Chapitre II.
Des Spectacles des Romains en general.
N ous ne remontons point aux premiers siecles, toutes sortes de commencements sont imparfaits. La naissance des choses a toûjours de l’impureté : L’on n’entend au berceau que des cris & des begayemens, & il vaut mieux passer d’abord aux choses avancées, & cueillir les fruits dans leur maturité. Avant la naissance de Rome, Les Aborigénes aporterent en Italie les jeux Troyens. Romulus apres l’avoir bastie y celebra les Compitalices, tant pour la conservation de sa Ville, que pour celle des Villages qui en pouvoient dependre. Il institua mesme les Consuels à l’honneur de Neptune, qui en langage de ce temps-là estoit apellé Consus, & passoit pour le Dieu des Conseils. Mais comme toutes ces Festes se sentoient de la misere des lieux, & de l’ignorance des temps, c’est leur faire grace de les passer sous silence, & de ne les pas exposer au goust des siecles rafinez & des intelligences instruites.
Les Ieux ou les Spectacles des derniers Romains ont esté plus digerez, plus specieux, plus magnifiques & plus dignes de l’observation des curieux. Ie les ay tous reduit à cinq sortes, dont les trois premiers tirent le nom du lieu où ils se faisoient, & les deux autres de la chose qui estoit faite. Les trois premiers sont les Chasses Combats, oujeux du Cirque, de l’Amphiteatre, du Theatre : Les derniers les Naumachies & les Triomphes.