(1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87
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(1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

CHAPITRE V.
Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements.

D. Aller aux spectacles un jour de Fête, serait-ce une circonstance qui ajoutât un nouveau degré de malice au péché qu'on commet en y allant un autre jour ?

R. N'en doutez pas. Quand les spectacles seraient permis d'ailleurs, il faudrait les exclure des jours de Fête, comme incompatibles avec le commandement de les sanctifier.

D. Serait-on dans le même cas si on y allait après avoir assisté au service Divin, et quand les Eglises sont fermées ?

R. Ceux qui fréquentent les spectacles, ne sont pas d'ordinaire fort assidus aux Offices de l'Eglise. En combien d'occasions pourrions-nous dire avec Salvien. « On préfère des spectacles à l'assemblée des Fidèles. On méprise les Autels, et on honore les Théâtres. On aime, on estime toutes les folies du monde. Dieu seul est indifférent, et compté pour rien. Cela est si véritable que s'il arrive (et il n'arrive que trop souvent) qu'on célèbre des jeux publics, j'atteste la conscience d'un chacun, où se trouve la foule des Fidèles ? où courent-ils ? à l'Eglise, ou au Théâtre ? qui vont-ils entendre ? ou un Ministre de l'Evangile, ou un Comédien qui raconte quelque intrigue amoureuse ? qu'aiment-ils mieux ? ou la parole de vie, ou la parole de mort ? ou les instructions de Jésus-Christ, ou les bons mots d'un Bouffon ? on a sans doute plus d'amour pour ce à quoi on donne sa préférence. Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. »

Mais s'il se trouvait des Chrétiens qui voulussent allier deux exercices aussi inalliables, ils éprouveraient sans doute que des divertissements d'une si grande dissipation, auraient bientôt éteint tout ce que la célébration des saints Mystères, et la parole de Dieu auraient produit de recueillement et de componction.

D. L'Eglise a-t-elle condamné les spectacles plus sévèrement les Dimanches, et les Fêtes, que les autres jours ?

R. Il faudrait insérer ici une partie des décrets des Conciles tenus en France après le Concile de Trente, Si je voulais rapporter tout ce qui regarde la condamnation du Théâtre, et des spectacles, dans les jours que l'Eglise ordonne de sanctifier, sans parler des anciens Canons, ni des décisions des Pères.

D. La circonstance du carême, ou d'un jour de jeûne commandé, aggrave-t-elle aussi la défense d'aller aux spectacles ?

R. L'Eglise a toujours regardé les jours de jeûne comme des jours de deuil, et d'affliction. Comment permettrait-elle les spectacles dans ce temps qu'elle appelle un temps favorable, et des jours de Salut, puisqu'elle en a banni les plaisirs permis en d'autres temps, et qu'elle a même retranché de ses offices toutes les démonstrations d'une sainte réjouissance, principalement pendant le carême qui est un temps consacré à la mémoire de la Passion de Jésus-Christ.

Ceux-là ont une idée bien fausse de la Pénitence Chrétienne, qui croient qu'elle ne perd rien de son mérite parmi les divertissements du Théâtre. Le carême, et tout le temps du jeûne étant consacré à la Prière, aux larmes, à la componction, à la tristesse, et à la crainte salutaire qui nous mène au salut, et aux joies éternelles par la privation des fausses joies de ce siècle, les Conciles, et les Pères ont toujours insisté sur cette maxime, qu'il en fallait exclure les spectacles quand même ils seraient innocents.

D. Sur ces principes ceux qui frequentent les spectacles méritent-ils de recevoir l'absolution quand ils se présentent au Tribunal de la Pénitence ?

R. Il a été délibéré en Sorbonne qu'on doit leur refuser l'absolution,s'ils ne veulent pas se corriger, et changer de conduite après avoir été suffisamment instruits.