Av Roy.
Il est bien juste que tandis que VOSTRE MAIESTÉ va s’exposer sur la Frontiere pour nostre repos, nous employons dans nos Cabinets toute cette tranquillité pour sa gloire : Que faisant une partie de l’objet de ces fatigues, nous prenions soin de ses delassemens ; & que pour tant & de si glorieuses peines, nous luy preparions quelques plaisirs. Voicy les plus illustres & les plus fins, qui nous restent de la magnificence & de là delicatesse Romaine : & dont les Images puissent fournir quelque Idée d’un divertissement digne de V. M. Je sçay bien que tous ses momens sont precieux & destinez à de sublimes pensées, d’où Elle ne descend que par raison, ou ne se détourne que par necessité. Mais quelque aplication qu’Elle ait à des objets plus solides, Elle peut bien se permetre ces relâches ; & Elle ne sçauroit mieux passer ce peu d’heures qu’elle cesse de vaincre, qu’à ces Spectacles, oû elle verra triompher. Ces grands exemples des belles Actions recompensées, seront pour Elle autant d’avant-gousts de l’incroyable succez de ses Armes, & autant de garants de la gloire qui doit suivre cette fameuse Paix, ressuscitée par la seule foy de ses paroles inviolables. Je luy rendray ailleurs un meilleur conte de ce miracle Politique, & de cette genereuse alternative, où Elle aime mieux perdre ce qu’Elle a gagné, que retenir ce qu’Elle a promis, & faire de tant de Victoires, des liberalitez que des Conquestes. Cependant, comme ces sujets d’une loüange eternelle, demandent beaucoup de temps V. M. me permetra bien de soulager mon impatience, par ces témoignages precipitez du respect, & de la passion avec laquelle je suis,
Le tres-humble, tres-obeïssant,
tres-fidele, & tres-obligé
Serviteur. De Pvre.