(1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415
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(1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

[G]

Théatre. Nous n’entendons par ce terme, qu’un lieu élevé, où l’Acteur paraît, & où se passe l’action : au lieu que les Anciens y comprenaient toute l’enceinte du lieu commun aux Acteurs & aux Spectateurs. Le Théâtre, chez eux, était un lieu vaste, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, & de belles allées plantées d’arbres, où le Peuple se promenait, en attendant les Jeux. Il se divisait en trois principaux départemens, sous lesquels toutes les parties étaient comprises ; celui des Acteurs appelé la Scène ; celui des Spectateurs, nommé particulièrement le Théâtre ; & l’Orquestre, qui était chez les Grecs le département des Mimes & des Danseurs, mais qui servait chez les Romains, à placer les Sénateurs & les Vestales.

L’enceinte des Théâtres était circulaire d’un côté, & carrée de l’autre : les grands Théâtres avaient toujours trois rangs de portiques élevés les unes sur les autres ; de sorte que l’on peut dire que ces portiques formaient le corps de l’édifice : on entrait non-seulement par-dessous leurs arcades de plain-pied dans l’Orquestre, & l’on montait aux différens étages du Théâtre, mais de plus les degrés où le Peuple se plaçait étaient appuyés contre leur mur intérieur ; & le plus élevé de ses portiques, à l’abri du soleil & des injures de l’air, était destiné aux femmes. Le reste du Théâtre était découvert, & toutes les Représentations se fesaient en plein jour. Les degrés où le Peuple se plaçait, commençaient au bas de ce dernier Portique, & descendaient jusqu’au pied de l’Orquestre ; & comme l’orquestre avait plus ou moins d’étendue suivant les Théâtres, la circonférence des Degrés était aussi plus ou moins grande, à proportion : mais elle allait toujours en augmentant, à mesure que les Degrés s’élevaient.

Les Grecs établirent beaucoup d’ordre pour les Places ; & les Romains les imitèrent. Les Magistrats étaient séparés du Peuple, & le lieu qu’ils occupaient, s’appelait Bouleutikés : les Jeunes-gens y étaient aussi placés dans un endroit particulier, qu’on nommait Ephêbikós ; & les femmes y voyaient le Spectacle, du troisième Portique, où seules elles étaient admises. Il y avait en outre des Places marquées où il n’était pas permis à tout le monde de s’asseoir ; ces Places étaient héréditaires dans les familles, & ne s’accordaient qu’aux Particuliers qui avaient rendu de grands services à l’Etat : les Grecs les nommaient Proedrias (premières Places), parce qu’elles étaient les plus apparentes, & les plus proches de l’Orquestre,

La Scène, chez les Grecs & les Romains, se divisait en trois parties : la première & la plus considérable était proprement la Scène : c’était une grande façade de bâtiment, qui s’étendait d’un côté du Théâtre à l’autre, & sur laquelle se plaçaient les Décorations. Cette façade avait à ses extrémités, deux petites aîles en retour, qui terminaient cette partie ; de l’une à l’autre de ces aîles s’étendait une grande toile, à-peu-près semblable à celle de nos Théâtres, & destinée au même usage, mais dont le mouvement était différent ; car au lieu que la nôtre se lève au commencement de la Pièce, & s’abaisse à la fin de la Représentation, parce qu’elle se plie sur le ceintre, celle des Anciens s’abaissait pour ouvrir la Scène, & se levait dans les Entr’actes, pour préparer le Spectacle suivant, parce qu’elle se pliait sur le Théâtre ; de manière que lever & baisser la toile, signifiaient précisément le contraire de ce que nous entendons aujourd’hui par ces termes. La seconde partie de la Scène se nommait indifféremment par les Grecs Proscênion & Lomeion, par les Latins Proscenium & Pulpitum ; en Français l’Avant-Scène. C’était un grand espace vide au devant de la Scène, où les Acteurs, venaient jouer la Pièce ; & qui par le moyen des Décorations, représentait une Place publique, un simple carrefour, ou quelqu’endroit champêtre, mais toujours un lieu à découvert ; car toutes les Pièces des Anciens se passaient au dehors, & non dans l’intérieur des maisons, comme la plupart des nôtres. La troisième & dernière partie, était un espace ménagé derrière la Scène, qui lui servait de dégagement, & que les Grecs appelaient Parascênion (Arrière-Scène) : c’était où s’habillaient les Acteurs, où l’on serrait les Décorations & les Machines.

Les Parties qui composaient le Théâtre, s’appelaient le Conistra, le Bouleuticon, les Diazoma, les Gradins, le Cercys, l’Ephébicon, & les Echœa ; l’Orquestre, l’Hyposcénion, le Logéon ou Thimélé ; le Proscénion, le Parascénion, l’Agyeus, & la Scène ; l’Odéon, le Podion, l’Episcénion ; la principale des Machines se nommait le Théologéon (c’-a-d. propre à faire parler un Dieu) on se servait au Théâtre du Sciadion pour se défendre du soleil. Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol.

Les Anciens avaient plusieurs sortes de Machines dans leurs Théâtres : outre celles qui étaient sous les portes des retours pour introduire d’un côté les Dieux des bois & des campagnes, & de l’autre les Divinités de la mer, il y en avait d’autres au-dessus de la Scène pour les Dieux célestes, & de troisièmes sous le Théâtre pour les Ombres, les Furies & les autres Divinités infernales. Ces dernières étaient à-peu-près semblables à celles dont nous nous servons pour ce sujet. Pollux nous apprend que c’étaient des espèces de trappes qui élevaient les Acteurs au niveau de la Scène, & qui redescendaient ensuite sous le Théâtre par le relâchement des forces qui les avaient fait monter. Ces forces consistaient, comme celles de nos Théâtres, en des cordes, des roues & des contrepoids. Celles qui étaient sur les portes des retours, étaient des machines tournantes sur elles-mêmes, qui avaient trois différentes faces, & qui se tournaient d’un ou d’autre côté, selon les Dieux à qui elles servaient.

De toutes ces machines, il n’y en avait point dont l’usage fût plus ordinaire, que de celles qui descendaient du Ciel dans les dénouemens, & dans lesquelles les Dieux venaient pour ainsi dire au secours du Poète. Ces machines avaient assez de rapport avec celles de nos ceintres ; car aux mouvemens près, les usages en étaient les mêmes, & les Anciens en avaient comme nous de trois sortes en général ; les unes qui ne descendaient point jusqu’en bas, & qui ne faisaient que traverser le Théâtre ; d’autres dans lesquelles les Dieux descendaient jusque sur la Scène, & de troisièmes qui servaient à élever ou à soutenir en l’air les personnes qui semblaient voler.

Comme ces dernières étaient toutes semblables à celles de nos vols, elles étaient sujettes aux mêmes accidens. Nous lisons dans Suétone qu’un Acteur qui jouait le Rôle d’Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l’endroit où était placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étaient autour de lui.

Quant aux changemens des Théâtres, Servius nous apprend qu’ils se fesaient ou par des feuilles tournantes, qui changeaient en un instant la face de la Scène, ou par des châssis qui se tiraient de part & d’autre, comme ceux de nos Théâtres. Mais comme il ajoute qu’on levait la toile à chacun de ces changemens, il y a bien de l’apparence qu’ils ne se fesaient pas promptement.

D’ailleurs, comme les aîles de la Scène sur laquelle la toile portait, n’avançaient que de la huitième partie de sa longueur, les Décorations qui tournaient derrière la toile, ne pouvaient avoir au plus que cette largeur pour leur circonférence. Ainsi il falait qu’il y en eût au moins dix feuilles sur la Scéne, huit de face, & deux en aîles ; & comme chacune de ces feuilles devait fournir trois changemens, il falait nécessairement qu’elles fussent doubles, & disposées de manière, qu’en demeurant pliées, elles formassent une des trois Scènes, & qu’en se retournant ensuite les unes sur les autres, de droite à gauche, ou de gauche à droite, elles formassent les deux : ce qui ne peut se faire, qu’en portant de deux en deux sur un point fixe commun, c’est-à-dire en tournant toutes les dix sur cinq pivots placés sous les trois portes de la Scène, & dans les deux angles de ses retours.

Comme il n’y avait que les Portiques & le bâtiment de la Scène qui fussent couverts, on était obligé de tendre sur le reste du Théâtre des voîles soutenues par des mâts & par des cordages, pour défendre les Spectateurs de l’ardeur du soleil. Mais comme ces voîles n’empêchaient pas la chaleur, causée par la transpiration & les haleines d’une si nombreuse assemblée, les Anciens avaient soin de la tempérer par une espèce de pluie, dont ils fesaient monter l’eau jusqu’au-dessus des portiques, & qui retombant en forme de rosée, par une infinité de ruyaux cachés dans les Statues qui règnaient autour du Théâtre, servait non-seulement à y répandre une fraîcheur agréable, mais encore à y exhaler des parfums les plus exquis ; car cette pluie était toujours d’eau de senteur. Ainsi ces statues qui semblaient n’être mises au haut des portiques que pour l’ornement, étaient encore une source de délices pour l’assemblée, & enchérissant par leur influence sur la température des plus beaux jours, métaient le comble à la magnificence du Théâtre, & servaient de toute manière à en faire le couronnement.

Je ne dois pas oublier d’ajouter un mot des portiques qui étaient derrière les Théâtres, & où le Peuple se retirait lorsque quelque orage en interrompait les Représentations. Quoique ces portiques en fussent entièrement détachés, Vitruve prétend que c’était où les Chœurs allaient se reposer dans les Entr’actes, & où ils achevaient de préparer ce qui leur restait à représenter ; mais le principal usage de ces portiques consistait dans les deux sortes de promenades qu’on y avait ménagées dans l’espace découvert qui était au milieu, & sous les galeries qui en formaient l’enceinte.

Les Théâtres de Rome offrent quelques particularités. Si nous remontons aux Grecs mêmes, nous trouverons d’abord que jusqu’à Cratinus, leurs Théâtres, ainsi que leurs Amphithéâtres, n’étaient que de charpente ; mais un jour que ce Poète fesait jouer une de ses Pièces, l’Amphithéâtre trop chargé se rompit & fondit tout-à-coup. Cet accident engagea les Athéniens à élever des Théâtres plus solides ; & comme vers ce temps-là la Tragédie s’accrédita beaucoup à Athènes, & que cette République avait depuis peu extrêmement augmenté sa puissance & ses richesses, les Athéniens firent construire des Théâtres qui ne le cédaient en magnificence à aucun édifice public, pas même aux Temples des Dieux.

Ainsi la Scène, née de la simplicité des premiers Acteurs ; qui se contentaient de l’ombre des arbres pour amuser le Peuple, ne fut d’abord composée que d’arbres assemblés, & de verdures appropriées (c’est ce que signifie le mot Scène). En suite on la construisit de bois, puis de pierre : on y mit des colonnes, des statues ; Néron poussa la prodigalité jusqu’à faire dorer tout le Théâtre, & répandre de la poudre d’or dans l’arène au lieu de sable.

Entre les rideaux, tapisseries, ou voîles du Théâtre des Romains, les uns servaient à orner la Scène, d’autres à la spécifier, & d’autres à la commodité des Spectateurs. Ceux qui servaient d’ornement, étaient les plus riches ; & ceux qui spécifiaient la Scène, présentaient toujours quelque chose de la Pièce qu’on jouait. La Décoration versatile était un triangle suspendu, facile à tourner, & portant des rideaux où étaient peintes différentes choses qui se trouvaient avoir du rapport au sujet de la Fable, ou du Chœur, ou des Intermèdes.

Les voîles tenaient lieu de couverture, & on s’en servait pour la seule commodité des Spectateurs, afin de les garantir des ardeurs du soleil. Catulus imagina le premier cette commodité ; car il fit couvrir tout l’espace du Théâtre & de l’Amphithéâtre de voîles étendues sur des cordages, qui étaient attachés à des mâts de navires, ou à des troncs d’arbres fichés dans les murs. Lentulus Spinther en fit de lin d’une finesse jusqu’alors inconnue. Néron non-seulement les fit teindre en pourpre, mais y ajouta encore des étoiles d’or, au milieu desquelles il était peint monté sur un char ; le tout travaillé à l’aiguille, avec tant d’adresse & d’intelligence, qu’il paraissait comme un Phœbus qui modérant ses rayons dans un jour sérein, ne laissait briller que le jour agréable d’une belle nuit.

Ce n’est pas tout, les Anciens par la forme de leurs Théâtres donnaient plus d’étendue, & avec plus de vraisemblance, à l’unité du lieu, que ne le peuvent les modernes. La Scène, qui parmi ces derniers ne représente qu’une salle, un vestibule, où tout se dit en secret, d’où rien ne transpire au-dehors, que ce que les Acteurs y répètent ; la Scène, dis-je, si resserrée parmi les Modernes, fut immense chez les Grecs & les Romains. Elle représentait des Places publiques ; on y voyait des Palais, des Obélisques, des Temples, & sur-tout le lieu de l’action.

Le peu d’étendue de la Scène Théâtrale moderne, a mis des entraves aux productions Dramatiques. L’exposition doit être faite avec art, pour amener à-propos des circonstances qui réunissent dans un seul point de vue, ce qui demanderait une étendue de lieu que l’on n’a pas. Il faut que les Confidens inutiles soient rendus nécessaires, qu’on leur fasse de longs détails de ce qu’ils devraient savoir, & que les catastrophes soient ramenées sur la Scène par des narrations exactes. Les Anciens par les illusions de la perspective, & par la vérité des reliefs, donnaient à la Scène toute la vraisemblance, & toute l’étendue qu’elle pouvait admettre. Il y avait à Athènes une partie considérable des fonds publics destinée pour l’ornement & l’entretien du Théâtre. On dit même que les Décorations des Bacchantes, des Phéniciennes, de la Médée d’Euripide, d’Œdipe, d’Antigone, & d’Electre de Sophocle, coûtèrent prodigieusement à la République.

La vérité du lieu qui était observée sur le Théâtre ancien, facilitait l’illusion ; mais des toiles grossièrement peintes, peuvent-elles représenter le péristyle du Louvre ? & la masure d’un bon Villageois, pourrait-elle donner à des Spectateurs le sentiment du Palais magnifique d’un Roi fastueux ? Ce qui était autrefois l’objet des premiers Magistrats ; ce qui fesait la gloire d’un Archonte Grec, & d’un Edile Romain, j’entens de présider à des Pièces Dramatiques avec l’Assemblée de tous les Ordres de l’Etat, n’est plus que l’occupation lucrative de quelques Citoyens oisifs. Alors le Philosophe Socrate & le Savetier Mycicle, allaient également jouir des plaisirs innocens de la Scène.

Comme le Spectacle chez les Anciens, se donnait dans des occasions de Fêtes & de triomphes, il demandait un Théâtre immense, & des Cirques ouverts ; mais comme parmi les Modernes, la foule des Spectateurs est médiocre, leur Théâtre a peu d’étendue, & n’offre qu’un édifice mesquin, dont les portes ressemblent parmi nous, aux portes d’une prison, devant laquelle on a mis des Gardes. En un mot, nos Théâtres sont si mal bâtis, si mal placés, si négligés, qu’il paraît assez que le Gouvernement les protège moins qu’il ne les tolère. Le Théâtre des Anciens était au contraire un de ces monumens que les ans auraient eu de la peine à détruire, si l’ignorance & la barbarie ne s’en fussent mêlées. Mais que ne peut le temps avec un tel secours ? Il ne lui est échappé de ces vastes Ouvrages, que quelques restes assez considérables pour intéresser la curiosité, mais trop mutilés pour la satisfaire.

Amphithéatre. Ce mot est composé d’Amphi (autour), & de Théatron (Théâtre), qui vient de Theáomaj (regarder, contempler) : ainsi Amphithéâtre signifie proprement un lieu, d’où les Spectateurs rangés circulairement, voyent également bien : aussi les Latins le nommaient-ils Visorium. C’était un bâtiment spacieux, rond, plus ordinairement oval, dont l’espace du milieu était environné de siéges élevés les uns au-dessus des autres, avec des portiques en-dedans & en-dehors. Cassiodore dit que ce bâtiment était fait de deux Théâtres conjoints. Le nom de Cavea, qu’on lui donnait autrefois, & qui fut le premier nom des Théâtres, n’exprimait que le dedans, ou ce creux formé par les Gradins, en cône tronqué, dont la surface la plus pétite, celle qui était au-dessous du premier rang des Gradins & du Podion, s’appelait l’Arène, parce qu’avant de commencer les Jeux de l’Amphithéâtre, on y répandait du sable (Arena). Les premières places de l’Amphithéâtre Romain, c’est-à-dire celles des Sénateurs, de l’Editeur des Spectacles & des Vestales, n’étaient pas sans danger, quoique le Podion ou la Balustrade fût élevé de douze à quinze pieds, & que le devant en fût garni de rets, de treillis, de gros troncs de bois ronds & mobiles, qui tournaient verticalement sous l’effort des bêtes, telles que les Eléphans, les Lions, les Léopards, les Panthères, &c. qui voulaient y monter ; quelques-unes franchirent ces obstacles ; & ce fut pour prévenir cet accident à l’avenir, qu’on pratiqua des euripes, ou fossés, tout autour de l’arène, pour écarter les bêtes féroces du Podion.

C’est sur l’arène des l’Amphithéâtres que se fesaient les combats de Gladiateurs, & les combats des bêtes : elles combattaient, ou contre d’autres de la même espèce, ou contre des bêtes de différente espèce, ou enfin contre des hommes. Les hommes exposés aux bêtes étaient ou des criminels condannés au supplice, ou des gens qui se louaient pour de l’argent, ou d’autres qui s’y offraient par ostentation d’adresse ou de force. Si le criminel vainquait la bête, il était renvoyé absous : c’était encore sur le Théâtre que se fesaient quelquefois les Naumachies (Combats sur l’eau), & autres Jeux.

L’Amphithéâtre, parmi nous, est la partie du fond d’une petite Salle de Spectacle, ronde ou quarrée, opposée au Théâtre.