(1675) Traité de la comédie « XXXI.  » pp. 325-326
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(1675) Traité de la comédie « XXXI.  » pp. 325-326

XXXI.

Toutes nos actions sont dues à Jésus-Christ, non seulement comme à notre Dieu, mais comme à celui qui nous a rachetés d'un grand prix, pour nous obliger à le glorifier dans toutes nos œuvres, selon S. Paul. Il faut que toutes nos actions soient rapportées à sa gloire et qu'elles témoignent que nous voulons imiter Jésus-Christ crucifié, que nous aimons ce qu'il a aimé, et que nous haïssons ce qu'il a haï. Et comme il est le principe de toutes nos bonnes œuvres, et que la grâce par laquelle nous les faisons est le fruit de sa Croix; nous le devons remercier de toutes celles que son esprit nous fait faire. Il faut enfin que nous puissions dire véritablement que nous les faisons pour lui et par son amour. Or ne serait-ce pas se moquer de Dieu et des hommes, que de dire que l'on va à la Comédie pour l'amour de Jésus-Christ ? Oserions-nous lui offrir cette action, et lui dire, Seigneur, c'est pour vous obéir que je veux aller à la Comédie ; ce sera votre esprit qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée ? Y a-t-il quelqu'un assez aveugle ou assez endurci pour pouvoir souffrir sans horreur l'impiété de ce langage ? Et ceux mêmes qui travaillent le plus à justifier la Comédie, ont-ils jamais osé offrir cette action à Dieu ? Ont-ils jamais pensé à rendre grâces à Dieu d'y avoir assisté ? N'est-ce pas une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus au fond de leur cœur du mal qu'il y a dans la Comédie, quoiqu'ils tâchent de se le dissimuler par les faibles raisons que leur esprit leur fournit. Car toute action qu'on n'oserait offrir à Dieu, toute action dont l'esprit de Jésus-Christ n'est point le principe, toute action que l'on ne saurait faire pour lui obéir; toute action qui ne saurait être un fruit et un effet de sa Croix, enfin toute action dont on n'oserait le remercier, ne peut être bonne ni permise à un Chrétien.