CHAPITRE PREMIER.
Allégations de M. de Sénancourt, dirigées contre l’auteur du livre intitulé : Des Comédiens et du Clergé.
Le livre que j’ai publié sur les Comédiens et le Clergé b, vient d’essuyer de la part de M. de Sénancourt c, une diatribe aussi inconvenante qu’elle me paraît injuste. Cet écrivain, qui je le crois, doit être estimable sous d’autres rapports, m’attaque sans ménagement dans le Mercure du dix-neuvième siècle2, et il m’oblige malgré moi, pour ainsi dire, de rentrer dans la discussion, au sujet des avanies et des actes d’intolérance, que les comédiens français ont à essuyer de la part du clergé, ou plutôt, de la part de quelques ecclésiastiques ignorants et fanatiques.
Ne pouvant espérer de faire insérer dans l’ouvrage périodique que je viens de citer, ma réponse à M. de Sénancourt, je me détermine à la soumettre au public par la voie de l’impression, et à lui donner plus d’étendue.
Dès son exorde M. de Sénancourt se permet de crier au scandale, à cause de la réunion de deux mots, au rapprochement desquels, on n’est pas, dit-il, très habitué. Il ignore que ces deux mots qu’il me fait un crime d’avoir accolés, se sont eux-mêmes autrefois associés, car ils désignent ceux qui, à différentes époques, jouaient également la comédie, ainsi que je l’ai démontré dans l’ouvrage que j’ai fait imprimer.
Ce n’est pas tout, ce charitable critique ajoute avec obligeance, qu’une intention inexcusable se décèle dans les maximes pures en apparence, dont mes récits sont entremêlés. Il m’accuse enfin, mais bien gratuitement, sans le prouver et d’une manière vague et irréfléchie, de confondre les temps et les lieux.
Les reproches de M. de Sénancourt, sont véritablement jésuitiques. Ils ont tous les caractères odieux d’une dénonciation inquisitoriale ; à l’entendre, les maximes pures que j’ai proclamées, ne peuvent de ma part, être pures qu’en apparence ; puis me prêtant des opinions perverses, il semble qualifier d’hypocrisie, le langage respectueux dont j’ai usé, en parlant de la morale évangélique et des dogmes de notre religion. Ce n’est pas assurément la charité chrétienne, qui a inspiré mon adversaire dans ce genre de critique.