XI.
Son opposition à l’Evangile.
Est-il possible après ce qui vient d’être dit sur la Comédie considérée en elle-même, est-il possible de se dissimuler à soi-même l’opposition décidée de ses maximes à celles de l’Evangile ? Ici tout est mis en œuvre pour effacer les traits du vieil homme, l’attacher à la croix, & lui substituer l’image du nouveau : là tout est employé pour défigurer le nouvel Adam, & faire revivre l’ancien. Le but de celui-là est de subjuguer la triple concupiscence & de fermer toute avenue au vice dont elle est la source : le dessein de celle-ci est de l’affranchir de tout joug, & de lui donner toute liberté. Au jugement de l’un, l’orgueil est en abomination aux yeux de Dieu, l’impureté un crime si horrible qu’il ne veut pas même qu’il soit nommé, la passion pour les richesses une véritable idolatrie, le faux point d’honneur une injustice criante qui entreprend même sur les droits du Très-haut, qui s’est réservé la vengeance : au jugement de l’autre l’humilité est une bassesse, la patience une lâcheté, la mortification une folie, la pauvreté presqu’un crime, l’affliction un tourment, l’humiliation un supplice, & la modestie un vain scrupule.
non vult bonus christianus ire spectare; que l’amour des spectacles dépouille des richesses précieuses de la justice,
istorum pectus justitiæ divitiis expoliatur; qu’il est un encens agréable aux démons, & que c’est le brûler en quelque sorte sur leurs autels, que de se plaire aux spectacles. Ista facientes quasi thura ponunt dæmoniis de cordibus suis.
des attraits & des pepiniéres du vice; les faire
détester comme les sources des calamités publiques & des vengeances divines;
exhorter les Princes & les Magistrats à chasser les Comédiens, les Baladins, les Joueurs de Farces & autres pestes publiques, comme gens perdus & corrupteurs des bonnes mœurs, & à punir ceux qui les logent dans les Hôtelleries ?