Quatorzième Lettre.
De madame D’Alzan.
N on, mon adorable Adelaïde, ne venez pas seule ; ce mariage, les embarras qui l’accompagnent, les affaires de monsieur Des Tianges, rendent votre présence nécessaire à ce cher époux. Et puis… le dirai-je ? je jouis enfin du fruit de mes peines… J’ai tout osé… Quelle démarche, ô ma sœur ! quelle démarche je viens de faire ! Mais cette Lettre que vous m’avez renvoyée, ne me permettait plus de différer : ah ! si j’avais balancé, com̃e elle aurait affermi ma résolution !… Que me manque-t-il à présent ? J’ai tous les avantages de ma Rivale… En vérité, je ne sais par où commencer : jamais une autre que ma sœur ne pourrait m’arracher cette confidence… Adelaïde ? qui le charmait donc cet époux qui m’est si cher, qui le charmait dans ma Rivale ? De la beauté ; des grâces plus touchantes que la beauté ; des talens applaudis… un culte public ?… Hé-bien… on me l’a rendu… Ma sœur, comme elle… je suis… Ma plume refuse de l’écrire ; & pourquoi, si je dois mon bonheur à cette entreprise desespérée !
Ecoutez, Adelaïde : comme je vous l’ai marqué, je fus il y a quelques jours chez Mademoiselle *** : elle ne me connaît pas : je me donnai pour une jeune-personne malheureuse, infortunée, qui ne voyait de ressource que dans le Théâtre : je vantai sa générosité ; je me flatai que sans en être connue, elle prendrait mes intérêts, voudrait bien essayer mes talens, me donner ses avis, & m’obtenir une Lettre de Début. Croyez, ma sœur, que je m’étais préparée. D’après elle-même, j’avais étudié trois Rôles, Ariane, Inès, & Constance du Préjugé-à-la-mode. Ma Rivale m’accueillit de manière, que j’aurais soupçonné qu’elle me reconnaissait, si la suite de notre entretien ne m’avait rassurée. Elle consentit à m’entendre ; j’ai rendu devant elle deux des Rôles que j’avais appris : je l’ai vue satisfaite, enchantée. — Dès aujourd’hui, me dit-elle, si vous êtes bien déterminée, je ferai les démarches nécessaires —. Je l’ai remerciée, en acceptant. Nous nous sommes promises de nous revoir à quatre heures. J’étais chez elle à trois & demie. En entrant, j’ai remarqué sur sa phisionomie beaucoup de contentement. Elle m’a dit qu’elle avait vu M. le Duc d’**, qu’elle avait obtenu sur le champ l’ordre qui m’était nécessaire, & qu’elle allait me le remettre. Elle a ajouté, en me le donnant : — Je ferai ce soir à ma Compagnie, un présent qui va bien l’honorer. A votre modestie, je vois ce que vous êtes… Ma fille, (permettez-moi ce nom) la carrière est dangereuse : qui le sait mieux que moi ! mais elle ne peut être qu’avantageuse pour vous, je ne saurais en douter… Vous n’avez joué sur aucun Théâtre ? — Non, Mademoiselle. — Quoi ! jamais vous n’avez fait usage de talens déja si parfaits ? — Jamais. — Par donnez : mais je voudrais vous entendre encore—. J’ai répété quelques endroits des Rôles du matin ; j’y ai ajouté les meilleurs scènes de ma troisième Pièce : je m’enhardissais : tous les sentimens que je rendais étaient dans mon cœur, & je les rendais bien. Elle est venue m’embrasser, en me comblant d’éloges. Il a fallu l’accompagner au Spectacle : en partant, elle m’a dit : Vous allez tout effacer ; mais croyez que nous n’en serons pas moins amies.
Le cœur me battait furieusement en route. Mais que suis-je devenue, lorsque je me suis trouvée dans une Assemblée si nouvelle pour moi ! je n’osais lever les yeux. Cependant ma vanité n’avait lieu que d’être flatée ; & lorsque ma Conductrice a eu dit ce que j’étais & ce que je desirais, personne n’en a paru fâché ; parce qu’heureusement Mademoiselle *** avait annoncé, que je ne pouvais prendre que ses Rôles : elle me conciliait par-là toutes les femmes. Pour les hommes, leurs continuels éloges me fatiguaient ; je n’y répondais que par quelques révérences, qui me donnaient un air passablement emprunté. Mais avec mes nouvelles Compagnes, j’en agissais autrement : je fesais toutes les avances ; quelques-unes les reçurent avec dignité ; d’autres m’accueillirent avec une cordialité charmante, sur-tout cette Soubrette, jolie… Vous savez qui je veux dire. On devait donner dans quelques jours, une des Pièces que j’avais apprises : Mademoiselle *** proposa de m’y faire débuter, de l’annoncer au Public le jour même ; & ce fut une chose décidée. Ensuite, elle les invita tous à se trouver chez elle le lendemain ; en m’avertissant en particulier, que c’était pour moi qu’elle les rassemblait.
Je me rendis de bonne heure chez Mademoiselle *** : monsieur de Longepierre, à qui je témoignai l’envie que j’avais d’être libre, s’est prêté le plus obligeamment du monde à occuper monsieur D’Alzan. Mademoiselle ***, chez qui toute la Troupe était déja rassemblée, me dit, qu’elle voulait m’accoutumer à ceux qui je devais jouer, en fesant une Répétition chez elle. Je paraissais sa protégée : on se prêta à tout ce qu’elle voulut : je fus applaudie à outrance. Cependant, je crus m’appercevoir que les femmes se refroidissaient un peu. Mais les hommes n’oubliaient rien pour m’en dédommager ; ils m’élevaient jusqu’au ciel, & il n’y en eu pas un qui ne m’offrît en particulier tout ce qui pouvait dépendre de lui. Je répondis que je m’en tiendrais aux bontés de Mademoiselle ***. Comme ils me croyaient son Elève, ils trouvèrent ma réponse sensée, & me pressèrent seulement de recevoir leurs visites. Il ne me fut pas difficile de m’en excuser.
Depuis que je m’étais décidée à prendre ce nouveau moyen de regagner le cœur de mon mari, je passais les jours avec Mademoiselle *** : le hazard semblait me seconder en tout : monsieur de Longepierre est allé pour quelques jours à sa maison de Passy, & mon mari, pressé de l’accompagner, ne put s’en défendre : mais dès le surlendemain, son goût pour le Spectacle, me le ramena à dîner. C’était le jour également cruel & desiré, où je devais débuter. Je ne sais pourquoi je n’en fus pas fâchée, quoique j’eusse résolu de ne l’engager à se rendre au Théâtre, qu’après m’être assurée de quelque succès. En arrivant, monsieur D’Alzan me dit qu’il avait vu l’Affiche, & qu’elle annonçait une Actrice qui n’avait paru sur aucun Théâtre. Je soupirai : – Mon ami ! pensai-je en moi-même, où réduisez-vous une épouse qui vous adore ! — Vous irez, Monsieur, lui dis-je ? — Non : cette Actrice remplace aujourd’hui Mademoiselle ***, elle m’ennuiera. — D’où vient ne pas la voir, cette nouvelle Actrice ; l’encourager ? c’est un acte de générosité : ne doit-on rien à ceux qui s’immolent au préjugé, pour nous faire passer des momens délicieux, & tempérer, par d’utiles plaisirs, l’amertume de la vie ? — Madame, vous le desirez ? — Beaucoup. — Je n’ose vous proposer de vous y conduire ? — Je dois m’y trouver : mais allez-y seul : je serais charmée de vous y voir : une affaire indispensable m’oblige à sortir, & je ne pourrai revenir vous prendre —.
Nous en restames-là. A trois heures, je me rendis chez Mademoiselle ***. J’étais dans un accablement qui la frapa. Que de choses flateuses elle me dit pour m’encourager ! Mais je m’en disais une à moi-même bien plus efficace. Nous partons. J’aurais voulu que le Théâtre se fût éloigné : je craignais, & je desirais d’y arriver. Ma Rivale me conduit en triomphe : elle déploie pour me parer, tout ce que le goût & l’expérience lui ont donné d’art. Pour la première fois, un vermillon étranger anima monteint : on me trouva éblouissante : ce n’était plus moi-même ; on ne me reconnaissait plus. L’instant arrive : la toile se lève : il faut paraître : je m’avance sur la Scène : un profond silence règne jusque dans le Parterre : mes regards concentrés n’osent quitter le tapis : je chancelais ; ma seule timidité sans doute me fit des Partisans : enfin j’ose lever la vue… Ma sœur,… vis-à-vis de moi… dans l’Orquestre, enseveli dans ses pensées… mon époux… je le découvre cet Amant vers lequel toute mon âme cherchait à voler… Un mouvement involontaire m’échappe, & je lève vers le ciel des regards supplians. Un applaudissement subit éclate avec véhémence : on entend ces mots étouffés, qu’elle est belle ! Ma sœur, je fus sensible à ce triomphe. Jamais ma Rivale n’en avait joui. Mes yeux se fixent de nouveau sur l’ingrat… mais… comme l’éclair, en passant : il applaudissait aussi. Ah ! si dans ce moment, l’on eût mis la main sur mon cœur ! Enfin cette espèce de tumulte cesse, & l’on me dit :
Ah Constance ! est-ce à vous de prendre ma défenseEt celle de l’hymen ? Vous… — Ce doute m’offense ;Vous me connaissez peu, si vous me soupçonnezDe penser autrement. — Madame, pardonnez…Epouse vertueuse, autant qu’infortunée ! &c.
A ces mots, émue, attendrie, je ne me suis plus crue sur la Scène : j’ai vu mon époux : j’ai pris un ton conforme à l’agitation de mon cœur : je m’efforçais de retenir mes larmes ; mais on voyait, on sentait ces efforts ; ce n’était pas l’art ; c’était la nature : aussi les applaudissemens qu’on me prodigua, pendant cette scène, par elle-même assez froide, & durant les suivantes, eurent quelque chose de l’enthousiasme ; ils redoublèrent même aux deux dernières de ce premier Acte. En rentrant, je fus reçue dans les bras de Mademoiselle *** elle m’élevait jusqu’aux cieux, & me caressait comme l’eût fait un amant. Que vous dirai-je enfin, ma chère Adelaïde ? mes succès se soutinrent. Mais au dénoûment, en voyant D’Urval à mes génoux, je jetai de nouveau les yeux sur monsieur D’Alzan… Ah ! si ç’avait été lui !…
Après la Pièce, Mademoiselle *** prévint mes desirs, par le soin qu’elle prit de me dérober aux empressemens de mes admirateurs. Vous devinez bien qui je craignais. Personne ne fut admis : & dès que j’eus quitté mes habits de Représentation, nous nous échapames : un carosse de place, dans lequel Agathe m’attendait, nous remit chez Mle *** ; d’où je me rendis chez moi sur-le-champ.
J’étais occupée du soin de ma maison, lorsque monsieur D’Alzan rentra ; je paraissais jouir d’un calme, incompatible avec ce qui venait de se passer. Eh ! pourtant, que j’étais troublée ! — Mon-dieu ! Madame, me dit-il en entrant, vous n’êtes donc pas venue ?… L’Actrice nouvelle ; j’ai besoin de vous voir pour me rassurer… C’est un prodige, tout le monde le dit ; moi sur-tout… Mais, je ne saurais m’en remettre. — Comment donc ? — Madame, elle & vous… c’est une ressemblance si parfaite… Votre son de voix, votre démarche, vos yeux, tous vos traits en un mot. Quel trouble involontaire elle me cause ! — Ce que vous dites, m’intéresse beaucoup pour elle. — Mais cette ressemblance ? l’on n’en vit jamais de pareille. — C’est la chose la plus naturelle : mille fois on a vu… — En vérité, lorsqu’elle s’exprimait, je croyais vous entendre ; & maintenant que vous parlez, je crois que c’est elle : ce ton intéressant… Pardonnez, Madame, cette attention à vous chercher dans une autre pourrait m’attirer de votre part… — Ah Monsieur ! me suis-je écriée malgré moi, cherchez-moi toujours, peu m’importe comment — … Je l’ai vu à mes genoux ; je l’ai vu répandre quelques larmes à la dérobée. Ma sœur, des momens bien doux ont suivi celui-là. Quel plaisir de tout pardonner à ce que l’on aime !
Hé-bien, ma sœur, que pensez-vous de ma démarche ? Que dirait-on dans le monde, si elle était divulguée ?… Mais, vous le savez, j’y suis inconnue ; toujours retirée, ne voyant que vous seule & ma famille… Ainsi, lorsque j’aurai rempli mon but, nous pourrons ensevelir tout ceci sous un silence éternel. Mais le sût-on ? Je veux plaire à mon époux ; je veux le subjuguer, le rendre heureux par moi seule : qui me dira que j’ai trop osé ? Tout est permis, hors le crime, à celle qui reclame des droits aussi saints. J’attens votre Réponse, mon aimable sœur : je compte sur de l’indulgence : j’espère être encouragée… Adieu : si j’avais eu le malheur de perdre la tendresse de ma sœur, & qu’il fallût en faire autant pour la recouvrer, je n’hésiterais pas.
P. S. Comme le temps est très-beau pour la saison, mon oncle reste à Passy : monsieur D’Alzan s’y rend tous les jours le matin, & revient dîner avec moi. Demain, mardi, je dois y passer la journée avec nos enfans.
Votre Cayer de Dialogues ne m’a pas été inutile : sans décider si l’on y réfute solidement monsieur Rousseau, & les autres Misomimes, j’en suis contente. La meilleure Réponse à la fameuse Lettre, ma sœur, c’est votre Projet.
Le fait qui sert de base au récit qu’on vient de lire, est-il arrivé sur le Théâtre de la Capitale de la France ? Je n’en sais rien : mais on m’a communiqué une Lettre, qui fait part à madame Du D** d’un trait tout semblable, arrivé depuis peu dans une Ville considérable de nos Provinces, & que je vais rapporter. — Mademoiselle de F***, élevée dès l’enfance dans le Couvent de C**, n’en était sortie que pour épouser un jeune Conseiller ; soit qu’il eût beaucoup de mérite, ou seulement celui d’être le premier objet capable de la toucher, qui se fût offert à sa vue, on dit qu’elle l’aima éperdûment. Elle était belle, riche ; c’était un cœur tout neuf, sincère, tendre ; elle fut adorée de son époux. Une circonstance contribua durant quelque temps à faire subsister dans sa première vivacité, le goût du Magistrat ; c’est que sa jeune épouse était obligée de rester auprès d’un père infirme & malade, qui l’avait priée de ne pas le quitter, qu’elle ne lui eût fermé les yeux. Monsieur de F*** demeurait dans un château à deux lieues de la Ville ; le mari y venait tous les jours ; mais comme il ne possédait sa femme que le tiers de sa vie, il n’avait pas le temps de se rassasier d’une vue si chère. Il fut constant pour elle jusqu’à l’arrivée de la petite *** dans la Ville où il fesait sa résidence. Le Directeur du Théâtre avait fait venir cette jeune Actrice de M… où ses talens commençaient à briller. Sans être une beauté régulière, la *** avait un air de vivacité, un nez voluptueux, des yeux noirs pleins de feu, de belles dents, beaucoup de blancheur, une gorge appétissante, des mains faites pour caresser l’amour, en un mot, elle était en tout point un objet séduisant. Ce fut cette petite personne qui troubla le bonheur d’une épouse vertueuse, en inspirant une passion violente au jeune Magistrat. Il était impossible que l’aventure restât secrette, sur-tout lorsqu’on eut agrée son hommage : un Amant rebuté par la *** eut soin de faire instruire l’épouse trahie. Quelle dut être sa douleur ! Mais au-lieu de s’abandonner aux plaintes, aux reproches, cette jeune personne sans expérience, supporta patiemment son malheur ; elle eut même le courage de cacher à son père le chagrin qui la dévorait. Elle comprit qu’il était d’autant plus difficile de s’opposer à la fantaisie de son mari, qu’elle connaissait peu le monde & ses usages ; & que, renfermée dans son innocence, elle n’avait pas l’art de se diversifier, & de se rendre toujours nouvelle aux yeux d’un inconstant. La conduite qu’elle tint fut aussi sage qu’extraordinaire ; elle résolut de se donner ce qui lui manquait. Elle était inconnue ; son mari dépuis sa nouvelle passion venait plus rarement ; elle osa former le projet, & l’exécuter, de se rendre à la Ville, les jours où la *** devait jouer, & de se modeler sur cette Rivale odieuse qui lui enlevait un cœur qu’elle n’avait pas mérité de perdre. Elle voit donc la petite *** ; elle l’étudie, se met à apprendre ses Rôles, s’exerce assidûment, & parvient enfin à saisir sa manière. Son père ayant paru surpris de ses absences, elle se crut obligée de prévenir ses soupçons, & de lui faire entendre, pour ne pas compromettre son époux, qu’elle ne pouvait résister à l’envie de voir ce dernier ; mais qu’elle ne voulait que son père pour confident de cette espèce de faiblesse ; elle donna de bonnes raisons au Vieillard pour l’engager à lui garder le secret. Un jour, qu’elle est au Théâtre, où l’on doit représenter une Pièce qu’elle avait apprise, il se répand que la *** ne jouera pas ; qu’une indisposition subite l’en empêche. La jeune Dame, qui n’avait eu d’autre dessein que de se donner les talens & les grâces de la ***, pour en faire usage dans le particulier, prend sur le champ un parti plus hardi ; elle va trouver le Directeur, lui dit qu’elle sait quelqu’un qui n’est pas de la Ville, & qui n’y sera pas connu, qui consentirait à remplacer Mademoiselle *** pour ce jour-là La proposition est acceptée : elle s’offre elle-même ; plaît universellement à une Répétition qu’on fit à la hâte, paraît aussitôt sur la Scène, éclipse sa Rivale autant par sa beauté que par son jeu. Dès que son Rôle fut achevé, elle se débarrasse de ses habits de Théâtre (qui étaient ceux de la ***) s’échappe adroitement, & se hâte de se rendre chez son mari, qu’elle avait démêlé parmi les Spectateurs. Il arrive presqu’aussi-tôt quelle : sa surprise fut extrême en voyant sa jeune épouse. Elle lui dit qu’une curiosité fort naturelle à son âge, lui avait fait desirer de voir les Pièces qu’on donnait, & dont elle avait entendu parler avec éloge. Le Conseiller ne desaprouva que le secret qu’elle lui avait fait de ses goûts ; ensuite il lui parla de l’Actrice nouvelle, mais en homme transporté : & comme pour vanter la beauté de l’inconnue, il répétait souvent à sa femme qu’elle lui ressemblait, elle lui demanda si cette jeune personne surpassait la *** ? L’avantage est tout du côté de celle que vous venez de voir, répondit il. Alors cette aimable & vertueuse épouse se jeta dans ses bras, en lui disant. Voyez ce que j’ai fait pour vous plaire plus que toutes les autres femmes ! Ces paroles furent un trait de lumière : le Magistrat reconnut dans sa femme l’Actrice qui venait de le charmer : pénétré de reconnaissance, il sentit à la fois renaître pour elle & ses premiers sentimens de tendresse, & ce goût vif, qu’il venait d’éprouver pour un nouvel objet : son retour fut sincère ; & pour jamais guéri de son inconstance, il eut toujours dans la suite pour sa tendre compagne, l’attachement qu’elle méritait si bien d’inspirer –. [Remarque de l’Éditeur.]