Dixième Lettre.
De madame D’Alzan.
I l est revenu tel que je le desirais : il faudrait être injuste pour me plaindre de lui : cependant, à peine arrivé, il a couru aux **… Comme ses yeux se sont animés, à mesure que l’heure s’approchait ! Mais à son retour, il n’est pas moins tendre qu’auparavant. Quelle énigme, & qui me l’expliquera ?
Je vous remercie, mon aimable sœur, de tout ce que vous faites pour moi : s’il ne dépendait que de vous, je ne craindrais bientôt plus rien : mais qu’il y a loin de ce que vous dites, à la réalité ! Ah ! ma sœur, qu’on les laisse ; mais que je règne seule sur le cœur de monsieur D’Alzan ! Que m’importe à moi qu’elles aiment, qu’elles soient aimées de tout l’Univers : je ne veux qu’un cœur ; lui seul suffit à ma félicité… Oui, si je le vois encore hésiter ; s’il balance entre ma Rivale & moi ; j’y suis résolue ; je connais un moyen… je l’emploierai. Ne me le demandez pas. Adieu ma sœur. J’entends celui que j’adore. Je vais le conduire dans la chambre de nos enfans : c’est pour eux que je vous quitte.
P. S. Mon Dieu ! comme il les aime : je le laisse avec eux pour fermer ma Lettre. Cet attachement si naturel ne suffirait-il pas pour me rendre son cœur !
Les attentions de monsieur de Longepierre, me gênent quelquefois ; pour ce que je médite, il me faut de la liberté : je ne sais comment faire pour me la procurer.
Parlez-moi de vos deux jeunes Compagnes : Monsieur D’Alzan croit que nous les aurons ici : je voudrais que vous me les fîssiez connaître d’avance.