DESSEIN DE L’OUVRAGE.
La fin du Poème dramatique est de porter à la vertu et d’éloigner du vice ; c’est de montrer l’inconstance des grandeurs humaines, les revers imprévus de la fortune, les suites malheureuses de la violence et de l’injustice ; c’est de mettre en jour les chimères de l’orgueil et les boutades du caprice, de répandre du mépris sur l’extravagance, et du ridicule sur l’imposture ; c’est en un mot d’attacher à tout ce qui est mal, une idée de honte et d’horreur.
Mais ne serait-ce point sans fondement que je me plains de la sorte ? Non : et je puis prouver combien ma plainte est juste par une simple exposition de la conduite de nos Poètes, eu égard aux mœurs et à la Religion. Leur conduite considérée sous ce double rapport, est un tissu d’excès monstrueux que je réduis à quatre choses : à leur obscénité outrée dans le langage : à leur impiété sans exemple : à leur insolence extrême à l’égard du Clergé : à leur iniquité opiniâtre dans l’infâme choix de leurs premiers rôles toujours scélérats et toujours applaudis. Je vais vérifier sensiblement tous ces chefs d’accusation contre nos Poètes ; et faire voir à la fois la nouveauté et le scandale de la pratique du Théâtre Anglais.