(1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491
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(1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491

XXX.

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie; parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion qu'a ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession: mais on n'est pas choqué de même de ce que plusieurs Chrétiens ne font pas difficulté d'y aller; parce qu'on ne connaît pas la sainteté à laquelle ils sont obligés par le vœu de leur baptême. On ne considère pas, comme dit S. Paulin, que par la grâce de ce sacrement ils ont été ensevelis avec Jésus-Christ; qu'ils ont fait vœu d'embrasser sa croix, de n'être plus vivants à eux-mêmes ni au monde, mais de faire vivre Jésus-Christ en eux. On ne considère pas que la vie chrétienne doit être non seulement une imitation, mais une continuation de la vie de Jésus-Christ, puisque c'est son esprit qui doit agir en eux, et par eux, et imprimer dans leur cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans le cœur de Jésus-Christ. Si on regardait la vie chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre religion; comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que les divertissements profanes lui sont défendus.