(1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7
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(1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

TRAITÉ
DE LA POËSIE
DRAMATIQUE
ANCIENNE ET MODERNE.
Plan de ce Traité.

Le Poëte François dont j’ai examiné les Ouvrages, ayant eu le bonheur de plaire à sa Nation, en suivant dans ses Tragédies, comme dans sa Comédie, les traces des Poëtes Grecs dont il s’étoit nourri dès sa jeunesse ; son succès doit inspirer à ceux qui ne connoissent point le Théâtre Grec, la curiosité de savoir si c’est chez les Grecs qu’il faut nécessairement chercher les vrais Principes de la Poësie Dramatique, & si ces mêmes Principes ont été également suivis par les autres Nations qui ont aimé & cultivé le même genre de Poësie. C’est cette curiosité que je vais tâcher de satisfaire.

Après une Histoire abrégée de la Poësie Dramatique chez les Grecs, je m’arrêterai à considérer le caractere de leurs Tragédies. Leur unique but est d’exciter une grande émotion, & c’est dans cette émotion que consiste le vrai plaisir de la Tragédie ; mais n’est-il point dangereux de l’exciter ? Deux sentimens opposés ; celui de Platon qui condamne toute Poësie qui excite les Passions, & celui d’Aristote qui veut au contraire que les Poëtes excitent, le plus qu’il est possible, la Crainte & la Pitié, les deux Passions, selon lui, essentielles à la Tragédie. Puisque ces deux Passions portent les hommes à la vertu, Aristote n’a pu penser que la Tragédie les excite pour les purger, & la Tragédie ayant une fin utile, ne devient dangereuse que par la faute des Poëtes, & la nature des Représentations.

Après quelques Réflexions sur la nature du plaisir que cause la Comédie, & sur le sel Attique, je reprendrai l’Histoire de la Poësie Dramatique, que je suivrai chez les Romains, & parmi nous depuis la renaissance des Lettres.

J’examinerai sans prévention (à ce que je crois) pour ma Patrie, qui de nous, ou de nos voisins, a le mieux suivi les traces des Grecs. Après avoir dit les raisons d’un égarement qui fut général, je ferai voir que nous avons repris les premiers, & montré aux autres le bon chemin, & que la majesté que l’Amour a longtems fait perdre à la Tragédie, lui a été rendue par Athalie, Piéce conforme à tous les Principes d’Aristote, comme je le prouverai. Cette Piéce, qui par une voix presque unanime, est appellée la plus parfaite des Tragédies modernes, nous met-elle en état de disputer aux Grecs la supériorité dans la Tragédie ? Je ne ferai que proposer cette Question.

Ce petit Traité où il est si souvent parlé du Théâtre des Anciens, sera terminé par quelques recherches sur leur déclamation Théatrale.