CHAPITRE I.
Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des
Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie.
Je commence cet Abrégé par celui des passages de l’Ecriture Sainte, des canons des Conciles, et des Ouvrages des Saints Pères contre les Spectacles, parce que c’est le fondement de tout ce qui a été écrit sur cette matière.
Je ferai cette Tradition courte, et en même temps raisonnée, pour ne pas copier ceux qui en ont fait avant moi, et pour ne pas fatiguer les Lecteurs que les longs ouvrages rebutent.
Si je faisais une longue Dissertation, j’aurais ramassé toutes les maximes de l’Ancien et du Nouveau Testament, par lesquelles le Saint Esprit nous a donné des armes pour combattre la Comédie. Je me contenterai d’en rapporter les plus importantes.
Nous lisons dans le chapitre quatrième des Proverbes v. 23. « Appliquez-vous
avec tout le soin possible à la garde de votre cœur, parce qu’il est la source de la
vie.
» Dans L’Ecclésiastique, chap. 3. v. 27. « Celui qui aime le péril
y périra.
» Et dans le chap. 9. v. 8. « Détournez vos yeux d’une femme
parée, et ne regardez pas curieusement une beauté étrangère.
» v. 9.
« Plusieurs se sont perdus par la beauté de la femme, et la passion s’allume
comme un feu en la regardant.
»
En Saint Mathieu, chap. 5. v. 28. « Quiconque regardera une femme avec un
mauvais désir, a déjà commis l’adultère dans son cœur.
» Chap 18. v. 6.
« Si quelqu’un est un sujet de chute et de scandale à un de ces petits, qui
croient en moi ; il vaudrait mieux pour lui qu’on lui pendît au col une
de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le jetât au fond de la
mer.
» Dans l’Epitre aux Ephésiens, chap. 5. v. 3. « Qu’on n’entende
pas seulement parler parmi vous de fornication ni de quelque impureté que ce soit, ni
d’avarice.
» v. 4. « Qu’on n’y entende point de paroles déshonnêtes, ni
de folles, ni de bouffonnes, ce qui ne convient pas à votre vocation ; mais plutôt des
paroles d’actions de grâces.
»
Or il faut convenir, qu’on ne peut aller à la Comédie sans exposer son cœur au péril de la tentation, au lieu de le conserver avec soin ; on y regarde avec une entière liberté, des femme qui font tous leurs efforts pour plaire ; et presque toutes réussissent, car on sait leur conduite. Un Chrétien peut-il être attentif à la suite d’une intrigue d’amour, qu’on insinue par des expressions d’autant plus dangereuses, qu’elles sont plus spirituelles et plus agréables, sans que ce mal s’imprime dans son esprit et dans son cœur ? N’y a-t-il pas souvent des équivoques, des paroles bouffonnes ? Par conséquent ces passages que j’ai rapportés, suffisent pour faire voir qu’on trouve des armes dans l’Ecriture Sainte pour combattre les Comédies, quoiqu’elles ne contiennent ni idolâtrie, ni impureté grossière.
Je passe aux Conciles de l’Eglise. Le Canon 62. du Concile d’Elvire, tenu l’an 305.
porte : « Si les Comédiens veulent embrasser la Foi Chrétienne, nous ordonnons
qu’ils renoncent auparavant à cet exercice, et qu’ensuite ils y soient admis, de sorte
qu’ils n’exercent plus leur premier métier : que s’ils contreviennent à ce Décret,
qu’ils soient chassés et retranchés de l’Eglise. Le Canon 67. du même Concile ajoute :
Il faut défendre aux femmes et aux filles Fidèles ou Catéchumènes, d’épouser des
Comédiens : que s’il y en a qui en épousent, qu’elles soient excommuniées.
»
Le Canon 5 du 1. Concile d’Arles, tenu l’an 314 s’explique en ces termes :
« Quant aux Comédiens, nous ordonnons qu’ils soient excommuniés tant qu’ils
feront ce métier.
» Le 2. Concile d’Arles, tenu en 452. a renouvelé le Canon
précèdent.
Le 6. Concile général, tenu à Constantinople en 680. condamne les Comédies et les Danses qui se font sur le théâtre, et prononce contre les contrevenants, si c’est un Ecclésiastique, qu’il soit déposé ; et si c’est un Laïque, qu’il soit excommunié. On voit que ce Concile ordonne les mêmes peines que les précédents ; cependant il est certain que l’Idolâtrie ne paraissait plus sur les théâtres, dans l’intervalle du temps qui s’est passe jusques à ce Concile.
Le Concile de Bourges, tenu l’an 1584. Canon 4. commande expressément aux Chrétiens de fuir les danses, les Comédies et les mascarades.
Dieu a inspiré aux Princes d’entretenir cette défense par leurs Lois, puisque Philippe Auguste dans le 12 Siècle, chassa de sa Cour les Comédiens, au rapport de Dupleix Historien. Nous lisons dans l’Office de S. Louis, du Bréviaire de Paris ; que ce Saint Prince chassa de son Royaume les Bateleurs et les Joueurs de farce. Il n’y avait point encore sous son Règne de Comédiens en France.
Depuis qu’on n’a plus tenu de Conciles, les Evêques ont conservé cette discipline contre la Comédie, par leurs Synodes et par leurs Rituels.
Saint Charles Borromée a fait composer un Livre particulier contre la Comédie, où l’Auteur dit que les Comédies sont mauvaises, au moins à cause des circonstances qui les accompagnent, et de leurs effets ; c’est pour cela qu’elles sont défendues. Ce Livre a été traduit en Français, et Imprimé à Toulouse en 1662.
Le Rituel de Châlons en Champagne de 1649. défend de recevoir pour parrains au Baptême, les Comédiens. M. Jean de Gondy Archevêque de Paris, déclara dans son Syndicon en 1624. qu’il fallait priver les Comédiens de l’usage des Sacrements, et de la sépulture Ecclésiastique. M. de Harlay Archevêque de Paris l’a fait imprimer en 1674. Le Rituel de Paris, imprime en 1654. porte la même défense.
Je ne rapporterai point les termes dont se servent les Rituels de Sens, l’Alet, de Langres, de Coutances, de Bayeux, de Reims ; mais tous ces Rituels ordonnent les mêmes peines contre les Comédiens. Il y a des Rituels particuliers, qui excommunient ceux qui assistent aux Spectacles les jours de Fêtes et de Dimanches, pendant le Service divin ; c’est ce qu’on publie au Prône de tous les Dimanches, dans toutes les Paroisses de Paris, pour faire souvenir les peuples, que c’est encore un plus grand péché d’assister aux Spectacles les jours de Fêtes, pendant le Service divin.
Aussi pour empêcher les fidèles de Paris, de se laisser entraîner par les compagnies aux Spectacles, on chante des Vêpres du saint Sacrement, pendant le temps que l’on représente ces Spectacles ; et c’est pour cette raison, qu’on appelle ces Vêpres, des Saluts.
Cet Abrégé des Conciles, des Synodes et des Rituels, doit convaincre que l’Eglise a toujours condamné et condamne encore à présent les Comédies de ce siècle, comme celles des siècles passés ; qu’elle des regarde comme de très grands désordres, puisqu’elle emploie contre les Comédiens, les peines les plus rigoureuses, savoir, l’excommunication, la privation de l’usage des Sacrements, même à la mort, et ensuite de la sépulture Ecclésiastique : en quoi elle renouvelle la plus grande sévérité des premiers siècles, puisqu’elle met les Comédiens au rang des blasphémateurs, des concubinaires et des usuriers publics.
On peut conclure de tout cela, que ceux qui disent qu’il est permis d’aller à la Comédie, se moquent et méprisent les censures de l’Eglise, puisqu’ils entretiennent par leur présence et par leur argent, les Comédiens dans la désobéissance à l’Eglise, et contribuent autant qu’il est en eux à leur damnation.
Quant à la Tradition des Pères de l’Eglise, je m’arrêterai seulement à ceux des premiers siècles, particulièrement à Tertullien, S. Cyprien, S. Jean Chrysostome, S. Basile, S. Ambroise, et S. Augustin, parce qu’on veut abuser de quelques expressions de ces Pères, pour en conclure qu’ils n’ont condamné les Spectacles qu’à cause de l’Idolâtrie, ou des représentations honteuses et impudiques.
Je conviens que ces Saints Pères ont condamné les Spectacles par ces deux motifs ; mais je prétends qu’ils les ont de plus condamnés pour d’autres désordres, qui se trouvent dans les Opéra et les Comédies de notre siècle.
Je commencerai par Tertullien, dans son Livre des Spectacles, chapitre 4. où il
s’exprime en ces termes : « Peut-on dire que les Spectacles ne sont pas défendus
dans la sainte Ecriture, puisqu’elle condamne toute sorte de concupiscence ? Car comme
la Concupiscence comprend
l’avarice, l’ambition, la gourmandise,
la luxure ; elle comprend aussi la volupté : Or les spectacles sont une espèce de
volupté.
»
Par là l’on voit que cet ancien Père condamne les Spectacles, à cause de la volupté,
qui est un motif différent de l’Idolâtrie. Il se sert encore d’un autre motif, pour
détourner les Fidèles des Spectacles ; c’est dans le chap. 25 du même Livre, où il parle
de la manière suivante : « Un homme pensera à Dieu dans ces lieux où il n’y a
rien de Dieu ? Apprendra-t-il à être chaste, lorsqu’il se trouve tout transporté, et
comme enivré du plaisir qu’il prend à la Comédie ? Il n’y a rien de plus scandaleux
dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin et quel agrément, les hommes et
les femmes y sont parés : l’expression de leurs sentiments conformes ou différents
pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s’entretiennent, ne servent
qu’à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées. Enfin nul ne va à la Comédie
qu’à dessein d’y voir et d’y être vu.
» Le même Tertullien presse les
Chrétiens de fuir les Théâtres, par les périls auxquels ils s’exposent, sur
la fin du chap. 27 où il suppose que tout ce qui se passe à la Comédie,
soit généreux, honnête, harmonieux, charmant et subtil : « Regardez tout cela
, dit-il, comme un breuvage de miel dans une coupe
empoisonnée, et considérez qu’il y a plus de péril à se laisser emporter à la volupté,
qu’il n’y a de plaisir à s’en rassasier.
»
Saint Cyprien, dans le Traité des Spectacles qu’on lui attribue, a suivi les maximes de
Tertullien. Voici ses paroles : « Que dirai-je des vaines, et inutiles
occupations de la Comédie, et des grandes folies de la Tragédie ? Quand même ces
choses ne seraient pas consacrées aux idoles, il ne serait pas néanmoins permis aux
fidèles Chrétiens, d’en être les acteurs, ni les spectateurs ; et quelques innocentes
qu’elles fussent, ce ne serait toujours qu’un dérèglement de vanité, qui ne convient
point à ceux qui font profession de Christianisme. Nous devons garder soigneusement
nos yeux et nos oreilles. On s’accoutume facilement aux crimes dont on entend souvent
parler. L’esprit de l’homme ayant une pente au mal, que ne fera-t-il pas, s’il est
encore porté par les exemples des
vices de la chair, auxquels
la nature se laisse aller si aisément ?
» Ce passage fait assez voir les
sentiments de saint Cyprien sur les Spectacles.
Saint Basile dans son Hom. 4. in Hexameron, condamne de même les
Chansons de l’Opéra : « Ils vont , dit-il, avec ardeur,
écouter certaines chansons qui ne respirent que la mollesse, et qui ne tendent qu’à
corrompre les mœurs, et qui font naître dans l’esprit des auditeurs déjà assez
déréglés d’eux-mêmes, toute sorte d’impuretés, d’une manière qu’ils ne peuvent jamais
se rassasier de ces chansons.
»
Je m’étendrai d’avantage sur les passages de saint Jean Chrysostome, parce qu’il expose et ses sentiments, et la discipline de l’Eglise sur la Comédie.
Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette
question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs
s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et
d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause
une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend
aux
spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences.
D’ailleurs nous ne sommes pas seulement obligés d’éviter les choses mêmes qui nous
paraissent indifférentes, et qui portent insensiblement au péché : car comme celui qui
marchant sur le bord d’un précipice quoiqu’il n’y tombe pas, ne laisse pas d’être dans
la crainte, et qu’il arrive souvent que la crainte le trouble et le fait tomber dans
ce précipice : de même celui qui ne s’éloigne pas du péché, mais qui en est proche,
doit vivre dans l’appréhension ; car il arrive souvent qu’il y tombe.
»
Ne peut-on pas dire la même chose de nos Comédies ? Y a-t-il moins de danger ? N’y a-t-il pas de funestes exemples de plusieurs personnes, dont la réputation était hors d’atteinte, et qui ont levé le masque à force d’aller au Théâtre ?
Dans l’Homélie 3. de David et de Saul, ce Saint nous donne un échantillon de
l’exactitude de la discipline, et de la pénitence de son siècle : écoutons-le avec
attention : « Je crois que plusieurs de ceux qui nous abandonnèrent hier, pour
aller aux Spectacles, sont aujourd’hui
présents ; je voudrais
les reconnaître publiquement, afin de leur interdire l’entrée de ces Lieux sacrés, non
pas pour les laisser toujours dehors ; mais pour les rappeler après leur amendement.
Comme les pères chassent de leurs maisons et de leurs tables leurs enfants qui se
laissent emporter à la débauche, non pour les en bannir éternellement ; mais pour les
faire devenir meilleurs par cette correction ; les Pasteurs en usent de même,
lorsqu’ils séparent les brebis galeuses d’avec les autres, afin qu’étant guéries de
leurs maladies, elles retournent avec celles qui sont saines sans aucun péril : car
autrement, s’ils les laissaient parmi les autres, elles infecteraient tout le
troupeau. C’est pour ce sujet que je voudrais pouvoir reconnaître ces personnes ; mais
encore qu’elles nous soient inconnues, elle ne peuvent néanmoins se dérober aux yeux
du Verbe éternel : j’espère qu’il touchera leur conscience, et qu’il leur persuadera
de sortir volontairement, leur faisant connaître qu’il n’y a que ceux qui se portent à
faire pénitence, qui soient véritablement dans l’Eglise. Au contraire, ceux qui vivant
dans le dérèglement
demeurent dans notre communion,
quoiqu’ils soient ici présents de corps, ils en sont néanmoins séparés plus
véritablement que ceux qu’on a mis dehors, de sorte qu’il ne leur est pas encore
permis de participer à la sainte Table. Car ceux qui selon les Lois divines ont été
chassés de l’Eglise et demeurent dehors, donnent par leur conduite quelque bonne
espérance, qu’après s’être corrigés des péchés pour lesquels ils ont été chassés de
l’Eglise, ils y rentreront avec une conscience pure. Mais ceux qui se souillent
eux-mêmes, et qui étant avertis de se purifier des taches qu’ils ont contractées avant
que d’entrer dans l’Eglise, se conduisent avec impudence, ils aigrissent l’ulcère de
leur âme, et rendent leur mal plus grand ; car il y a bien moins de mal à pécher, que
d’ajouter l’impudence au crime qu’on a commis, et de ne vouloir pas obéir aux ordres
des Prêtres. On me dira, Le péché que ces personnes ont commis, est-il si grand, qu’il
mérite qu’on leur interdise l’entrée des lieux sacrés ? Je ne vous déclarerai pas leur
crime par mes discours ; mais par les propres paroles de celui qui doit juger toutes
les actions
des hommes : Celui,
dit-il, qui verra une femme avec un mauvais désir, a déjà commis l’adultère
dans son cœur. » Si une femme négligemment parée, qui passe par hasard dans la place
publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop
de curiosité ; ceux qui vont aux Spectacles non par hasard, mais de propos délibéré,
et avec tant d’ardeur, qu’ils abandonnent l’Eglise par un mépris insupportable pour y
aller ; ceux qui regardent ces femmes infâmes, auront-ils l’impudence de dire qu’ils
ne les voient pas pour les désirer, lorsque les paroles, les voix, les chants
impudiques et tendres les portent à la volupté ? Car si en ce lieu où l’on chante les
Psaumes, où l’on explique la parole de Dieu, où l’on craint et respecte sa divine
Majesté, la concupiscence ne laisse pas de s’y glisser secrètement dans les cœurs
comme un subtil larron : ceux qui sont toujours à la Comédie, où ils ne voient et
n’entendent rien de bon, comment pourront-ils surmonter la concupiscence ? C’est
pourquoi je prie et conjure ces personnes de se purifier par la confession, par la
Pénitence et par tous les autre remèdes
salutaires, des
péchés qu’ils ont contractés à la Comédie, afin qu’ils puissent être admis à entendre
la parole de Dieu. Car ces péchés ne sont pas médiocres, puisqu’on y voit des femmes
qui ont perdu toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant le peuple,
qui ont fait une étude de l’impudence, qui par leurs regards et par leurs paroles
répandent le poison de l’impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux
qui les regardent et qui les écoutent : enfin tout ce qui se fait dans toutes ces
représentations malheureuses ne porte qu’au mal ; les paroles, les habits, le marcher,
la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des
instruments, les sujets même et les intrigues des Comédies, tout y est plein de
poison, tout y respire l’impureté. Toutes ces choses devraient donc porter ceux qui
les voient, non pas à rire, mais à pleurer. Mais je vous montrerai, me direz-vous, des
personnes à qui ces Jeux n’ont point fait de mal. N’est-ce pas un assez grand mal que
d’employer si inutilement le temps, et d’être aux autres un sujet de scandale ? Quand
vous ne seriez pas blessé de ces
représentations, n’est-ce
rien que vous y ayez attiré les autres par votre exemple ? Comment donc êtes-vous
innocent, puisque vous êtes coupable du crime des autres ? Tous les désordres que
causent parmi le peuple ces hommes corrompus et ces femmes prostituées, retombent sur
vous : car s’il n’y avait point de Spectateurs de Comédies, il n’y aurait ni Comédiens
ni Acteurs ; ainsi ceux qui les représentent et ceux qui les voient, s’exposent au feu
éternel. C’est pourquoi quand vous seriez assez chaste pour n’être point blessé par la
contagion de ces Jeux, ce que je crois impossible, vous ne
laisseriez pas d’être sévèrement puni de Dieu, comme étant coupable de la perte de
ceux qui vont voir ces folies, et de ceux qui les représentent sur le
Théâtre.
» Je laisse faire de bonne foi l’application de tout ce discours de
saint Jean Chrysostome : n’est-ce pas une peinture de nos Comédies, et une réponse à
toutes les excuses de notre siècle ? Je ne rapporterai rien ici de saint Ambroise et de
saint Augustin, parce que j’en parlerai dans la suite.