(1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458
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(1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458

IV.

Le mariage règle la concupiscence, mais il ne la rend pas réglée ; elle est toujours déréglée en elle-même et ce n'est que par force qu'elle se contient dans les bornes que la raison lui prescrit. Or en excitant par les Comédies cette passion, on n'imprime pas en même temps l'amour de ce qui la règle: les spectateurs ne reçoivent l'impression que de la passion, et peu ou point de la règle de la passion: l'auteur l'arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l'arrête pas de même dans ceux en qui il l'excite. La représentation d'un amour légitime, et celle d'un amour illégitime font presque le même effet, et n'excitent qu'un même mouvement qui agit ensuite diversement selon les différentes dispositions qu'il rencontre ; et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereuse, parce que l'esprit la regarde plus sûrement, qu'elle y est reçue avec moins d'horreur, et que le cœur s'y laisse aller avec moins de résistance.