IV.
La Comédie considérée en elle-mesme.
Pour mettre quelque ordre dans ces preuves, considérons la Comédie en elle-même, dans ses Acteurs & dans ses Spectateurs, & on verra clairement que de quelque côté qu’on l’envisage, elle n’est propre qu’à produire ces pernicieux effets.
Dès le premier coup d’œil qu’on jette sur les piéces réprésentées sur le Théâtre, on s’apperçoit sans peine qu’elles ne tendent qu’à accréditer le vice & le mettre en honneur. Sur le Théâtre, on dépouille le vice de sa laideur & de sa difformité ; on lui prodigue les couleurs les plus brillantes, les plus capables de lui concilier les cœurs. En un mot il y paroît toujours excusé, toujours aimable. La vertu au contraire ne s’y montre qu’en tremblant, sous les dehors les plus sombres, & toujours couverte de ridicule. Cette vue seule ne devroit-elle pas décider pour toujours contre les Spectacles, les disciples d’un Maître qui ne couronne que la piété, & ne prononce que des malédictions & des anathêmes contre le crime ?