entendre le langage de la passion, c’est une preuve que cette passion n’est pas à vos yeux ce qu’elle est à ceux de la
as à vos yeux ce qu’elle est à ceux de la religion, c’est-à-dire, une passion honteuse & criminelle : & y a-t-il donc t
criminelle : & y a-t-il donc tant de distance entre approuver une passion , l’aimer & la ressentir ? En quoi consiste d
transporte, en ce qu’il vous fait éprouver successivement toutes les passions dont les acteurs paroissent agités ? Oui, mes Frè
63 (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27
e dans sa maison son amant déguisé en valet, cet amant qui flatte les passions de son futur beau-pere pour le tromper, ce sont d
enté dans un jour agréable, excusé, loué, embelli par les graces, les passions , les immodesties des Actrices ? Ce vice dans les
ient des esclaves & des affranchis, toujours prêts à servir leurs passions , souvent les premiers à les corrompre. Les Italie
; ne donnent entrée au vice dans la jeunesse la plus innocente. Cette passion , vue de loin dans des personnes qui s’aiment, don
tout est porté à l’excès ? On n’a pas besoin d’apprendre à sentir une passion que la nature n’inspire que trop ; mais on a extr
d’obtenir le même prix. L’amour théatral est donc nécessairement une passion criminelle, qui pour instruire devroit être toujo
très-bien, & pourroient beaucoup fournir ; mais on ne voit que la passion , on la met par-tout, & on lui sacrifie tout,
ce qui peut exciter leur curiosité & développer le germe de leurs passions , & dans un âge si susceptible des impressions
miroir qui mette sous nos yeux nos foiblesses, nos erreurs & nos passions , non pour les favoriser, mais pour les corriger p
p; Lycipe dans Achille Tatius ; elle pourroit du moins corriger cette passion , & enseigner la politesse & les égards re
ont je voudrois faire usage sur la scène ; je n’adopterois jamais une passion comme celle de Chimène & de Rodrigue, & n
que des maximes dangereuses, & apprendre à métaphysiquer sur une passion dont les suites peuvent aisément devenir funestes
nd, le plus mémorable, les conquêtes d’Alexandre, les deux misérables passions d’amour d’Alexandre & de Porus, qui défiguren
à moins qu’il n’y soit puni & représenté avec horreur, comme les passions brutales de la haine & de la vengeance. 3.° O
n des anciens & des nouveaux théatres, & sur l’impression des passions que font nécessairement tous les spectacles. On r
c encore plus importans de le réformer. Tout spectacle excite quelque passion  ; le théatre les embrasse toutes, envie, haine, c
troubler la paix de l’ame & de l’accoutumer aux agitations de la passion , c’est la familiariser avec le vice ; du moins ce
venu à soi-même. Par malheur il n’en est pas ainsi de l’amour ; cette passion trop agréable, si séduisante, si naturelle, si ho
64 (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30
sseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions , employés par les Poètes dramatiques. C’est à v
nement propres à rendre les hommes plus vertueux, ni à réprimer leurs passions  : mais vous auriez dû ajouter, ce me semble, avec
, plus propres à attirer les hommes à la vertu, et à les arracher aux passions , que tous les traités de morale faits ou à faire.
faits. Les Poètes dramatiques ont-ils trouvé des moyens de purger les passions  ? Vous dites que non, et vous le prouvez par des
ersistiez à prouver que l’art dramatique ne consiste pas à purger les passions , je vous dirai aussi : lisez Britannicus. Mais si
des Rois pour Acteurs, mais non pour spectateurs, doivent purger les passions de tous les hommes, et non celles du petit nombre
 ; et vous sentez, comme moi, toute l’importance de purger en eux des passions funestes à tant de milliers d’hommes. Cependant,
sieurs pièces dramatiques, je me suis senti plus disposé à régler mes passions , qu’après avoir lu tous les Moralistes anciens et
aussi ingénument que je ne conçois pas comment « le théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. » Cette
e la respecte donc, et me contente de prouver qu’il purge en nous les passions , que nous avons, par des moyens plus sûrs, quoiqu
annit les Poètes tragiques de sa République, parce qu’ils remuent les passions trop fortement ; et comme il écrivait pour le con
lui, qui n’est qu’un homme du commun, doit tenir la bride à de telles passions , de peur qu’elles ne l’abîment dans un pareil mal
s moyens employés par les Poètes dramatiques, pour purger en nous les passions  ; l’autre, que les Auteurs, qui se contentent de
spectateurs ; de pareilles armes s’émoussent trop aisément contre des passions  : c’est la passion même du devoir, c’est l’amour
eilles armes s’émoussent trop aisément contre des passions : c’est la passion même du devoir, c’est l’amour de la vertu qui nou
65 (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146
st point là ce qu’on y voit. Tout ce qui est capable de réveiller les passions , d’exciter la concupiscence de la chair et des ye
emment sur des cordes, que voit-on dans le reste, qu’une peinture des passions , plus propre à les exciter qu’à les éteindre. Tan
e plaisir qu’il prend à voir, à entendre ce qui excite en lui tant de passions différentes ? Et, quand il serait sans passion, l
excite en lui tant de passions différentes ? Et, quand il serait sans passion , lui est-il permis de voir avec danger, et d’aime
d’entendre, de goûter ce qui agitait en vous tour à tour différentes passions , ne sont-ce pas autant de tentations ? S’il vous
66 (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130
es ; on y voit des intrigues ingenieuses & séduisantes, un jeu de passions qui gagnent le cœur des Spectateurs, en charmant
. Non-seulement on veut de l’amour en une Comédie, on exige que cette passion soit violente, que la jalousie s’en mêle, que la
s chastes. Mais ne cherche-t-on pas dans les Spectacles à flatter les passions humaines, sans toutefois choquer les bienséances 
oint révoltante, elle a besoin d’une gaze pour paroitre aimable : une passion qui causeroit de l’horreur étant vue en son état
des choses ; elle ajoute quelquefois certaines idées qui marquent la passion , c’est-à-dire, l’affection ou le mépris ; mais ce
ioient dans la Chaire, auroient-elles scandalisé sur le Théâtre ? Les passions se produisoient sur la Scène destituées de vraise
des interlocuteurs, & puise des vices réels dans le spectacle des passions imaginaires. Saint Cyprien disoit autrefois1 que
67 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85
ions de l’esprit humain ; qui nous met sous les yeux nos vices et nos passions  ; afin que nous nous voyons nous-mêmes tels que n
a vérité, un miroir qui ne pourrait servir que pour représenter cette passion  : mais il en réfléchirait du moins quelques rayon
dangereux. Au reste, quand même la Comédie moderne nous exposerait la passion d’amour, telle qu’Héliodore nous la dépeint entre
quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion , elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des
médies pourraient être en aussi grand nombre qu’il y a de vices et de passions inséparables de quelque ridicule. Et qui est-ce d
ce Courtisan ; il fut touché de le voir le jouet et la victime d’une passion honteuse, et chercha tous les moyens de le guérir
fut si honteux, qu’il renonça dans le moment, et pour toujours, à sa passion . On prétend que Cratès de Thebes ne connaissait q
68 (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82
deshonorante. On peut définir l’art du Théâtre, l’art de peindre les passions , en représentant leurs effets. Une action théâtra
y sont exposés au grand jour : le spectateur juge. Les hommes ont des passions  ; cela est certain. Elles les excitent à la vertu
leur modele. Je ne m’arrêterai point à renverser ce vain fantôme. Les passions font partie de nous-mêmes, elles nous sont essent
tement contre l’ordre établi. La meilleure raison de la nécessité des passions , c’est leur existence reconnue. Vouloir les détru
us êtes fabriqué de nouvelles armes. Pour nous prouver que certaines passions satisfaites nous semblent préférables à la vertu
nes, son attachement à la vertu qui le fait résister à la force de sa passion , le rendant digne de notre estime ; nous le plain
une compassion inutile ; & comme nous sommes persuadés que cette passion de préférence pour un seul objet, n’est pas un pe
re des fous, que les fous des sages.   On s’éclaire sur le danger des passions  ; on s’habitue à en rectifier l’usage sur les loi
e la vertu & l’humanité : on substitue le chagrin, la colere, les passions les plus incommodes à la société, à la place de l
ses surprises. Si quelque chose est capable de contenir la fougue des passions sous les loix modérées de la raison, c’est un art
, à donner une nouvelle énergie, un nouveau coloris à l’amour . Cette passion est nécessaire, & n’est, ainsi que toutes les
orte à ne pas les profaner par des excès pernicieux ; il couvre cette passion du voile de la décence. Si la modestie & l’ho
, que vous détestez, & contre les spectacles, que vous aimez à la passion . Vous êtes heureux, si cette opposition de vos se
soif de commander rend cruels, ou que des foiblesses, sous le nom de passions , rendent ridicules. Suffit-il, selon vous, d’être
par le flambeau de l’expérience, qui longtems exposée aux assauts des passions , a connu la nature des forces que la raison peut
ien de semblable à nos Tragédies & nos Comedies ; cependant cette passion devient le plus souvent chez eux une agitation vi
itoyens commît de mauvaises actions pour l’édification de l’autre. La passion de l’amour tendant à une union légitime, eût alte
en quoi elle peut être deshonnête. L’art du Comédien est d’imiter les passions . Tous les arts dont l’objet est d’imiter les pass
st d’imiter les passions. Tous les arts dont l’objet est d’imiter les passions sont-ils méprisables ? Il est exposé au jugement
ssions ce jugement ne s’exerce-t-il pas, plus ou moins ? Il peint des passions qui ne sont pas les siennes. Quel artiste n’est p
la nature. Beaucoup sont consacrés en tout ou en partie à peindre les passions . Un Poete, un Orateur, un Peintre, un Statuaire,
un Peintre, un Statuaire, un Musicien ne sont que des imitateurs des passions . Il n’en est aucune qui n’entre dans la compositi
nstant qu’ils publient leurs productions ? Le Comédien représente des passions qui ne sont pas les siennes. Parmi ceux qui culti
soit pas dans ce cas ? Tout artiste n’étoit peut-être pas affecté des passions , qu’il a représentées, avant que de s’occuper à l
les siennes. Un Orateur qui dans un discours véhément fait parler les passions , n’est-il pas obligé d’adopter, de s’approprier i
rapidité, qu’on doit l’excellence des arts. Plus un homme connoît les passions , plus il a de liberté & de vigueur pour les f
te combinaison : c’est en nous éclairant sur l’étendue du pouvoir des passions , que nous pouvons apprendre à les contenir dans l
eu desintéressé que le Comédien, qui représentoit, ainsi que lui, des passions qui n’étoient pas les siennes, pour persuader ses
69 (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65
clinations naturelles, et de donner une nouvelle énergie à toutes les passions . » Page 23. « Le Théâtre purge les passions qu’
le énergie à toutes les passions. » Page 23. « Le Théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. Ne voil
» Page 86. « Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions
circonstances l’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. [...] D’un
moralité toujours inconnue aux bêtes. Les animaux ont un cœur et des passions  ; mais la sainte image de l’honnête et du beau, n
aisément ; un sang ardent lui donne d’autres désirs ; dans l’âge des passions toutes s’enflamment au feu d’une seule, la raison
é. VI. Pour rendre le Spectacle utile, il n’y a donc qu’à choisir les passions vertueuses. VII. M. Rousseau est prié de nous fai
ertu et l’innocence des inclinations, parce qu’on peut en abuser ! La passion est en nous, ce n’est point elle que nous acquéro
t de leur société. XXXIV. Preuve admirable de leur solidité, que leur passion pour les Romans ! XXXV. Ils ne sont point sublime
renard, qu’est-ce que cela prouve ? Il s’agit ici, ce me semble, des passions et de la façon de les satisfaire. M. Rousseau acc
çon de les satisfaire. M. Rousseau accorde aux animaux un cœur et des passions comme aux hommes, voilà la ressemblance que l’on
70 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XI.  » p. 466
XI. Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions , mais elles enseignent aussi le langage des passi
as seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions , c'est-à-dire l'art de les exprimer et de les fai
t il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion , et voulant simplement faire paraître leur esprit
71 (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379
mp; les Théologiens du Paganisme, dit un célèbre Auteur(b), voyant la passion que les Peuples avoient pour les Spectacles, donn
e. Un Magistrat étoit préposé sur la Scene**. Ces Grecs donnoient aux passions un caractere d’effroi & de terreur qui les re
sité de rendre le Théâtre plus vertueux. S’il le devenoit, toutes les passions pourroient s’y montrer à découvert ; une seule en
fond du précipice, jamais au-dessus, il entraîneroit avec lui. Cette passion , si j’ose le dire, doit être représentée avec ce
; jamais l’attendrissement. Offrez en quelque sorte un cœur que cette passion a blessé, au milieu des rochers escarpés, déchiré
ent quel écœuil pour leur vertu ! Un Théâtre où après avoir puisé nos passions nationales, & les ajoutant à celles de leur p
e son temps* ne ressembloit en aucune maniere au nôtre**. Sur-tout la passion de l’amour ne faisoit pas la base des drames info
ite point qu’on perfectionne les Spectacles où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer… Il ajoute : il m
72 (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XI. Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. » pp. 105-107
i peuvent ou exciter leur curiosité ou développer les germes de leurs passions  ; c’est là que, dans un âge encore tendre et si s
ais, dit-on, quel inconvénient y a-t-il qu’ils entendent parler de la passion de l’amour ? il faut bien qu’ils la connaissent t
e croire ; on doit toujours ignorer le libertinage. Mais, quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le théâtr
sir et de la volupté. N’y boiront-ils pas assez tôt sans vous ? leurs passions ne se réveilleront-elles pas assez d’elles-mêmes 
73 (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41
t un grand étalage de tous les vices qui sont punis, et de toutes les passions qui sont tournées en ridicule sur la Scène ; et e
aprice, du parti des bonnes mœurs, a une prédilection marquée pour la passion d’amour ; il n’en apperçoit pas les dangereuses c
nt sur tout ce qu’elle peut avoir de funeste ; parce qu’il aime cette passion , dans quelque état qu’on la lui présente. Je n’hé
dire que les règlements d’une bonne police devraient renfermer cette passion dans les bornes qu’elle doit avoir, pour n’offrir
74 (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519
e, ou par le tumulte des affaires : les faux bruits, les feintes, les passions particulières en déguisent la vérité, et sont cau
s ; d’entrer dans l’intelligence des causes, que la police et que les passions lui cachent ; de se rendre juge des Princes, qui
orts qui leur font sentir toutes les douceurs, sans les amertumes des passions , parce qu’ils savent en effet, que ces objets ne
a quittées pour représenter ce qui peut être dans la complaisance des passions , et l’on se propose pour dernière fin, une volupt
res, et pour expliquer sa puissance, on le décrit qui arme toutes les passions , qui commet tous les désordres imaginables, sous
res mondes pour soutenir les intérêts de cette funeste et malheureuse passion . Que cet art est pernicieux qui ne laisse point m
75 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158
ui en Grec signifie image, & manie, c’est-à-dire, goût excessif ; passion extrême, espece de fureur, pour quelque chose. Ic
extrême, espece de fureur, pour quelque chose. Iconomanie est donc la passion pour les images, comme Bibliomanie, passion pour
e. Iconomanie est donc la passion pour les images, comme Bibliomanie, passion pour les livres ; Scénomanie, passion pour le thé
les images, comme Bibliomanie, passion pour les livres ; Scénomanie, passion pour le théâtre ; Métromanie, passion pour les ve
n pour les livres ; Scénomanie, passion pour le théâtre ; Métromanie, passion pour les vers ; Musicomanie, goût excessif pour l
it de lui-même un libelle diffamatoire. Iconomanie littéraire est la passion des littérateurs, de mettre des images dans les l
graphique, & en particulier l’Iconomanie littéraire, n’est qu’une passion d’enfant à qui il faut des images, des poupées, d
, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion , les danses, la musique les crayonnent. Qu’on en
nt de leur cœur, l’abrégé de leur vie, leur imagination étalée, leurs passions sont les yeux. Dans le grand traité de l’explicat
nges, par Artemidore, il est beaucoup parlé des songes impurs, que la passion rend communs parmi les libertins, il ne regarde c
; les songes sont communément le portrait du cœur, & le fruit des passions , ils les entretiennent même, & il n’est pas r
nocturnes, & lancent dans un cœur sensible tous les traits de la passion . Le vice ne triomphe pas moins sous l’empire de M
e Temple de Gnide, ouvrage très-dangereux, où toutes les folies de la passion sont décrites par des idées les plus voluptueuses
76 (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114
de perfections ? L’amour profane passe-t-il en votre esprit pour une passion honnête ? Plus on tolére ces vices sous une image
Racine, Eh bien, l’ambition, l’amour & ses fureurs, Sont-ce des passions indignes des grands cœurs ? Quand on entend débi
la tendresse, qui apprennent le langage séduisant de l’amour ; cette passion infâme paroît avec honneur sur la scéne, on fait
gers pour la faire réussir, & quand l’obstacle ne céde point à la passion , il se livre au désespoir, la mort qu’il se donne
illement canonisé sur le Théâtre, c’est la source du vrai courage, la passion qui fait les Héros ; ceux-ci lui doivent l’élevat
leur sang prend des impressions Qui dessous leur vertu rangent leurs passions  : Leur générosité soumet tout à leur gloire, Et s
aissoit conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions . Elle tient encore un autre langage qui conviend
77 (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123
it agir sont factices, il est vrai ; mais leurs ridicules & leurs passions se trouvent dans la plus-part des hommes ; l’on n
mp; entendre parler des personnes que l’on fréquente chaque jour. Les passions , les intérêts qu’elle traite, ne sont point non p
sont étrangers ; il arrive pourtant tout le contraire. C’est que les passions employées dans une Tragédie sont directement les
e du dernier Citoyen ; mais les transports où le livrent ces diverses passions ne sont point si terribles & n’éxcitent point
entations des Drames sérieux. Le Spectateur contemple avec éffroi ses passions dans l’âme des Princes de la terre ; il voit en g
ence, dans une langueur insipide : afin de s’occupe, il se remplit de passions , tristes ou enjouées, peu lui importe, pourvu qu’
78 (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75
s et durables ; et de lui former l'esprit à des intrigues où tout est passion . Car on s'accoutume à aimer ce qu'on se fait une
nc bien éloigné de croire que la comédie soit destinée à corriger les passions , et les mauvaises mœurs ? R. Ceux qui se déclaren
s mœurs sans toucher à leur corruption. Tout au plus elle corrige une passion par une autre. La morale du Théâtre est une moral
Poète réussit à imprimer une image de grandeur, et de générosité aux passions de ses Heros, plus il s'insinue vivement dans le
ar celle de saint Augustin. Il dit que dans sa jeunesse, il avait une passion emportée pour les spectacles du Théâtre, dont les
ésentait l'image de sa misère, et lui fournissait la nourriture de sa passion . Rien n'est plus propre à faire sentir quels effe
79 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51
mp; combiner tontes ces choses pour en faire un tableau, exprimer une passion & peindre un caractère, représenter l’agitati
ir tous les traits qui caractérisent le personnage, la profession, la passion , l’événement, jusqu’aux habits & au costume,
p; la plus prompte. De là un nombre infini de danses, pour toutes les passions , l’amour, la tendresse, la colère, la fureur, la
as que la danse parmi nous, quelque parfaite qu’elle fût, excitât les passions violente qu’elle excitoit, aussi-bien que la musi
ion les adoucissent, l’habitude affoiblit l’impression. Mais pour les passions molles & voluptueuses, où l’ame se livre aux
, par des personnes plongées dans le désordre, exercées à exciter les passions , les peignant, les embellissant, les réalisant, é
, très-insinuant. Si donc on l’emploie pour peindre, pour inspirer la passion , combien n’est-il pas dangereux ? 2.° C’est un ét
ction ; elle étale, toutes les graces du corps, elle peint toutes les passions du cœur, elle parle tout le langage de l’amour ;
er le spectateur en secret Acteur, qui joue au-dedans de lui-même les passions qu’il voit jouer. Des couleurs mortes sur un tabl
sent & fait sentir la vérité & la moralité ; que sera-ce des passions réelles, des traits de flamme, des mouvemens lasc
 ? Que sont des Actrices, que sont des danseuses ? des victimes de la passion , des esclaves de la volupté, exercées à l’inspire
n’a autre chose à faire, est toute concentrée dans l’expression de la passion , le goût du crime & la vue de l’objet. Qu’on
la danse dans sa juste idée, est l’art de peindre & d’exciter les passions , & d’en présenter les objets par les mouvemen
vivacités, qui la mettent sous les yeux par toutes les allures de la passion , & en font un tableau vivant. Les danses des
La danse étoit formée de toutes les attitudes qui peuvent peindre la passion (la belle danse !). Elle s’animoit par degrés, on
80 (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292
oétiques ne les touchent qu’en tant qu’ils sont moins guéris de leurs passions . S’il était permis d’enchérir sur ce fameux Père
dans lesquelles on se livre de gaieté de cœur à la représentation des passions . Je regarde la Tragédie, comme le grand ressort d
mme le grand ressort du cœur humain. Vous voulez qu’il y rectifie ses passions , qu’il y trouve le secret de les adoucir : et moi
véritables, ou qu’elle renvoie le Spectateur comme tout engourdi des passions violentes qui viennent de l’émouvoir. C’est à ce
mpue, nous sommes tous plus ou moins sensibles à la vive peinture des passions , et que celle de l’amour étant la dernière mouran
passer les bornes ordinaires, et qu’elles se ménageront mieux sur une passion qui peut produire de si terribles effets. Non, Mo
ourrait changer la thèse, et rendre le Spectateur plus susceptible de passion . Mais croyez-moi, Monsieur, une Madelaine contrit
emmes, imitée de Juvénal et des Satires nouvelles sur l'esclavage des passions et sur l'éducation des enfants (1698) d. [NDE]
81 (1675) Traité de la comédie « XIII.  » p. 293
tagieux. Toutes leurs pièces ne sont que de vives représentations des passions d'orgueil, d'ambition, de jalousie, de vengeance,
apables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corr
le, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.
82 (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172
sensible, qu’on goûte une vraie satisfaction à ne pas satisfaire ses passions . Ce plaisir est plus doux que celui dont on se p
ices, fait voir l’empire des femmes, & la bassesse honteuse de la passion . Il a donné lieu à plusieurs jolies pensées que r
oqueterie d’une fille, de la désobéissance d’un fils, d’un mariage de passion , de la friponnerie d’un valet. Ce ne sont que des
cit, on s’accoutume à l’inhumanité. C’est, dit-on, pour combattre une passion par une autre passion : principe faux & perni
l’inhumanité. C’est, dit-on, pour combattre une passion par une autre passion  : principe faux & pernicieux, comme nous l’av
nous l’avons dit ailleurs. Il est faux qu’on ne puisse combattre les passions que l’une par l’autre ; il est très-faux qu’on do
nt & la force de l’autre. L’Evangile nous apprend à combattre les passions par les vertus, avec la grace, l’orgueil par l’hu
ra, & détruira l’ouvrage de la premiere. On ne fait que rouler de passion en passion, & à la fin ceux qui le fréquenten
étruira l’ouvrage de la premiere. On ne fait que rouler de passion en passion , & à la fin ceux qui le fréquentent les ont t
mp; à la fin ceux qui le fréquentent les ont toutes. Parmi toutes ces passions , qui jouent tour à tour de si beaux rôles, il en
toutes les autres établissent l’empire : c’est l’amour, de toutes les passions la plus dangereuse, dont on chérit les blessures 
ale la scene sous l’appareil pompeux des grands mots, ne sont que des passions déguisées en vertus. Tout ce beau systeme de mora
, comme les Comédiens, n’ont cherché qu’à plaire, à exciter les mêmes passions , produire les mêmes tentations, par les mêmes moy
y est familier ; la décence, mille grossiéretés ; sa modération, les passions y font tout ; sa force, ce n’est que molesse, gal
r tout le reste, parce qu’il ne lui ressemble pas, si ce n’est pas la passion & la malignité qui veulent autoriser leur cri
sur tout dans les pantomimes de la danse ; elle y peignoit toutes les passions , & ajoutoit de génie sans préparation aux des
airs voluptueux, les gestes impudiques, la peinture la plus vive des passions , elle n’imaginoit pas que tout cela fût contraire
amp; de la décence. Attribuer à la danse la peinture des actions, des passions humaines, c’est lui donner trop d’étendue, c’est
pourtant le fonds & l’essentiel, la folie & le désordre. Les passions jouent toujours leur rôle, quoique différemment m
que d’une action humaine pour amuser des spectateurs, en peignant les passions & se mocquant du ridicule, indépendamment du
onnant la scene, ils l’ont corrompue ; ils ont aiguisé les traits des passions & servi le poison dans des coupes dorées : at
rt de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions , paîtris de vices, apres y avoir pris les liberté
83 (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160
idicule, il se rend aimable ; et toujours sous prétexte de rendre une passion odieuse, il en inspire de funestes. En un mot le
 ; fable qui n’a pour objet que l’intrigue la plus licencieuse, et la passion la plus criminelle. Une espèce de PhilosopheLe Mi
arde contre leurs mauvais desseins, qu’elle n’attaque l’avarice comme passion et comme dérèglement capital. Que le Tartuffe, so
la peinture si vive, si bien variée, que l’on y fait de l’amour cette passion funeste à tous les cœurs, à tous les sexes, à tou
plus vive Frappe, enlève les sens, tient une âme captive. Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il souffre, il ha
tant en Théologien, qu’en homme vrai, qu’en honnête homme. « Comme la passion de l’amour est, dit-il, la plus forte impression
n ne diminue davantage cette horreur que la Comédie ; parce que cette passion y paraît avec honneur, et d’une manière qui, au l
le de dire, pour justifier les Comédies, qu’on n’y représente que des passions légitimes, et qui ont pour fin le mariage. Car en
ires aux bonnes mœurs, puisqu’elles impriment une idée agréable d’une passion vicieuse, et qu’elles en font même une qualité hé
ent dans les bornes que la raison lui prescrit. Or, en excitant cette passion par les Comédies, on n’imprime pas en même temps
ce qui la règle. Les spectateurs ne reçoivent que l’impression de la passion , et peu ou point de la règle de la passion. L’Aut
ent que l’impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion . L’Auteur l’arrête où il veut dans ses personnage
sistance. « Mais, ajoute-t-il, la Comédie n’excite pas seulement les passions , elle enseigne aussi le langage des passions, c’e
excite pas seulement les passions, elle enseigne aussi le langage des passions , c’est-à-dire l’art de s’en exprimer, et de les f
il arrive aussi quelquefois que des personnes, sans être touchées de passions , et voulant simplement faire paraître leur esprit
tre leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans des passions qu’elles ne faisaient auparavant que contrefaire.
nt que contrefaire. » Dire que les Comédies enseignent le langage des passions , ce n’est point un raisonnement outré ; l’expérie
ne retenue qui tient en garde contre les premières atteintes de cette passion  ; que c’est la Comédie qui leur en a développé to
est la même que celle de l’amant, dont on leur offre le tableau. Même passion , même timidité, mêmes moyens par conséquent à emp
des filles qu’on appelle vertueuses, qui se livrent néanmoins à cette passion sans conséquence : elles les voient préférer le c
: les amants sont unis ; et après quelques légères persécutions, leur passion triomphe, est satisfaite. Si les spectatrices ont
l’éducation la plus exacte ; on les instruira à réprimer toutes leurs passions , et surtout l’amour, à l’éviter, à le craindre ;
fréquenté. Car il faut, comme dit encore M. Nicole, non seulement des passions dans les Comédies, mais il en faut de vives et de
et il n’y aurait rien de plus froid qu’un mariage chrétien, dégagé de passion de part et d’autre. Il faut toujours qu’il y ait
ns. Ainsi l’on montre le chemin à ceux qui seront possédés de la même passion de se servir des mêmes adresses pour arriver à la
pureté qu’aucunes du Théâtre ; mais elles ne sont pas exemptes de ces passions violentes. La délicatesse de l’Auteur est répandu
décesseurs l’ont accoutumé. Cette espèce de nécessité qu’il y ait des passions violentes sur le Théâtre, fait son malheur et cel
capable d’y flatter la sensualité, ni de fomenter le dérèglement des passions  : c’est pour le coup un divertissement innocent.
l s’agit précisément d’un mariage dans cette petite Comédie ; mais la passion ne parle dans aucune de ses scènes. On ne voit mê
orée dit que les nôtres ne veulent que plaire. En général deux folles passions , capables seules de corrompre toute une nation, l
rès qu’il a déchiré les entrailles. L’amour n’est pas, dit-il, de ces passions peu naturelles, qu’on est sûr comme d’éteindre ap
. Il fait voir que les anciens Tragiques ne connaissaient point cette passion , et que leur Théâtre ne se soutenait que mieux sa
s Athènes, suivant cet Orateur, la Tragédie se servait du ressort des passions pour les guérir ; elle les met en œuvre aujourd’h
qu’elle prend d’éloigner ses enfants de tout ce qui peut nourrir des passions dangereuses, et à la condescendance qu’elle doit
t pas pensé à tirer parti de ce que saint Grégoire de Zenana a mis la Passion de Notre Seigneur en Tragédie. C’est un fait qui
à Dieu. Elles sont mauvaises à l’égard de ceux en qui elles sont une passion , et en qui elles occasionnent des excès criminels
auvais garants de l’exactitude et de la sévérité de ses mœurs, que sa passion excessive pour les spectacles ; c’est en donner s
jeunes gens. Comment des femmes que l’on ne voit jamais que dans les passions , ne les irriteraient-elles pas dans ceux en qui e
84 (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468
e tous les Poètes de Théâtre, ne sont que de vives représentations de passions d'orgueil, d'ambition, de jalousie, de vengeance,
apables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corr
le, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.
85 (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10
oulut corriger ou plutôt ridiculiser. Il n’y a gueres en effet que la passion qui puisse fournir tant de folies. Facit indigna
ue l’un sert de passeport & d’excuse à l’autre. Les chimeres, les passions amusent : les bons principes doivent faire pardon
nt sentir les ravages que cause la représentation des vices & des passions dans le cœur des spectateurs, dont les sentimens
analogues. C’est à peu près le même effet que dans D Quichotte : ces passions représentent, nourrissent, raniment, excitent des
otte : ces passions représentent, nourrissent, raniment, excitent des passions réelles ; ce sont deux cordes à l’unisson : les v
ours d’adresse pour s’emparer du bien d’autrui. Sur-tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passi
tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passion si naturelle, si commune, si violente ; quel déso
86 (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248
nt au suprême degré de leur Art, d’avoir exprimé naïvement toutes les passions , et c’est où l’on trouve le plus de danger ; C’es
ent que de tels objets causent de mauvais désirs. Les Comédies où les passions sont si bien représentées, ont offensé tous les D
leur opinion on y emploie des paroles trop tendres qui réveillent la passion d’amour dans les cœurs ; Il s’y trouve en quelque
t jusques là, et qu’on leur veuille interdire à tous l’expression des passions , qui sont l’esprit mouvant des Comédies, il faut
les Comédies, non plus que tous les Romans, à cause seulement que les passions y sont trop bien représentées ; c’est-à-dire à ca
aucune Histoire. Les Histoires les plus saintes décrivent toutes les passions et tous les crimes des hommes. Que dira-t-on cont
ne point marquer scandaleusement les mauvaises actions, à toucher les passions doucement, et à y donner une salutaire correction
87 (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200
age que ce que l’on ne fait qu’entendre. Un Comédien lascif émeut les passions des autres, en feignant d’en avoir lui-même. « En
le nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions  ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parl
s ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire. C’est pou
que les Comédies qui se jouent aujourd’hui ne peuvent causer que des passions innocentes, et des sentiments raisonnables, qu’on
omédie après que l’on en est sorti, et comme il s’est accoutumé à des passions violentes, à voir des choses qui le remuent forte
88 (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75
ice, à fuir le crime, à nous défier de nos foiblesses, à craindre nos passions , à les sacrifier au devoir ; qu’elles nous excite
ès-pieuses, par des Directeurs incapables de flatter les goûts ni les passions . La complaisance pour des Supérieurs ou pour un E
eurs semblables les excès où les portent souvent l’injustice & la passion  ; & de l’autre, que les Ecrivains les plus ja
amp; l’élégant Racine a fait un Chef-d’œuvre sans le secours de cette passion , ce qu’on ne sauroit dire du grand Corneille. La
ëte ordinaire qui veut exprimer énergiquement les effets d’une grande passion , met en jeu les Dieux, la nature, les Elémens pou
mme d’esprit seulement, prenons dans ces deux Poëtes deux morceaux de passion que l’on puisse opposer l’un à l’autre, & don
morceaux de cette richesse & de cette force. Quel enthousiasme de passion  ! Quelle fécondité d’idées, de sentimens & d’
ce verbiage de galanterie qui étoit alors à la mode, que de véritable passion  ; plus d’art que de sentiment, plus d’esprit que
fait ce qu’il ne devoit pas faire ; l’autre, de l’avoir mal fait. Les passions doivent être assorties aux caractères, en prendre
XIV & le Grand Condé. Je répondrai de même sur ce qui regarde les passions & les sentimens. La colère, la fureur, l’amou
des caractères dont elle se sert pour y graver ses penchans & ses passions . Une différence bien réelle, & que tout Auteu
sans contredit les mêmes mouvemens qu’un François qui seroit agité de passions semblables. Mais les mœurs du François ne ressemb
de l’art. On sent en effet qu’il s’est plus attaché à la peinture des passions qu’à celle des mœurs ; & par là il est tombé
issoit à fond le cœur humain, qui est par-tout le même. De toutes les passions dont nous sommes susceptibles, l’amour est la plu
peuples dont il emprunte ses sujets. Ses Héros, semblables dans leurs passions , & dans la manière de sentir & de s’expri
es ruses, les mêmes subtilités. L’art du Poëte consiste à peindre les passions de couleurs si vraies, que tout homme s’y reconno
; du rang, sur les droits communs au trône. La vertu même autorise la passion mutuelle de ces jeunes amans. Je ne comprends pas
dans ses Tragédies les plus tendres, les plus propres à émouvoir les passions , il ne lui est jamais rien échappé de contraire à
cherchons la source de ses regrets que dans l’abus qu’il a fait d’une passion qu’on ne doit employer sur le Théatre qu’avec des
à inspirer de la crainte & de l’éloignement pour cette déplorable passion . Dans Sophocle, le jeune Hémon plein d’un amour e
effrayant. Le sujet de Phedre est encore plus tragique. De semblables passions ne sont pas indignes de la Majesté du Cothurne. E
ncerne l’amour, & de marquer celles, où selon mes lumières, cette passion a trop de part ; celles où l’amour peut être d’un
à l’amour. Il s’y livre en homme qui n’est pas moins esclave de cette passion que de la gloire de vaincre, & du desir des c
ante en est instruite comme lui. Tous deux cependant se livrent à une passion qu’ils ne peuvent écouter sans crime ; ils habite
n. Racine le jugeoit très-propre pour le Théatre, par la violence des passions qu’il y pouvoit exciter.7 C’est un funeste avanta
t que déranger des têtes foibles, & troubler de jeunes cœurs. Des passions de Sultanes ne sont point des exemples d’héroïsme
e & l’adresse d’Ulisse, la jalousie d’Eriphile. Quel contraste de passions & d’interêts ! interêt de religion, interêt d
premier Poëte François qui ait fait des Tragédies sans cette frivole passion . C’est un avantage qu’il a sur Corneille, & q
89 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105
aux bonnes mœurs, mais au but de la tragédie, qui est de corriger les passions par la terreur & la pitié : il ne faut donc p
ons & vos regards, les sentimens dont il corrompt votre cœur, les passions qu’il exalte, le goût du monde qu’il vous donne,
e ; déclamoit-il des scénes ? Roscius qui excelloit à représenter les passions lui formoit le geste la voix, le visage, aux pass
représenter les passions lui formoit le geste la voix, le visage, aux passions qu’il vouloit exciter par les discours. L’orateur
s dont les larmes couloient avec Bérénice, dédaignent aujourd’hui les passions douces & naturelles. Ils veulent moins s’inté
ces ouvrages sont licentieux, la mauvaise morale en action excite les passions & familiarise avec le vice. M. l’Abbé Le Moni
s jeunes gens font des fautes, ils sont entraînés par la violence des passions , & les conseils des valets : belle leçon pour
s jeunes gens font des fautes, ils sont entraînés par la violence des passions , & le conseil des valets ; belle leçon pour s
l des valets ; belle leçon pour se tenir en garde. Si la violence des passions entraîne, où est la liberté ? Si elle n’entraîne
anséniste ; car les Jansénistes prétendent que même la violence de la passion n’excuse pas du péché. Cet Abbé est plus Auteur c
ue que Théologien. Au reste, c’est l’excuse de tous les pécheurs : La passion est plus forte que moi. Si c’est la morale qu’on
rtins, en faveur de qui se trament les intrigues, leurs folies, leurs passions , leur indocilité à leurs parents, leur facilité à
éveille nos penchans naturels, & développe le levain caché de nos passions . La fragilité du lecteur sensible & prompt à
chaleur de style, d’action, de geste & de parure. Quel levain de passion  ! Il développe, combien se montre-il aisément à l
gion, & la Religion est en lui continuellement aux prises avec la passion . Je formai pour le guérir, un enchaînement de pla
que Rameau ne composoit. Il étoit l’unique pour donner de l’ame à la passion , & de l’agrément aux sons. Cet Acteur par l’e
s être combattue d’un seul remords, ni dire un mot qui ressemble à la passion , & après l’avoir assassiné, s’en vente avec u
e Méduse. Sont-ce là des leçons pour les mœurs ? Est-ce là purger les passions par la terreur & la pitié ; & que fait-on
es d’Eschile, nulle suspension, nulle intrigue, nul développement des passions . Il est surprenant que le traducteur assure avec
âtre tragique semble n’être fait que pour émouvoir la plus dangéreuse passion . L’amour régne dans les plus sévéres ; dans Polie
90 (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54
es, ses postures et son ton de voix, pour s’imprimer dans le cœur les passions qu’ils veulent faire ressentir à leurs spectateur
rs spectateurs ? Hé quoi offencer Dieu en s’entretenant sans cesse de passions criminelles, et en travaillant à les exciter dans
nt d’âmes qu’il y en a, dans lesquelles vous tâchez, ou d’exciter des passions criminelles, ou de les réveiller, et de les forti
e bien plus innocente, que de réciter des Vers, et de représenter des passions souvent mauvaises, et qui peuvent porter au péché
ionnée, coquette, effrontée, emportée ou furieuse, selon les diverses passions qu’exige son rôlet. Le Christianisme qui doit êtr
ment s’entendre de l’amour impudique, mais aussi de toutes les autres passions qui souillent l’âme, et la rendent désagréable à
s s’y proposent ; c’est d’émouvoir, d’entretenir, et de fortifier les passions qui ont rapport à leurs sujets, dans l’esprit et
se nécessité de mêler toujours dans leurs pièces quelques-unes de ces passions , qui en sont tout le sel et l’assaisonnement ; pu
t si bien ajuster ses paroles avec ses gestes et ses postures, que la passion qu’il représente fait d’ordinaire impression sur
sur ceux qui l’écoutent, parce qu’il paraît ressentir lui-même cette passion , Et c’est ce qui les touche. « Si vis me flere,
roid et languissant, qui ne paraît pas ressentir les mouvements de la passion qu’il tâche d’exciter dans le cœur des autres, de
ianisme, qui ne tend qu’à mortifier et à affaiblir de telle sorte les passions , durant le temps qu’on est dans cette misérable v
» L’esprit de la comédie au contraire qui ne tend qu’à fomenter les passions , est un esprit de trouble, d’agitation et de fure
Quelque belle et bien entendue que soit une pièce, s’il n’y a pas de passions qui soient soutenues et poussées par de bons Acte
les aventures des personnes mondaines, et la représentation de leurs passions  ; surtout quand elles sont exprimées agréablement
91 (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45
u Monde, ou pleins d’eux-mêmes, qui prennent le parti des sens et des passions , et fournissent ainsi des armes aux sensuels et a
n cœur qui brûle d’un beau feu ; rien de plus légitime que les autres passions qui naissent d’une haute ambition, et d’un amour
Comédiens ont-ils d’autre but que de donner du plaisir en remuant les passions  ? Et irait-on jamais les entendre, si l’on n’y re
les entendre, si l’on n’y recevait pas les émotions agréables que des passions toujours injustes, mais naïvement représentées, p
cipe que la corruption du cœur humain, n’a pour fin que d’exciter des passions toujours injustes ; ou quelque fin qu’on lui donn
qui se fabriquaient des Religions uniquement propres à entretenir les passions , ont excellé dans cet art ; et regardant l’homme
a majesté divine ; elles veulent faire servir toute la Nature à leurs passions  ; on n’y réveille que des idées profanes, on n’y
e notre Théologien a pour objet des jeux, où l’esprit du Monde et les passions triomphent : mais Albert le Grand a parlé de jeux
s que contre ceux qui font profession publique de faire triompher les passions  ; elle refuse à ceux-là publiquement et invariabl
iscence avec une Religion qui ne nous propose que le crucifiement des passions , et l’anéantissement de nous-mêmes, cela ne ferai
Père, il songe plus à éviter les hommes « du grand Monde », que leurs passions . Il y aurait bien des choses à lui dire là-dessus
tolère la Comédie telle que nous la voyons accommodée aux sens et aux passions , comme un mal beaucoup moindre que ceux qu’il app
e qui est mal, et ne feront point d’un spectacle qui anime toutes les passions , un divertissement raisonnable. Il ne paraît pas
lle convient à la personne, au temps, et au lieu … Si elle excite les passions , c’est par hasard. Et elle a cela de commun avec
ose-t-il dire que des Spectacles où tout est ordonné pour exciter les passions , ne les excitent que « par hasard » ? Comment ose
femme est belle elle n’aille jamais à l’Eglise de peur d’y exciter la passion d’un libertin Page 46. » ? Ou ce raisonnement ne
axiome, Objecta movent potentiam. Je veux que la Comédie n’excite les passions que « par hasard ». Où est l’homme sage qui voudr
ent s’accommoder avec la mortification des sens, et la résistance aux passions avec l’amour dominant du Créateur, et le détachem
92 (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71
alement rebelles que soumis. Témoins ces innombrables mariages que la passion fait faire malgré les familles. L’Eglise prend ta
ne roulent que sur quelque mariage traversé par les parens contre les passions des enfans, sur des femmes infidèles & de mau
pères, comme l’Avare de Moliere, & enfin l’emportent par une sole passion , à eux-mêmes funeste. C’est bien sur le mariage q
la fille est long-temps amoureuse, souvent visitée de son amant, leur passion devient plus vive ; son frere lui parle honnêteme
’on a passé sa vie on a des amis, & souvent des ennemis. Avec des passions aussi vives, dans une situation aussi triste, il
à M. de Faublas : Du Directeur l’avis & le suffrage flattant vos passions a sur moi l’avantage. Enfin il insulte le Magistr
n’être qu’ami. Trouve-t-on quelque goût à augmenter le désordre de la passion par une idée d’inceste, comme le fameux & lic
tante au parloir, & dans un instant, sans se dire un mot de leur passion subite, les deux amans tout-à coup pétrifiés, com
ient l’un pour l’autre la tête de Méduse, conçoivent la plus violente passion , & sans se revoir davantage, ni avoir la moin
Ericie & Euphémie. On s’aimoit, on le savoit, on avoit nourri la passion , les excès étoient préparés. Ici c’est un imbécil
plus respectée. Mais ce sont ordinairement des jeunes gens livrés aux passions qui les composent, & les jouent, ils sont int
maître : c’est dommage qu’il enseigne si bien la plus dangereuse des passions  ; il n’en est que plus dangereux. Deux sortes de
ni assez d’énergie dans les sentimens, ni assez de vivacité dans les passions , pour avoir de si grands mouvemens. Elle est trop
route que Dieu leur a tracée, & de les éloigner des écueils où la passion & les erreurs d’une jeunesse inconsidérée von
ialoguer sans aller au but. Aux jeux de mots on s’abandonne, Quand la passion devroit agir, Et l’Ecrivain toujours raisonne Au
de Vesta, & en viendra aux dernieres violences pour satisfaire sa passion . Elle préfére son honneur à sa vie, comme Lucrece
sirable. Ne pas se rendre aussi-tôt à l’inconstance, au caprice, à la passion de sa fille, est l’unique crime du père. C’est êt
ns forcées sont fort difficiles, & par conséquent fort rares. Les passions peuvent faire de mauvais Religieux, presque jamai
ans une fille de quinze ans, mécontente, amoureuse, forcée, dont les passions sont si violentes, ne laisse échapper aucun trait
e est tous-à coup changée, & se livre aux plus grands excès de sa passion . Eh ! pourquoi ? deux mots d’une Religieuse dont
ès de sa passion. Eh ! pourquoi ? deux mots d’une Religieuse dont les passions , l’endurcissement, l’impénitence, les calomnies,
répugnance, mais non de son amour, en sorte que la mère apperçoit la passion de Monval, lui demande quelles sont donc ses espé
e deux années de noviciat, préparent-elles à ces brutales idées ? Une passion qui ne fait que de naître pour un parent, qu’on n
emeure ferme sans vouloir se prêter à l’inconstance, au caprice, à la passion survenue après coup sans aucune raison. Une fille
d’elle-même. La même qui avoit occasionné cette visite, apprend cette passion extravagante, & a la foiblesse de la flatter.
c fermeté, lui fait sentir le ridicule de sa conduite, la folie de sa passion . Elle lui répond en insensée, se tue, le beau tra
s grand travers dans le choix de leur état, qu’ils n’agissent que par passion ou par caprice, qu’il est nécessaire que les pare
93 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29
t un à cruxque Venusque loco. Mais que servent ces réflexions ? Cette passion , d’intelligence avec le cœur humain, est trop dan
éatre est le moyen le plus efficace pour inspirer & satisfaire la passion , un des principaux moyens d’y remédier est de le
onna à la religion, ce Prince fut presque toujours dans l’ivresse des passions , parce qu’il fut dans l’enchantement du théatre.
te déjà toute faite, puisqu’elle plaît ? Tout combat dans le lieu des passions  ; qui en obtiendra le prix, ou plutôt qui n’en se
mpose, déclamation, danse, geste, chant, parure, &c. excitent les passions les plus vives, & plus même que la beauté, c’
el par leurs charmes, immortalisées parce qu’elles savent inspirer la passion  ; c’est le sublime, la vraie gloire, le plus beau
de l’immortalité. Les théatres de société multipliés à l’infini, les passions des Acteurs & des Actrices (c’est-à-dire des
e peut croire quelle destruction il s’en fit dans tout l’Indostan. La passion que les Mahométans & les Chrétiens ont égalem
& un sujet de réforme ; le dernier Empereur, qui les aimoit avec passion , en avoit rempli sa cour. Un édit d’Orangzeb les
trop rapide, ce qui l’anéantit ; la pente naturelle y mène, & la passion satisfaite, le sentiment est éteint. 4.° On en él
r vingt amans, aussi emportés que s’ils avoient éprouvé une véritable passion , sans que jamais l’amour eût éfleuré leur ame. El
ntinuel amusement, érigeant la volupté en art, livrant les objets des passions & les enflammant, rendant la jouissance commu
dans ses Lettres, en ôte toute la majesté. J’appelle galanterie cette passion comique & libertine qu’on baptise du nom d’am
plus ennuyeux que des discours galans sans obscénité ; l’esprit ni la passion ne peuvent s’y satisfaire ; toujours mêmes images
moins les hommes, ne leur tendent pas moins de pièges, triomphent des passions qu’elles inspirent, veulent être de tout. Au rest
bord appris, tout le monde le sait, il ne faut que savoir répéter, la passion est si féconde, le cœur fait si volontiers tous l
94 (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192
le, en les assimilant avec la licence, l’obscenité, les fureurs de la passion . Mais il est vrai que quelque infinie qu’en soit
r que ce Saint emploie le mot prophane de spectacle, en parlant de la passion & de la mort de J. C. Nous l’avons dit ailleu
in l’emploie. Quel plus grand, quel plus instruisant spectacle que la passion , la mort d’un Dieu sur une croix, pour expier les
e par des voies injustes, nourrit ainsi la vanité, la sensualité, les passions naissantes, l’entraîne dans le précipice, & y
eur liberté peuvent-elles se charger de tant de liens ? La guerre des passions est bien plus terrible. Point de mer plus agitée
is que c’est elle qui attaque, qui appelle, qui invite, qui irrite la passion , qui la fait naître. Il n’y a point de ruban qui
ibue plus que la parure des femmes. Elle reveille & entretient la passion , conduit au libertinage, en offre l’objet le plus
s enfans que l’imprudence des parens mene au théatre ? La science des passions encore inconnue à leur innocence trouvera peut-êt
lui-même un grand vice ? A-t-on donc si grand tort de dire que cette passion , aussi impérieuse que frivole, rend les femmes in
al, qui payera les faveurs par les frais de la parure. Ce luxe est la passion dominante de toutes les femmes. Les plus sages n’
écoutera-t-on, si nous traitons de grand malheur la dureté que cette passion inspire pour les pauvres, ou s’occupera-t-on de l
à l’autre. Il nuit encore en les rendant stériles par l’excès de leur passion . La parure irrite la passion du mari. On veut lui
les rendant stériles par l’excès de leur passion. La parure irrite la passion du mari. On veut lui plaire, dit on, & on lui
n’en dit-il pas, avec toutes les personnes sages, que l’intérêt de la passion n’aveugle pas jusqu’à prendre la défense de leur
té : Vesica superbia . Comme un balon, elle est pleine de vents. Les passions en jouent pour ainsi dire au balon. Elle va, vien
? Quelle confusion d’idées, quelle foule de desseins, quelle cohue de passions  ! La confusion des langues ne fit jamais de la to
mettre à sa place l’étendard du Démon. Il y est placé par la main des passions , pour servir les passions, pour établir l’empire
rd du Démon. Il y est placé par la main des passions, pour servir les passions , pour établir l’empire des passions. A ce signe d
ain des passions, pour servir les passions, pour établir l’empire des passions . A ce signe de reprobation le démon reconnoît son
n le visage de la nature, l’autre le visage de l’art, le visage de la passion , le visage du péché, le visage du mensonge : Fac
e ? Cette beauté prétendue ne se montre que dans la sombre nuit de la passion  ; c’est pour la vertu un oiseau de mauvais augure
lume ses feux, y étale ses livrées, y exerce son autorité, toutes les passions y sont à ses ordres, on y combat pour lui, on lui
95 (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238
loigné de convenir. « La scène en général est, dit-il, un tableau des passions humaines, dont l’original est dans tous les cœurs
dans tous les cœurs ; mais si le Peintre n’avait soin de flatter ces passions , les spectateurs seraient bientôt rebutés, et ne
ui ne sont point générales, et qu’on hait naturellement… Et alors ces passions de rebut sont employées à en faire valoir d’autre
a que la raison qui ne soit bonne à rien sur la scène. Un homme sans passions , ou qui les dominerait toujours, n’y saurait inté
, qu’il ne peut que suivre et embellir. » La scène est un tableau des passions dont le germe est dans notre cœur : voilà le vrai
annicus est une leçon, et n’est point une insulte. Il y a partout des passions nationales et constitutives de la société ; tel é
honneur. Il est certain que le théâtre doit ménager, flatter même ces passions , s’il veut gagner la faveur du public ; rien n’es
ple : nul homme privé n’a droit de lui en demander compte. Mais toute passion qui ne tient point à ce caractère général, est li
, et la satire accablante, plus le spectacle est applaudi. Il est une passion contre laquelle il serait absurde de se déchaîner
re laquelle il serait absurde de se déchaîner sans réserve : c’est la passion de l’amour ; et c’est la seule dont M. Rousseau a
dicules nationaux, qui ne sont en eux-mêmes ni bien ni mal, comme des passions nationales dont je viens de parler. La société qu
n’y peut rien, je l’avoue ; mais en attaquant les vices épars, et les passions naissantes, le théâtre ne peut-il pas affaiblir l
er à leur gré. Mais quel est le vice qu’ils ont ménagé, quelle est la passion qu’ils ont flattée ? Si Molière avait eu la timid
er les inclinations naturelles, et de donner une nouvelle énergie aux passions . » Cette conclusion a trois parties ; la première
les inclinations pernicieuses sont condamnées au théâtre ; toutes les passions funestes y inspirent l’horreur, toutes les faible
la poétique du théâtre prétend faire tout le contraire, et purger les passions en les excitant ; mais j’ai peine à bien concevoi
ts la crainte ou la pitié, ou l’une et l’autre en même temps ; et ces passions étaient les préservatifs du vice qui les avait fa
ien, je choisis les trois pièces du théâtre où la plus séduisante des passions est exprimée avec le plus de chaleur et de charme
orruptible que nous. Mais voici bien un autre paradoxe. « Toutes les passions sont sœurs, une seule suffit pour en exciter mill
glants de la haine, cette crainte, dis-je, est elle-même le germe des passions qui la font naître. Est-ce dans la tête d’un Phil
la faute du théâtre. « Le seul instrument qui serve à les purger(les passions ), c’est la raison, et j’ai déjà dit que la raison
seau, si la raison elle-même a quelque moyen plus sûr de contenir une passion , que de lui opposer pour contrepoids la crainte d
éâtre les rapproche de nous ; en les conduisant pas à pas, et par des passions qui nous sont naturelles, aux forfaits monstrueux
mes épouvantés : et c’est en cela même que ces exemples du danger des passions nous deviennent personnels. Une mère qui égorge s
l’a produite ; un reste de sentiment naturel étouffé bientôt par les passions , une pitié stérile qui se repaît de quelques larm
moral et le plus utile. Le crime et le malheur y sont les effets des passions  ; et plus le crime est odieux, plus le malheur es
s le crime est odieux, plus le malheur est déplorable ; plus aussi la passion , qui en est la source, devient effrayante à nos y
itué celui qui prend sa force pathétique et morale dans le combat des passions et dans les mœurs des personnages. « Les actions
s actions atroces, il faut qu’il sache que l’homme dans l’excès de la passion est capable de tout, afin de lui faire détester c
s de la passion est capable de tout, afin de lui faire détester cette passion qui le rend féroce. Voilà quel est le but et l’ob
y est pris pour nous prouver que la Tragédie allume en nous les mêmes passions dont elle prétend inspirer la crainte, et qu’elle
l est homme lui-même, et qu’il peut être, comme nous, le jouet de ses passions . Mais pour justifier le dessein de Molière, j’ai
pas en la disposition du poète ; il est déterminé par la nature de sa passion dominante : cette passion est une violente haine
oète ; il est déterminé par la nature de sa passion dominante : cette passion est une violente haine du vice, née d’un amour ar
ublique, à donner une nouvelle énergie, et un nouveau coloris à cette passion dangereuse : et depuis Molière et Corneille, on n
as. Une action régulière et intéressante, où l’une des plus violentes passions de la nature tient sans cesse l’âme des spectateu
e passionnés, est-ce à M. Rousseau, qui connaît si bien le danger des passions , à regarder cette froideur comme un vice ? Qu’il
ne fait donc en eux que ce qu’a fait la nature en elles. Ce sont les passions qui troublent l’ordre : les femmes réduites à des
sa tendre et naïve finesse disent mieux ce qu’elle croit taire que la passion ne l’eût dit sans elle. C’est elle qui donne du p
nd il serait vrai, dit M. Rousseau, qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions
a tendre et naïve finesse, disent mieux ce qu’elle croit taire que la passion ne l’eût dit sans elle : s’il est vrai, dis-je, q
use en décide l’objet. « L’amour est louable en soi, comme toutes les passions bien réglées ; mais les excès en sont dangereux e
circonstances s’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste au fond du cœur. » Un Peuple qui v
rs des jeunes gens. Quelques-uns de ces travers sont les effets d’une passion aveugle, car il y a partout des caractères violen
t. Je vois même parmi la jeunesse beaucoup de fantaisies, très peu de passion . Et quand les hommes seront capables d’un sentime
eté de l’amour moral. L’amour a ses dangers, sans doute ; mais quelle passion n’a pas les siens ? Il s’agit de le régler, c’est
bien parés, si bien exercés au ton de galanterie et aux accents de la passion , n’abuseront jamais de cet art pour séduire de je
âme doit être, s’il est permis de le dire, centralement affectée des passions qu’il veut rendre, puisque c’est lui qui les enfa
e, les freins du vice, les mobiles de la vertu, et le contrepoids des passions humaines : priver l’homme de ces secours, c’est l
il encore, la plus pernicieuse école du vice…. J’aime la comédie à la passion …. Racine me charme ; et je n’ai jamais manqué vol
96 (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218
te pas de pécher, il le veut faire tranquillement, il veut suivre ses passions sans être inquiété par des remords importuns, cap
aime, « il veut, dit saint Augustin, que ce soit la vérité », chaque passion fournit les siennes. L’amour de la comédie et du
hantes actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre des passions tendres, agréables, délicates, d’une manière qui
Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fure
je veux que ce ne soit pas par la volupté, n'y a-t-il que cette seule passion qui soit excitée au théâtre, celles d’ambition et
e cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arra
« quorum non est author, justus est ultor »S. Aug. . Voilà ce que la passion de la comédie objecte de plus fort pour sa justif
rquoi réveiller le feu caché sous la cendre, je veux dire exciter des passions endormies qui causeront peut-être une incendie ho
97 (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16
CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramat
nent des Sentences. Les Tunquinois, suivant Tavernier, ont une grande passion pour la Comédie. Leurs Représentations, qui sont
: c’étoit de cette façon qu’autrefois on chantoit dans les Eglises la Passion . Ces Acteurs qui restent sur le Théâtre tant que
e que la Représentation. Par ce que je viens de rapporter, on voit la passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramat
us eussions commencé du tems de François I à étudier les Grecs. Notre passion pour eux, ne fit que nous aveugler, & en croy
98 (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424
s masques fesaient perdre au Spectateur le plaisir de voir naître les passions , & de reconnaître leurs différens symptômes s
sions d’un homme passioné nous affectent bien ; mais les signes de la passion qui se rendent sensibles sur son visage, nous aff
les sur son visage, nous affectent beaucoup plus que les signes de la passion qui se rendent sensibles par le moyen de son gest
iens ne pouvaient pas rendre sensibles sur leur visage les signes des passions . Il était rare qu’ils quittassent le masque, &
, que nos Comédiens nous cachent aujourd’hui la moitié des signes des passions qui peuvent être marquées sur le visage, ces sign
99 (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209
espect qui est dû au Souverain, que dans la chaleur du vin toutes les passions se réveillent, que ç’a été dans ces rencontres qu
able, une Morale divertissante, une Peinture de la vie, une image des passions et de leurs désordres, une Apologie de la vertu,
sentiments y sont toujours les mieux écoutés, et que les plus justes passions y sont toujours les mieux reçues. C’est de quoi j
désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablemen
ordre qui n’épargne aucune personne, ils expriment beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les injustes que les
100 (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40
arle, on leur adresse des vœux, des prieres avec toute l’ardeur de la passion  ; que ne méritent pas les déesses des coulisses à
fois la statue de la courtisanne Phriné. On voyoit sur son visage la passion de l’artiste. Elle fut placée sur une colonne dan
aits attestés, pourtant dans l’histoire ; & que l’aveuglement des passions rend très-croyables. Quoiqu’il en soit, la cause
ce sont des Phrines, des Laïs, des Aspasies ! victimes généreuses des passions , elles se livrent pour le bien public, & corr
rs de l’amour ; la vue des actions les plus indécentes, excitoit à la passion la plus honteuse ; enfin il calmoit les remords &
udités entrepris d’abord par le crime est le plus parfait, lorsque la passion a tenu le pinceau. C’est un homme qui prépare du
es libertins sont bien plus indulgens. Chez eux tout ce qui excite la passion est un chef d’œuvre. La peinture & le vice se
n, Roi de Tyr, pere de Didon, Reine de Carthage, avoit réellement une passion insensée pour une statue de Venus ; Ovide, le thé
pts, les plus grands, les plus coupables effets sur les cœurs, par la passion qu’elles font naître, & sont par conséquent u
es risques. La fragilité des femmes est même plus grande, & leurs passions plus vives ; & pour mieux étayer leur vertu,
oëte : élevés au-dessus des sens, la nature ne leur à point donné des passions  ; leur chair ne se révolte jamais ; ce ne sont po
lesse & leur innocence, que leur présence soit une barriere à nos passions  : Nil dictu fædum visuque hæc limina tangas. Maxi
vres du pinceau. Voilà les fruits de la philosophie, elle amortit les passions dans l’imagination d’un sage, tous les objets son
s envoyerent chercher, & se livrerent à eux avec la plus violente passion  : Cum vidisset depictas in pariete imagines chald
ppelle concupiscentia oculorum. Est-il rare de voir dans le monde des passions fondées sur des portraits, entretenues par des po
aits, entretenues par des portraits ? C’est la preuve ordinaire de la passion d’avoir le portrait de ce qu’on aime, l’étaler ch
fructu ; mais dont la vuë empoisonnée fait naître le désir, excite la passion , enflâme la concupiscence, & conduit au péché
tout, cette image adorée comme l’original, est devenue une idole, la passion lui a rendu un culte sacrilége, & de combien
rsonnes vivantes ; tant, il est vrai, que les images entretiennent la passion jusqu’à s’épencher en vains discours, à des actes
es tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ? Ce n’est donc qu’une passion insensée, qui excitée par son objet, se réalise d
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