(1675) Traité de la comédie « VIII.  » p. 283
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(1675) Traité de la comédie « VIII.  » p. 283

VIII.

On se trompe fort en croyant que la Comédie ne fait aucune mauvaise impression sur soi parce que nous ne sentons point qu'elle excite en nous aucun mauvais désir. Il y a bien des degrés avant que d'en venir à une entière corruption d'esprit et de cœur ; et c'est toujours beaucoup nuire à l'âme que de ruiner les remparts qui la mettaient à couvert des tentations. C'est beaucoup lui nuire que de l'accoutumer à regarder ces sortes d'objets sans horreur et avec quelque sorte de complaisance, et de lui faire croire qu'il y a du plaisir à aimer et à être aimé. L'aversion qu'elle en avait lui servait de dehors qui fermaient l'entrée au Diable; et quand ils sont ruinés par la Comédie, il y entre ensuite facilement. Il y a souvent longtemps que l'on commence à tomber quand on vient à s'en apercevoir. Les chutes de l'âme sont longues ; elles ont des préparations et des progrès, et il arrive souvent qu'on ne succombe à des tentations que parce qu'on s'est affaibli dans des occasions de peu d' importance.