(1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16
/ 334
(1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Avertissement de l’Éditeur,
En forme de Table des Matières.

D epuis la renaissance du Dramatisme, le goût des Spectacles n’avait pas encore été si général qu’aujourd’hui ; par conséquent jamais leur influence sur les mœurs ne fut si grande, & jamais l’on ne dut autant espérer ou craindre de leurs effets.

Les Ennemis du Théâtre ont voulu l’anéantir, en l’attaquant par la Religion, par les Loix & par le raisonnement : Mais le Gouvernement protége les Représentations Dramatiques ; & son approbation, sans doute bien fondée, rend inutiles les plus belles démonstrations. Riccoboni prit seul la route convenable : il dit qu’il falait reformer le Théâtre ; il indiqua quelques moyens, qui ne furent goûtés que des Spéculateurs. L’Auteur de l’Ouvrage que je publie, plus sévère que Riccoboni, voit le Théâtre des mêmes yeux que le célèbre & vertueux Citoyen de Genève : mais loin de chercher, comme J. J. Rousseau, à nous priver, parce qu’il peut être dangereux, d’un plaisir qui réunit l’agréable à l’utile, elle propose les moyens de l’augmenter, en même-temps qu’elle en suggère pour honester la profession de Comédien.

La Mimographe * débute par le tableau d’une de ces Intrigues communes à nos Actrices, qui sert de preuve que leur personne, leurs talens, leurs mœurs, & leurs attraits inconvénientent la Représentation des Pièces les plus sages. Cette Aventure fait le sujet des Lettres qui servent d’enveloppe au Projet.

 

Le Plan de Réforme s’ouvre à la sixième Lettre, page 45 par une définition du Munisme ; ou de l’Art de l’imitation ; suivie de celle des Spectacles en général. 52

Sous le § I, on entre dans quelques détails sur les inconvéniens des Représentations Dramatiques. Renvoi à la Note [A] 297 qui contient la réponse aux objections, & l’Histoire du Théâtre. 60

Septième Lettre, ou continuation de l’Intrigue, à la suite de laquelle se trouve le § II. 72

On y traite de l’utilité des Spectacles, & de la légitimeté du plaisir qu’ils procurent. 75

On y répond aux huit questions par lesquelles monsieur Rousseau commence sa Lettre à monsieur d’Alembert. 86

Huitième Lettre, ou suite de l’Intrigue. 100

Le § III qui la suit, propose les moyens de remédier à tous les abus, & d’augmenter les avantages du Théâtre. 104

Nouveau Plan de Réforme. 106

Il commence par des éclaircissemens sur les trois genres de Drames principalement en usage sur nos Théâtres, & l’on renvoie aux Notes [B] 379, [C] 390, [D] 398, [E] 399, [F] 407.

Le Règlement est divisé en trois Titres.

Le Titre Premier 108 regarde nos Théâtres : Note [G] 408. Le préambule de ce Titre traite de nos Salles de Spectacles, & des changemens qu’il serait à propos de faire à notre Scène pour donner plus de vérité à la Représentation. 111. Note [H] 415

L’Article premier concerne le Parterre. 119

L’Article deux ce que nous nommons l’Amphithéâtre. 120

L’Article trois, les quatrièmes Loges. 121

L’Article quatre, les troisiemes. ibid.

L’Article cinq, les secondes. 122

L’Article dernier de ce Titre, les premières Places. ibid.

Le Titre Second embrasse ce qui regarde les Pièces à représenter sur les nouveaux Théâtres. 123

On parle dans le Préambule, 1. des qualités constitutives d’un Drame utile. ibid.

2. De la vraisemblance extérieure du Drame, ou des Modelemens. 128

3. De cinq degrés de vraisemblance pour le fond du Drame. 130

4. De la décence extérieure. 141

5. On fait une digression sur l’Opéra, où l’on parle du genre propre à ce Spectacle. 145

L’Article premier de ce Titre règle ce qui concerne les Opéras en général. 150

L’Article deux est pour la Tragédie. 152

L’Article trois distingue nos Comédies en treize classes. 156

L’Article quatre est pour les Pièces du Théâtre Italien. 163

Article cinq, des Pièces de rebut des deux Théâtres. 165

La Note [Q] 443, sur la Parodie, se trouve dans cet Art. 167

Article dernier de l’assortiment des Pièces, dans lequel est la Note [O] 435 sur la Pantomime. 168

Le Titre Troisième concerne les Acteurs, & contient l’essenciel du Projet de Réforme. Note [I] 417, sur le Comédisme. 175

Le Préambule expose 1. la manière dont les Comédiens étaient regardés chez les Grecs & chez les Romains. ibid.

2. On y donne quelques moyens de perfectionner le Jeu Théâtral, ou l’Actricisme. 179

Article premier, Éducation des Acteurs, dans lequel est placée la Note [J] 419. 186

Article deux, Décence dans les Exercices. 190

Article trois, Temps de l’admission au Théâtre. 191

Article quatre Applaudissemens. 194

Article cinq, Pièces nouvelles. ibid.

Article six, Imitation de la nature dans le jeu de Théâtre. 198

Dans cet Article est la Note [K] 420, sur les Masques. 200

Article sept, Habits & Décorations. Note [L] 424. ibid.

Article huit, Condition des Acteurs. 202

Article neuf, Comment représenter les Tragédies. 205

Article dix, Rôles de Vieillards & de Mères. 211

Article onze, Danseurs. Note [M] 425. 213

Article douze, Direction. 218

Article treize, Jours des Représentations. 221

Note [N] 430, sur les Théâtres Ephébiques. 222

Article quatorze, Répétitions. 225

Article quinze, Entrées, Places, & Sorties des Acteurs. 226

Article seize, Souffleurs. 227

Article dix-sept, Emploi de la Recette. ibid.

Article dix-huit, Parts-d’Auteurs. 229

Article dix-neuf, Prix. 230

Article vingt, Jouer à la Cour. 231

Neuvième Lettre, ou suite de l’Intrigue. 232

§ IV. Conclusion. C’est la compensation du produit de la Recette avec la dépense dans le nouveau Système. 236

Dixième Lettre, ou suite de l’Intrigue qui n’est plus interrompue. 242

SECONDE PARTIE. Contenant les Notes, en Dialogues & en Lectures. 297

La Note [A] est composée de trois entretiens : Le premier a pour objet de prouver la légitimité des Spectacles Dramatiques ; l’on y répond à MM. Rousseau & Riccoboni. 298

Le second Entretien contient des Réponses aux Objections sur le Plan de Réforme. 320

Le troisième Entretien est une Dissertation sur l’Origine & la Renaissance du Dramatisme. 337

Le quatrième Entretien renferme la lecture des Notes depuis [B], jusqu’à [Q] inclusivement. 379

La Note [B] fournira des détails instructifs sur la Comédie en particulier. ibid.

La Note [C] remplit le même objet quant à la Tragédie. 390

Dans la Note [D] l’on se contente de renvoyer à différens Ouvrages qui ont traité de notre Opéra ; parce que ce Spectacle n’entrant presque pour rien dans le Plan de Réforme, ce qu’on en a dit, page 145, a paru suffisant. 398

La Note [E] est sur le Spectacle à la mode, & les autres genres du Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne. 399

On dit un mot, dans [F], des avantages du Jeu découvert. 407

[G] donne une idée des Théâtres des Anciens. 408

[H] traite des Décorations. 415

On parle dans [I] de la manière dont les Comédiens ont été regardés par les Anciens & par les Modernes. 417

Dans [J] l’on expose les choses nécessaires à l’Acteur. 419

La Note [K] est sur les Masques des Anciens, leurs avantages & leurs desavantages, &c. 420

La convenance des Habits fait le sujet de la Note [L]. 424

[M] est une dissertation sur la Danse. 425

Dans la Note [N], il est question d’un nouveau Théâtre Éphébique, établi depuis un an. 430

La Note [O] explique ne qu’étaient les Pantomimes des Anciens. 435

[P] est sur les Parades, les Farces & les Pièces satyriques. 440

La Note [Q] concerne le genre Parodique. 443

Enfin la Note [R], qui commence le dernier Entretien, dit un mot des Baladins & des curiosités spectaculeuses. 446

L’Ouvrage est terminé, 1. par un nouveau Projet, pour l’établissement d’un Comédisme rendu non dangereux en conséquence de la dégradation des Comédiens, comme le Plan de Réforme produirait cet avantage par l’élévation & l’honnêteté de nos Citoyens-Acteurs. 450 ;

2. par une Liste des anciens Acteurs Français. 457 ;

3. & par l’État actuel de nos Acteurs, avec le sentiment du Public à leur sujet. 462

 

Une aussi grande abondance de matières aurait excédé les bornes d’un Volume : mais l’Auteur a mieux aimé taire quelque chose, que de rendre la lecture de son Ouvrage trop laborieuse : quel que soit le sérieux & l’importance des objets qu’elle y traite, son but a toujours été d’en faire un Livre d’amusement.

On reconnaîtra dans le style de la Mimographe la négligence d’une femme, & son insouciance dans le néologisme : elle s’est donnée de ce côté-là, des libertés qui scandaliseront plus d’un Grammairien puriste. Le néologisme consiste 1. dans quelques termes de l’Art théâtral très-nécessaires, qu’elle explique par les circonlocutions synonymiques, la première fois qu’ils sont employés ; 2. dans quelques verbes substitués à des auxiliaires, trop multipliés dans notre langue ; 3. dans les mots formés soit du Grec, soit du Latin. L’Auteur, qui ne fait pas assez de ces deux langues pour être une Savante, mais suffisamment pour entendre parfaitement la sienne, a puisé sans scrupule dans le langage de l’ancienne Rome ; au lieu que c’est malgré elle, qu’elle s’est vue obligée de recourir au Grec ; & je sais qu’elle regarde comme autant de barbarismes, tous les termes que nous en avons empruntés. Quant aux expressions dérivées de mots français, elles deviennent légitimes, dès qu’elles sont claires, agréables à l’oreille, & qu’elles abrégent la diction. L’Auteur n’en a employé que de pareilles.

Avant de terminer, il est à propos de dire un mot des Projets donnés pour la construction d’un nouveau Théâtre National, dont on paraît sérieusement occupé. La Salle de l’Opera est achevée : à quelques défauts près, que la critique a relevés, elle surpasse toutes les autres Salles de Spectacle que nous avions encore vues en France*. Il ne reste donc qu’à desirer, pour le Théâtre Français, un édifice convenable, qui réunisse la salubrité à tous les autres avantages.

Quatre Architectes (MM. D’Ameun, Antoine, Doudilly, Liégeon) viennent de donner chacun un Plan, tant pour la construction que pour l’emplacement du Théâtre de la Nation. Le premier propose de le placer dans l’enceinte de la Foire Saint-Germain ; le second sur l’emplacement actuel de l’Hôtel-des-Monnaies ; le troisième sur une partie du terrein de l’Hôtel Condé ; le quatrième dans l’un des angles du Carrefour-Bussi. Ce dernier Projet a paru préférable.

On se propose de faire du Carrefour Bussi une Place à peu-près grande comme celles des Victoires ; de couper une rue de 27 pieds de largeur, dans le corps du Bâtiment actuel de la Comédie-Française, jusqu’à la rue des Mauvais-Garsons, & de la prolonger jusqu’au cul-de-sac de Rohan : de percer en face une autre rue, en retour d’équerre, laquelle aboutira dans celle de Saint-André, à l’opposite de la rue des Augustins : d’élargir de six pieds la rue des Mauvais-Garsons, dans toute sa longueur, & d’isoler ainsi le Bâtiment, dont la principale entrée formera l’une des façades de la Place vis-à-vis la rue Dauphine. On ne demande que trois ans pour tous ces ouvrages : les Comédiens-Français occuperont durant tout le temps qui doit s’écouler jusqu’à la confection de la nouvelle Salle, le Théâtre des Tuileries que l’Opéra vient de quitter.

On a raison de dire, que ce Plan entraîne d’énormes dépenses ; Mais cet inconvénient se réduit presqu’à rien, lorsque l’Etat exécute au-dedans, des travaux dont le coût ne lui fait rien perdre, puisqu’il n’a d’autre effet que de rendre plus vive la circulation des espèces. Je crois néanmoins, qu’il est possible d’en proposer un autre, & de l’appuyer de bonnes raisons. Le Théâtre National ne pourrait-il pas être plus avantageusement placé dans la partie du triangle de la Place-Dauphine qui borde la rue de Harlay ? D’un côté, il ferait face au Temple de Thémis, de l’autre à la Statue du bon Roi ; au lieu de l’entrée de la Place percée vis-à-vis la porte du Palais, il y aurait deux passages suffisans pour l’aller & le retour des voitures, dans les deux angles, & le Théâtre occuperait le milieu : on pourrait élargir, & orner d’un arc à la gloire du Dauphin, l’entrée du côté du Pont-Neuf : on ouvrirait plusieurs portes de côté sur les deux quais, dont celles du milieu seraient pour les carrosses, & la Place aurait quatre grandes issues, outre un nombre d’autres pour les gens-de-pied ; elle serait environnée de trottoirs, pour donner à ces derniers la facilité de faire le tour de la Place, & de se retirer sans danger : le quai des Orfèvres, toujours tranquille, se garnirait de deux files de carrosses, lorsque la Place ne pourrait les contenir tous. On profitera, pour la construction intérieure, de toutes les observations qu’on a faites sur l’impropriété des anciennes Salles, tant pour la majesté & la vérité de la Scène, que pour la salubrité.

Si l’on voulait donner au Théâtre plus de magnificence, au-lieu des trottoirs élevés, il conviendrait mieux, que l’on construisît autour de la Place, des portiques colonadés, dans le goût de ceux des Théâtres Grecs & Romains, qui prendraient tout l’emplacement qu’occupent aujourd’hui les maisons : l’on découvrirait le fleuve des deux côtés ; l’air serait en été plus frais & plus pur : l’isolement de l’Edifice donnerait la facilité d’y pratiquer des ventouses, des ventilateurs, & tous les moyens de purifier l’air & de rafraîchir usités en Italie. Pour obvier à l’embarras que le trop grand concours pourrait occasionner dans cet endroit, je ne proposerai pas, comme il serait peut-être raisonnable de le faire, de défendre aux carrosses l’approche du Théâtre, & de ne la permettre qu’aux chaises-à-porteurs ; quelque sage que fût cette disposition, elle ne pourait être goûtée dans notre siècle : mais d’abattre, d’un côté, toutes les maisons jusqu’à l’Hôtel-du-Premier-Président, & toutes celles qui sont entre la rue Sainlouis & le Palais jusqu’à la rue de la Barillerie : de l’autre, tout ce qui borde le Quai-de-l’Horloge, & toute l’aîle des rues Sainbarthélemi & de la Barillerie qui masque le Palais : ainsi le Théâtre, absolument isolé, aurait des issues multipliées. On sent quelle beauté de coup-d’œil on donnerait, par ce moyen, à l’endroit le plus fréquenté de la Capitale, & le plus remarqué des Etrangers, qui se trouverait décoré de la manière la plus élégante, la plus convenable & la plus avantageuse. Les Sentinelles placées sur le Pont neuf & ailleurs, en fesant suivre exactement aux voitures la file d’aller & de retour, garantiront ces passages de la confusion. Je préférerais donc cet emplacement, pour l’ornement, la beauté des vues & la salubrité que procurerait son dégagement naturel.

On a tort, je pense, lorsqu’on dit qu’il faut distribuer les Spectacles dans des quartiers éloignés les uns des autres. Beaucoup d’honnêtes-gens qui vont à pied, & qui n’ont qu’un jour ou deux dans la semaine dont ils peuvent disperser pour le Spectacle, trouveraient un avantage sensible dans le rapprochement des trois Théâtres : il en coûte peu à chacun de se rendre de bonne-heure dans un quartier déterminé, à quelque distance qu’il soit ; mais lorsqu’on y est parvenu, si la Salle est déjà remplie, il devient pénible & décourageant d’être obligé de chercher son pis-aller à une lieue, au risque de perdre encore ses pas, ou tout-au-moins d’arriver très-fatigué, pour rester trois heures debout au Parterre. Cet arrangement, qui favorise la Médiocrité, est sans inconvénient pour l’Opulence. Ainsi je proposerais de mettre le Théâtre des Ariettes à la Place-des-Victoires vis-à-vis la rue des Petits-Champs. Par ce moyen les deux Comédies causeraient moins d’embarras qu’aujourd’hui ; les Théâtres auraient des emplacemens convenables à ces sortes d’Edifices, & se suppléeraient plus facilement.

Si la Nation Française, dans les siècles de sa gloire, ne laisse rien à la Postérité qui prouve son goût pour les Spectacles, & l’estime qu’elle fait des chefs-d’œuvres Dramatiques en tout genre dont les Siècles de Louis xiv & de Louis xv l’ont enrichie ; c’est à leur opposition à sa Religion qu’il faut s’en prendre, & à l’espèce d’infamie que cette opposition répand sur le Dramatisme. Proposer de la regarder comme nulle, & de favoriser les Représentations Dramatiques, sans reformer le Théâtre, ce serait montrer qu’on est peu scrupuleux sur les obligations du Citoyen & de l’honnête-homme : le mépris de la Religion entraînerait celui des mœurs, de la subordination, de la pieté filiale & paternelle, du civisme, de tous nos devoirs. Détruisons donc l’opposition dont je viens de parler, avant de construire des Théâtres, sans quoi ce serait une inconséquence de plus : Mais si nous parvenons enfin à la conciliation, en prenant l’esprit tolérant de l’une, & donnant aux autres la majesté, la sagesse & la décence dignes de la première Nation de l’Univers, alors quon élève un Théâtre somptueux comme le Palais des Rois*.