(1705) Sermon contre la comédie et le bal « introduction » pp. 175-177
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(1705) Sermon contre la comédie et le bal « introduction » pp. 175-177
Cette heureuse femme catéchisée auprès du puits de Jacob par le Sauveur des hommes, n’a pas été trompée dans la créance dont elle était imbue sur son sujet, il ne nous a rien caché de ce qu’il nous était important de savoir, car il est le Seigneur qui enseigne à son peuple ce qui est utile, et le gouverne dans la voie par laquelle il apprend à marcher, « Ego Dominus docens te utilia » , quoiqu’il retranche par là tout ce qui sert de pâture à une vaine curiosité, ou dont la connaissance renfermant de grands avantages en soi, ne peut être qu’infructueuse pour nous, à raison de l’état où sa providence nous a engagé, combien a-t-il appris aux hommes de choses qu’ils ignoraient ? Qu’étaient les sombres connaissances de la Loi, en comparaison de l’admirable lumière qu’il a fait briller dans nos cœurs ? Il faut sans doute que sa parole ait une grande étendue, puisqu’elle contient tous les principes et les règles qui doivent juger le monde, non seulement dans les actions extérieures, mais dans les mouvements les plus secrets de la volonté, et les dispositions les plus intimes du cœur, « judicabit occulta hominum secundum Evangelium » , pour ne pas toutefois confondre et accabler vos esprits par une multitude de préceptes, Jésus-Christ et saint Paul après lui, réduisent tout à la charité qui en est la fin, et qui fait tout le prix et le mérite des vertus Chrétiennes, car elles ne sont toutes que diverses formes et impressions du saint amour, ainsi la tempérance que je vous prêche cette semaine n’est autre, selon la belle définition qu’en donne saint Augustin, qu’un amour qui fait rejeter les plaisirs dont il pourrait être affaibli. Elle a deux objets, les satisfactions permises dont elle règle l’usage, les réduisant à une juste modération, et les illicites qu’elle retranche absolument. La comédie que j’entreprends de combattre aujourd’hui est de ce dernier genre, j’y joins le bal, ce sont des divertissements pernicieux dont il se faut absolument priver, pour cet effet je vous en ferai voir les désordres, et en même temps son opposition aux maximes de notre sainte religion, c’est ce que je traiterai dans mon premier Point, et dans le second je réfuterai les principales objections qu’ont coutume de faire pour la défense du théâtre et du bal, leurs partisans. Quelque bonne et indubitable que soit la cause que je défends, je ne le puis faire avec succès, si le Saint Esprit ne vous fait sentir la force de mes raisons qui sont les siennes. Implorons son secours par l’entremise de la divine Marie, et disons-lui pour cet effet avec l’Ange, Ave Maria.